Disparition de Pierre Delanoë

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karras
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Disparition de Pierre Delanoë

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Prolifique auteur de plus de 4000 chansons dont des dizaines de classiques pour plusieurs générations d’artistes, Pierre Delanoë s’est éteint à l’âge de 88 ans des suites d'un arrêt cardiaque. Retour sur une carrière bien remplie.

Pierre Delanoë pourrait tout entier se résumer à des listes, à de longues listes de tubes mêlant la chanson d’amour au commentaire politique, la fantaisie à la gravité. Avec 4000 chansons en plus de cinquante ans d’activité, cet athlète de l’écriture, fidèle et éclectique, bougon et généreux, prolifique et méticuleux, a travaillé pour la plupart des grands interprètes, de Gilbert Bécaud à Michel Sardou, de Piaf à Dalida.

Pierre, Charles, Marcel, Napoléon Le Royer est né à Paris en 1918 et commence par exercer la sage profession d’inspecteur des impôts. A la Libération, il se lance dans le monde de la chanson avec son beau-frère, Frank Gérald (qui fera carrière comme compositeur de chanson). Ils montent un petit numéro de duettiste qui tourne dans les cabarets, sans grand succès.

Sa première chanson déposée à la Sacem sous le nom de Pierre Delanoë s’intitule Y a un pli dans le tapis du salon, en 1948. Mais il faut encore patienter avant d’atteindre un premier succès : c’est la fantaisiste Marie Bizet qui lui donne l’impulsion décisive, d’abord en enregistrant Je cherche un mari (1950) puis Quand vous reviendrez chez moi (1952), mais surtout en lui présentant le jeune Gilbert Bécaud. Ensemble, ils écrivent Mes mains que Lucienne Boyer met aussitôt à son répertoire.

Bécaud

Delanoë est lancé. Avec Bécaud, c’est le début d’une belle série de succès : Je t’appartiens (1955), Le jour où la pluie viendra (1957), Croquemitoufle (1958), Et maintenant (1961), Je reviens te chercher (1967), La solitude ça n’existe pas (1970). Et il commence à travailler pour les vedettes de l’époque : Tino Rossi, Georges Guétary, Edith Piaf, Yvette Giraud… Grâce à lui, la France remporte sa première victoire au concours de l’Eurovision, en 1958, avec Dors mon amour, interprété par André Claveau.

De plus, Delanoë partage avec Lucien Morisse la direction de la programmation d’Europe 1 à ses débuts, de 1955 à 1960. Quelques années plus tard, c’est une de ses chansons, écrite pour Bécaud, qui donnera son nom à l’émission la plus légendaire de l’époque yéyé, Salut les copains.

Pourtant, les premières années 60 ne sont pas les plus heureuses de Delanoë : il travaille plutôt pour les Compagnons de la Chanson que pour les jeunes vedettes turbulentes du twist et du rock naissant. Mais il signe un disque historique en adaptant une douzaine de chansons de Bob Dylan pour Hugues Aufray, en 1965. Il lui donnera ensuite quelques futurs classiques comme L’Epervier (1966), N’y pense plus tout est bien (1967) ou Stewball (1973).

Fugain

Et il s’adapte, trouve un ton et des thématiques qui conviennent à la nouvelle génération, après avoir été le contempteur des nouvelles musiques. Ainsi, comme il a donné à Bécaud ses premières grandes chansons, il livre à Michel Fugain, en 1967, Je n’aurai pas le temps et Tu peux compter sur moi. Suivront, plus tard, Fais comme l’oiseau (1972), Attention mesdames et messieurs (1972), Une belle histoire (1972), Bravo monsieur le monde (1974), Chante comme si tu devais mourir demain (1974)…

Il comble de succès les vedettes des années 60 : Polnareff avec Le Bal des Laze (1969) et Gloria (1970), Petula Clark avec Elle est finie la belle histoire (1963), Hello Dolly (1964), C’est ma chanson (1966), Gilles Dreu avec Alouette, Alouette (1968) et L’Ombre (1969), Sylvie Vartan avec La Maritza (1968), Tu es ma chance (1975), L'Année de nous deux (1978), Françoise Hardy avec La Rue des cœurs perdus (1969), Michel Delpech avec Inventaire 66 (1966), France Gall avec Ne sois pas si bête (1964), Dalida avec Le Lambeth Walk (1978) et Laissez-moi danser (1979), Claude François avec C’est de l’eau, c’est du vent (1970), Nana Mouskouri avec Que c’est bon la vie (1967), Adieu Angelina (1967), Quand tu chantes (1976), Je chante avec toi liberté (1981), L’Amour en héritage (1984), Nicoletta avec Il est mort le soleil (1967)... Il faut, à ces collaborations plus ou moins régulières, ajouter Marcel Amont, Rika Zaraï, Régine, Jacques Dutronc, Enrico Macias ou Colette Deréal car tout le monde fait appel à la souplesse et à l’inépuisable inspiration de Delanoë.


Mais son travail le plus fructueux de l’époque est celui que, souvent en compagnie du parolier Claude Lemesle, il accomplit pour Joe Dassin : Le petit pain au chocolat (1969), Aux Champs-Élysées (1969), Le Chemin de papa (1969), Ça va pas changer le monde (1975), Et si tu n’existais pas (1975), À toi (1976), Il était une fois nous deux (1976), Le Café des trois colombes (1976), Dans les yeux d’Émilie (1977)…

Lenorman et Sardou

Les années 70 le voient multiplier les succès pour Gérard Lenorman : Si tu ne me laisse pas tomber (1973), La Ballade des gens heureux (1975), L’Enfant des cathédrales (1977), Si j’étais président (1980)... Mais une complicité profonde l’unit désormais à Michel Sardou, avec qui il cosigne souvent ses chansons, dont nombre des fameux "coups de gueule" qui font beaucoup pour la renommée du chanteur : Les Vieux Mariés (1973), Les Villes de solitude (1973), Le France (1975), Le Temps des colonies (1976), La Java de Broadway (1977), En chantant (1978), Les Lacs du Connemara (1981), Être une femme (1981), Le Fauteuil (Il était là) (1982), Vladimir Ilitch (1983), Les deux écoles (1984)… Et il livre des chansons à Patrick Juvet, Nicole Croisille, Carlos, Alain Bashung, Dave, Marie-Paule Belle, François Valéry, Mireille Mathieu, Nicole Rieu…

"L’usine" Delanoë a quand même le temps d’écrire des romans, deux récits autobiographiques et des anthologies de poésie, d’occuper des fonctions officielles à la Sacem et même, en 1997, d’enregistrer un disque, Y’a qu’à se laisser vivre, dans lequel il reprend notamment des chansons écrites pour Sardou, Fugain, Dassin, ou Lenorman...
Sacré patrimoine sans oublier le fameux "Papa Pingouin"
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et bien sur l'inénarrable Goldorak
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