Claude Lanzmann fait revivre le voyage des Juifs européens vers la mort au cours de la dernière guerre. Pas une image d'archives, pas une ligne de commentaire : un film d'histoire au présent.
Une grande œuvre.
Un documentaire exceptionnel, tant par sa durée (on parle de plus de neuf heures) que par son contenu (c'est un morceau d'Histoire fixé sur pellicule).
Les différents témoignages ont une force d'évocation surpuissante, qui dépasse celle de n'importe quelle image d'archives.
Les regards, eux, en disent encore plus que les mots.
Claude Lanzmann est un interviewer de génie. Il parvient toujours à obtenir des récits justes et intégraux, à pousser ses interlocuteurs à poursuivre malgré la force écrasante de l'émotion (les rescapés) ou une certaine mauvaise foi (les contributeurs du régime nazi).
C'est tant mieux car c'est tout le défi du film : mettre des mots sur n'innommable, l'indescriptible.
Formellement, le long-métrage pourrait presque paraître un peu simpliste mais il n'en est rien.
Il y a un énorme boulot de cadrage et de montage.
Chaque élément est signifiant, agencé avec une précision redoutable.
Tout fait sens, rien n'est laissé au hasard.
Que dire de plus sur Shoah ?
C'est difficile. Au spectateur, les mots manquent aussi ...
C'est une expérience intime que chacun ressentira à sa manière.
Un film dur et indispensable.
Un chef-d'œuvre de cinéma et d'humanité
