Oui bah non. Tu le dis toi-même, ca a déjà été fait : Le Bounty en est l'exemple le plus symptomatique. Ca n'aurait pas de sens de tt le temps nous raconter des histoire de marins où le Capitaine est un psychopathe dangereux qui ne pense qu'à l'Honneur d'accomplir sa Croisade, au mépris de la vie des hommes sous ses ordres, de la survie de son navire, et où le seul moyen de ne pas finir au fond de l'eau est qu'un membre d'équipage (simple matelot de préférence, le Second, c'est surfait de nos jours) secretement intelligent sauve la mise à tout le monde en menant une muntinerie violente mais juste (alors que c'est une évidence qu'il n'y a rien de pire qu'une muniterie à bord d'un bâtitment de guerre), et qu'ils finiraient tous à couler des jours heureux sur un ilôt paradisiaque sans jamais rentrer au port pour finir de se saoûler la gueule au tafia dans un bouge de Porstmouth.Colonel Kurtz a écrit :On aurait apprécié que la mutinerie gronde,que le héros perde pied ,s'immole dans sa fascination,que la mort lente s'installe sur la navire et vienne mettre à jour la façe sombre de l'homme exposé au manque et à la promiscuité ,que le film s'imprègne un peu plus de la déviance baroque observée dans d'autres essais marins (Christophe Colomb,les différentes adaptations du Bounty;etc ...)
Donc mon avis sur ce film que j'ai enfin pu voir cette aprem : une excellente histoire de marins, qui nous raconte la petite histoire du bord (les cours de sextants aux officiers aspirants, la charpente de marine en plein atlantique pour réparer le gréement), tout en s'immiscant dans la grande, mais de facon moins heureuse cependant. On ne voit évidemment que le côté britannique d'une partie de cache-cache avec un navire francais plus puissant et mieux armé, mais, on n'en doutera pas une seconde après la premiere escarmouche, que les brits finiront par vaincre grâce à leur supériorité dans le combat naval (j'ai beau etre anglophobe comme tout bon continental qui se respecte, on ne peut leur retirer ca. Il n'y a qu'a voir la facon dont ils (les anglais eux-mêmes) parlent du bourreau de la flotte francaise à Aboukir, l'Amiral Nelson, tel un héros mythologique, preuve d'une part de l'immense respect que l'homme devait inspirer à ses concitoyens et à ses subordonnées, et d'autre part de l'extraordinaire génie militaire qu'il était).
La reconstitution est d'ailleurs d'une véracité ahurissante. Non pas que je veuille m'imposer en expert, mais on voit bien dans ce film des aspects de la marine à voile que l'on ne voit pas dans les précédents ouvrages sur le sujet. Là, je pense particulierement au collège de jeunes hommes embarqués souvent à l'heure où jouer est l'occupation normale, condition sine-qua-non à la formation d'officiers efficaces et rompus à toutes les subtilités de la guerre navale. En résulstent des passages plein de respects pour ce que vivent les personnages, et par exension, on imagine que la réalité de la mer devait s'averer mille fois plus dure pour eux que ce qu'elle nous apparait dans le film. Tout un pan de l'histoire navale qu'on oublie souvent, alors qu'il est fondamental à mon sens.
Russel Crowe est formidable dans la peau de ce Capitaine débonnaire malgré la poigne dont un commandant doit faire preuve dans de telles circonstances, et tout le casting (dont un Pippin scorbuté) est à l'avenant. Mention exceptionnelle au gamin qui se fait amputer au début du film, et qui offre une performance tout à fait digne d'éloges pour son jeune âge.
La photo est aussi tres sympa, et malgré qqes plans foireux où on sent trop l'eclairage de studio, cela fait plaisir de voir un vrai trois-mâts voguer au gré du vent, toutes voiles dehors, les embruns arrosant le beaupré. Les scènes de tempête (dont le passage du Horn) sont d'ailleurs tout à fait crédible et ne sentent pas trop l'arrosage au karcher.
Et j'ai gardé le meilleur pour la fin : les batailles. La sauvagerie et la brutalité d'un combat marin, livré en plein milieu de l'Atlantique au détour d'un banc de brume, sont retranscrite de facon telle qu'on s'y croirait. Un tel affrontement en pleine mer, ca ne pardonne pas. Ca ne laisse pas droit à l'erreur, et comme le disait notre Gouverneur, malgré le côté ésotérique que cela peut revêtir, tout reste d'une lisibilité exemplaire. Une réussit totale. La premiere nous met tout de suite dans l'ambiance, et si la deuxieme n'est pas aussi brutale et un poil plus complexe, elle reste qd meme redoutablement efficace. Batailles qui amènent aussi à profiter de qqes passages de chirurgie navale particulièrement savoureux. Ames sensibles s'abstenir.
Au rayon des points noirs, on peut noter qqes longueur dans le tiers médian du film, mais ca se fait au profit d'une "digression" naturaliste qui montre un autre pan de la marine militaire : les expéditions vers les mers inconnues, ou du moins peu explorées, et dont Le Bounty est un exemple si connu.
Pour résumer, j'ai particulirement aimé ce film splendide, pas simple film de guerre entre la France et l'Angleterre, mais aussi tableau général des mille et un dangers qu'affrontait un navire partant pour une durée aussi incertaine que prolongée.
8.5/10