Georges, la quarantaine, quitte du jour au lendemain sa femme et son travail pour s'offrir le blouson de ses rêves, une veste en daim à franges. Le vendeur lui cède avec un caméscope numérique. Très fier du nouveau style que lui confère son achat, Georges prend une chambre d'hôtel dans une station des Pyrénées. Dans un bar, il fait la connaissance de Denise, une serveuse cinéphile qui rêve de devenir monteuse. Il lui fait croire qu'il est un réalisateur en repérage pour un prochain tournage. L'homme développe par ailleurs une véritable obsession pour son blouson.
J'ai aimé !
On y retrouve bien la patte de Quentin Dupieux. La folie du concept (un type converse avec sa veste en daim et souhaite devenir le seul homme à porter un blouson !), un sens aigu de la mise en abîme (film dans le film, cadre dans le cadre) et un côté schizoïde un peu glauque aux entournures (ici davantage que de coutume).
Et puis le film a clairement un côté "dupontelien". Au-delà d'une scène en hommage direct à Bernie (l'affûtage de la pale de ventilateur), Le daim entretient surtout une filiation avec Le créateur. Dans les deux cas, il s'agit de pousser l'absurde jusqu'au bout avec une volonté farouche de bâtir un film sur presque rien (l'angoisse de la page blanche chez Dupontel, d'étranges ambitions vestimentaires chez Dupieux) et de déboucher sur un improbable jeu de massacre.
Sinon, Jean Dujardin se fait plaisir et porte le film d'une façon remarquable. Capable de susciter le rire et le malaise (et parfois même les deux en même temps), il est tantôt fragile et attachant, tantôt insupportable et inquiétant. Une performance impressionnante, toujours sur le fil.
A l'arrivée, cela nous donne un film original et barré.
Une sorte de relecture WTF du slasher, doublée d'une ode tordue et sincère au septième art.
L'un des meilleurs films de son auteur
