SIDEKICKS

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peter wonkley
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SIDEKICKS

Message par peter wonkley »

copier coller de l'ami drexl de nanarland :

Réalisateur : Aaron Norris

Année : 1992

Nationalité : USA

Genre : Fan de… Karaté Kid (nanar sportif)

Durée : 1h41

Acteurs principaux : Jonathan Brandis, Chuck Norris, Mako, Beau Bridges, Joe Piscopo…

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Comme peut en témoigner la très bonne biographie disponible sur ce site, Chuck Norris est une sorte d’icône américaine dans toute sa splendeur barbue, un défenseur poivre et sel des valeurs du pays du premier amendement. Ce film de son frangin Aaron enfonce encore un peu plus le clou, tente même de " Cannon-iser " notre patriote préféré en l’érigeant en véritable thuriféraire du fameux rêve américain, du sacro-saint Do It Yourself.

Barry est l’archétype du lycéen fragile. Mère décédée, père largué, il est la cible asthmatique rêvée des bad guys sportifs de son bahut, s’accrochant à son inhalateur comme à une bouée de la dernière chance. Humilié en permanence, surnommé Barry-kiki par ses bourreaux immatures, il ne trouve du secours que dans ses éternelles rêveries. Dans son monde intérieur, il combat en effet tous les salopards qui lui pourrissent la vie aux côtés de son héros de toujours, Chuck Norris, rejouant à l’envi les scènes de ses plus grands films (Portés Disparus, Delta Force, et même au finish Walker Texas Ranger). Il s’attire la sympathie d’une de ses professeurs, qui lui présente Mr Lee, cuisinier chinois et néanmoins maître en arts martiaux. L’heure de la vengeance approche, Barry-kiki s’entraîne comme un forcené et s’inscrit à un tournoi de karaté. Sur le point d’être disqualifié (il manque à son équipe un quatrième larron), il est sauvé par notre deus ex machina préféré. Chuck Norris, décidé à en remontrer à un karatéka paroxystique, s’inscrit dans l’équipe de Barry et aide ce dernier à aller jusqu’au bout de ses rêves, où la raison s’achève.

La trame ne fait pas allusion, nous voilà violemment confronté à un simili remake de Karaté Kid, suivant à peu de choses près un synopsis tout aussi fascinant de linéarité. La différence notable se situant bien évidemment dans les diverses interventions de Chuck dans son propre rôle, au zénith de sa maîtrise du non-acting. Vous espériez une distance salvatrice de l’acteur vis-à-vis de sa condition indécrottable d’action-star basique ? Un second degré alerte sur sa filmo pléthorique ? Un regard acerbe sur sa renommée internationale périclitante ? Cessez de vous faire du mal, devant la caméra pantouflarde de son frangin, Chuck tente de s’imposer en véritable modèle à suivre, en ami imaginaire qui par sa seule présence concrétise l’impossible. Outre les fameuses scènes de reconstitution (on se repassera en boucle son hypnotique sortie de l’eau avec sulfateuse, empruntée au premier Portés Disparus), édulcorées de leur impitoyable violence originelle – nous sommes vraisemblablement face à une sorte de film de Noël on ne peut plus familial, lorsque des coups de feu sont tirés, ce n’est jamais sur les bad guys eux-mêmes – les véritables séquences anthologiques de Chuck sont bien sûr celles où il joue son propre rôle.

Tout d’abord dans un cours de gym, où Barry subit le supplice de la corde à monter jusqu’au plafond. Une nouvelle fois raillé par son prof et ses camarades, victime de l’attitude condescendante de sa future bi-atch Lauren, Barry sortira cependant victorieux de cette épreuve décisive grâce à l’apparition fantasmée de son héros sur la corde adjacente : " On peut le faire ensemble, Barry ". Et le jeune héros de s’affranchir de cette gageure gymnaste sans problème… Mais le summum est définitivement atteint dans le dernier tiers, lors du tournoi de karaté. Nous voyons tout d’abord Chuck faire une arrivée en fanfare à l’étage du bâtiment, un duo de blondasses lâchant même un " Oh regarde c’est LUI ". Humble, proche du peuple, Chuck se laisse même aller à tailler le bout de gras avec une poignée d’aspirants karatékas, signant les autographes et serrant les pognes avec une gentillesse et une affabilité désarmante. Même lorsqu’il se fait provoquer sévère par un prof arrogant (" Tiens, tiens, Chuck Norris, tu ne t’es pas inscrit vieux ? Heureusement parce que je t’aurais dérouillé " / " T’es un grand rêveur, Stone " / " Je serai ton pire cauchemar, Chuck "), notre héros reste flegmatique (" Toujours aussi dingue, celui-là "). Sollicité par les co-équipiers de Barry pour rejoindre leur team, Chuck accepte sans hésitation, se glisse subrepticement derrière notre candide asthmatique pour lui faire une surprise (" Salut, j’m’appelle Chuck Norris, et toi ? (…) Dis-moi Barry, et si on le gagnait ensemble ce tournoi ? ").

Les joutes s’enchaînent devant un gigantesque drapeau américain surplombant le décor de sa majesté. Et Chuck d’en remontrer à l’orgueilleux professeur Stone lors d’une baston d’anthologie, qui mériterait un véritable roman-photo à elle seule. Joe Piscopo, l’interprète de l’adversaire fort en gueule qui se fait démonter, atteint une espèce de plénitude dans la contre-performance, s’engage avec l’interprète de son jeune co-équipier (l’un des bad guys lycéens de tout à l’heure) dans un invraisemblable concours de " je joue mal ". A l’heure d’aujourd’hui, impossible de désigner un vainqueur…

Allant jusqu’au bout de sa logique du chaos, Sidekicks dépasse les bornes du bon goût jusque dans son épilogue. Sur fond de ciel texan crépusculaire, assis sur un banc à l’extérieur, Barry et Chuck reviennent sur leur victoire. Après une discussion assez lapidaire à base de " on peut réussir ses rêves quand on le veut vraiment ", Barry quitte son héros, laisse même le magazine qu’il se trimballe depuis le début du film (avec Chuck en couv’, of course) sur le banc. Devenu un adulte accompli, Barry peut s’affranchir de la tutelle de son héros qui d’ailleurs, lorsqu’il se retourne une dernière fois, a disparu… Derniers plans : le magazine, posé sur le banc. Une main d’enfant qui le saisit, raccord sur la tête dudit enfant de huit ans, lâchant un " waouh " en voyant la tête de Chuck, plan large : l’enfant est en fauteuil roulant…

Une touche de bon goût supplémentaire dans un film qui en déborde… Depuis Sidekicks, Chuck s’est focalisé sur Walker Texas Ranger. Beau Bridges (le père) a quasiment arrêté le cinéma. Joe Piscopo (le méchant Kelly Stone) s’est embourbé dans les séries Z. Mako (Mr Lee) continue de tourner, notamment pour Takashi Miike dans son magnifique Bird People of China. Jonathan Brandis (Barry) a quant à lui sombré dans les plaisirs opiacés avant de se sevrer et de se donner la mort en 2003. Nul ne sait si son ultime vision fut celle de son ancien héros.

Drexl

3,5/5

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