La taverne de la Jamaïque (Alfred Hitchcock - 1939)

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dino VELVET
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La taverne de la Jamaïque (Alfred Hitchcock - 1939)

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À la mort de sa mère, la jeune Mary Yellan part en Cornouailles retrouver la seule famille qui lui reste : sa tante Patience et son mari Joss. Ce dernier est le tenancier de la taverne de la Jamaïque, un lieu à la réputation des plus sordides, repaire des brigands du coin. Le soir de son arrivée, Mary sauve la vie d’un des malfrats, Jem Trehearne, accusé d’avoir volé une part de leur dernier butin. Tous deux parviennent à s’échapper de la taverne et trouvent refuge chez l’excentrique juge Pengallan. Mais ils ignorent que ce dernier est en réalité le chef des bandits, à la tête de toutes les opérations de pillage …
Découvert hier.

Je me quote :arrow:
En juillet 1938, Alfred Hitchcock signe un contrat avec le producteur américain David O. Selznick et s’ouvre ainsi les portes d’Hollywood. En septembre et octobre de la même année, il prend néanmoins le temps de réaliser La taverne de la Jamaïque (Jamaica Inn). Ce vingt-troisième long-métrage sera le dernier tourné en Grande-Bretagne et mettra un point final à ce que l’on appelle « la période anglaise » d’Hitchcock.

Tiré d’un roman de Daphné du Maurier (L’auberge de la Jamaïque, publié en 1936), auteure dont Hitchcock adaptera d’autres écrits (Rebecca, Les oiseaux), Jamaica Inn est un titre relativement méconnu. Réputé mineur, il est (quasi) unanimement considéré comme l’un des Hitchcock les plus faibles. Son réalisateur lui-même ne le tenait pas en haute estime, loin s’en faut. Il faut dire que Hitch avait subi les caprices d’un Charles Laughton intrusif en tant que producteur et exaspérant en tant que comédien (il incarne ici le fourbe et mielleux Sir Humphrey Pengallan). Avec le recul, on peut considérer que La taverne de la Jamaïque a surtout fait les frais de la mise en perspective. Comparé au niveau stratosphérique des œuvres tournées ensuite par Hitchcock, le métrage fait rétrospectivement pâle figure. Forcément ... tout est relatif. Le film est-il pour autant intrinsèquement médiocre ? Non.

Sans être un titre génial (mais qui oserait prétendre le contraire ?), La taverne de la Jamaïque reste un spectacle plutôt plaisant. Quoiqu’un brin théâtral, il tient la route et ne s’avère jamais désuet malgré son âge vénérable. Véritable film de genre, il brille par son ambiance crapuleuse. Il s’attache en effet à dépeindre un microcosme dans lequel une bande de brigands dépenaillés est alliée à un notable suffisant. Tout ce petit monde gravite autour de la fameuse « Jamaica Inn », une auberge borgne et isolée. Un endroit peu recommandable dont Hitchcock exploitera à merveille la bizarre topographie (joli décor tortueux). Hitch livrera aussi de beaux moments (les meilleurs du film) lors de séquences « extérieures » (c’est du studio) nocturnes, humides et venteuses. Empruntant souvent au cinéma expressionniste allemand (qui fait partie de son ADN artistique), le gros Alfred livrera ainsi son lot de scènes esthétiquement fastes (on pense surtout à l’embuscade tendue par les bandits dans une petite crique). Notons, pour finir, que, sur le plan thématique, le film n’offre que peu de similitudes avec les principaux thèmes hitchcockiens si ce n’est un certain goût pour les apparences trompeuses, le double-je(u), les faux-semblants (voir les personnages de Trehearne et Pengallan).

Avant tout destiné aux complétistes du grand Hitchcock (historiquement, cela reste une œuvre charnière), La taverne de la Jamaïque offre néanmoins un spectacle cinématographique agréable plus de soixante-quinze ans après sa sortie.
:idea:
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"Now I've got a machine gun ho ! ho ! ho !"

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