Blueberry "Diptyque Les monts de la superstition"

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Modérateur : dino VELVET

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Quint
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Blueberry "Diptyque Les monts de la superstition"

Message par Quint »

A proprement parlé on ne peut certes pas parler de nouveauté pourtant. Pourtant ce diptyque fait doublement l'actualité, le film, dont les 10 premières minutes ont été présenté a Cannes, d'une part et la réédition en album double, intitulé " Les monts de la superstition " paru en avril d'autre part.
Blue Berry : de la Bd au film !
Série: Blueberry
Tome : Les monts de la superstition
Editeur : Dargaud
Prix : 19Euros
Regroupant les deux tomes formant une histoire complète (la mine de l'allemand perdu et le sceptre aux balles d'or), cette réédition est agrémentée de commentaires très intéressants sur l'historique de la série et sur l'adaptation cinéma par Kounen, aujourd'hui cet album se révèle donc indispensable. Image ImageImage

L'histoire démarre à Palomito (" une petite ville frontière balayée par le vent brûlant du désert… ") dont Blueberry est le shérif, secondé par son vieil et ivrogne d'ami Mc Clure, la tranquillité relative de cette ville va être perturbée par l'arrivée soudaine du Baron Werner Amadeus Von Luckner, alias " prosit " Luckner. Ce dernier, aux prises, d'abord avec un homme l'accusant d'escroqueries de vols et de mensonges, puis avec deux chasseurs de primes avec un mandat d'arrêt pour meurtre. C'est donc par précaution que Blueberry va commencer par le mettre en prison, mais l'attitude très négative des deux chasseurs de primes va inciter une partie de la population à vouloir le voir pendu. Promettant à Mc Clure (l'assistant) une mine d'or si il (Luckner) le laisse partir, ils vont tous deux profiter de l'absence de Blueberry pour s'échapper. Débute alors une course poursuite sur trois niveaux, les fuyards, Blueberry , et les deux chasseurs de prime.
L'histoire est assez ahurissante elle n'a pas pris une ride, tous les ingrédients sont là, poursuites, retournements de situations, mystères, les personnages sont extrêmement bien travaillés, et le tout s'enchaîne sans aucune baisse d'intensité. Charlier en maître d'œuvre réalise un vrai sans fautes loin de tous clichés il livre un travail très documenté, la construction sur trois niveaux crée un véritable suspense et aucune partie n'est privilégiée ce qui renforce l'impact, tel un métronome il met en place l'histoire méthodiquement, un vrai et grand chef d'œuvre de narration.
Il est connu que ce diptyque forme le début de la grandeur de cette œuvre, mais il faut reconnaître que publié en 1969 elle s'inscrit véritablement dans l'histoire de la BD tant l'art est porté vers le haut. En simplement 98 pages Charlier nous assène un récit que beaucoup aurait mis 10 tomes à pondre sans pour autant que ce soit plus compréhensible.

Giraud n'est pas pour rien dans la grandeur de l'œuvre, à même pas trente ans et je suppose sans avoir mis un pieds au Mexique, il nous livre des dessins somptueux et ce, à tous les niveaux possibles, dynamisme, décors, composition, découpage, personnages, les décors sont d'un réalisme époustouflants (les canyons…), la chaleur du désert donne chaud au lecteur, bref après plus de trente ans d'existence ce dessin n'est pas du tout vieillot et reste sacrément en avance par rapport à certains aujourd'hui, seules les couleurs souffrent un peu du temps passé. Les scènes d'actions sont l'œuvre d'un virtuose, la rapidité ne se fait pas au détriment ni du fond ni du mouvement, et surtout pas au détriment du nombre de cases. Il est très intéressant de noter que Moebius (qui n'a encore rien publier sous ce pseudo) commence à montrer son nez dans certaines scènes dépouillés du désert, en effet le style très chargé à l'encrage habituel de Giraud se révèle parfois d'une netteté et d'une simplicité toute " Moebiusienne ", vraiment étonnant !

A mon avis cet album (ou plutôt ces) est une référence absolue dans la BD franco belge, je suis très content de le présenter car il contient tout les éléments de la BD moderne et possède une force cinématographique très réelle, s'allient avec force, le dessin et l'histoire, sont développés autant personnages qu'intrigue, en s'inscrivant dans une continuité la grande histoire n'écrase pas la petite, le travail de recherche sur l'espace comme sur la réalité est lui aussi très bon, bref je dirais vraiment qu'il s'agit là d'une source inépuisable pour tout créateur à la fois en terme de narration, de construction, et de découpage.
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Pour revenir sur le film, puisque c'est aussi de ça dont il est question quand on parle de ce diptyque désormais, je trouve tout d'abord très logique le choix de ce double album en vue d'une adaptation ciné, comme je l'ai expliqué tout est là en terme d'intrigue, alors on y apporte les modifications que l'on veut certes mais la structure est assez forte pour le supporter.
Sans faire aucun scoop voici un petit récapitulatif du projet, réalisé par Jan Kounen, Blueberry est un film à très gros budget 40 millions d'euros, tourné entre le Mexique l'Espagne et la France. Au casting on retrouve Vincent Cassel dans le rôle titre mais également des acteurs américains célèbres et non dénués de talents, Mickaël Madsen, Juliette Lewis ou encore Colm Meany, Ernest Borgnine, l'Africain du Sud Djimon Hounsou et le plutôt français Tcheky Karyo, bref un casting international pour un film aux visées similaires. En montage depuis plus d'un an la sortie est prévue pour la fin novembre et le film est produit par Thomas Langman (fils de claude Berry). Pour la petite histoire Kounen s'y est tellement investit qu'il à été jusqu'à tester les pratiques shamaniques qu'il met en avant dans son film, à tel point qu'il s'est permis de stopper quelques temps la production du film pour réaliser un documentaire format cinéma sur les Indiens Huitchols (shamans) du Mexique (http://www.jankounen.com/otherworlds/) à sortir fin 2003 en salle probablement.
Concernant l'histoire, Kounen, contre l'avis des héritiers Charlier, a décidé de se réapproprier le personnage et les albums, soutenue en ce sens par Giraud himself, le choix de Cassel en Blueberry entraînera une petite explication sur les origines cajun du héros, ce qui n'existe pas dans la BD, l'accent sera mis sur la rencontre de Blueberry avec les indiens et son expérience du shamanisme, la trame de la chasse au trésor est visiblement gardée tout comme le personnage de Prosit mais les modalités vont différées notamment au niveau de l'explication finale. En définitive bien qu'inspirée de, cette aventure peut-être perçue comme une nouvelle histoire à part entière, la logique du héros anti-héros est respectée et ses expériences correspondent plutôt au personnage d'alcoolique en marge de la société que représente Blueberry. Kounen n'est plus dans le même état d'esprit que sur Dobermann et le travail sur ce film portera plus sur les relations entre les personnages et la narration, il est donc très envisageable de voir ce Blueberry comme une version aux inflences " moebiusienne " (bien que ce dernier n'est pas participé au scénario), des rumeurs indiquent d'ailleurs qu'en sont temps Giraud avez eu une idée similaire sans l'exploitée davantage suite au refus de Charlier (mais ça reste du domaine de la rumeur). Giraud semble, par contre, dans les diverses interviews, assez enthousiaste vis à vis du projet.(http://blueberry.dlpdomain.com/articles ... d_news=244 ).
Photos:
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Plus loin....
Pour conclure sur un parallèle intéressant et évocateur c'est que le film à l'air inconsciemment de prendre beaucoup sur un film cultissime d'un certain Jodorowsky, vous connaissez ? Soit de l'auteur qui a lui même énormément influencé Giraud, en effet " El topo " western mystique et déjanté et surement un des seuls westerns du genre existant. " Blueberry " va t-il le rejoindre et surtout que vaudra t-il vraiment ?
Quelques Liens:
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Mezhia
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Message par Mezhia »

Bel article en tous les cas :wink:
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Rockatansky
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Message par Rockatansky »

Sachant que le film n'est en rien un western, mais un film ésotérique qui met ses producteur en porte à faux.
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« S’il est vrai que l’art commercial risque toujours de finir prostituée, il n’est pas moins vrai que l’art non commercial risque toujours de finir vieille fille ».
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