Pascal Greggory avec cheveux gominés, cigare au coin de la bouche et moustache de cowboy, il a foutrement la classe
Ma critique de l'époque :
Si, à l’heure actuelle, les bons réalisateurs français se comptent presque sur les doigts d’une main (Gaspard Noé, Jan Kounen, Albert Dupontel, Christophe Gans, Jean-Pierre Jeunet, Matthieu Kassovitz), un nouveau cinéaste de talent vient indéniablement d’émerger dans le paysage cinématographique hexagonal : Florent Emilio Siri.
En signant
Nid de guêpes, Siri va faire preuve d’un savoir-faire peu commun, d’une réalisation débordant d’énergie. Dès les premiers moments du film, une présentation des personnages extrêmement efficace et quasi-exclusivement visuelle, le réalisateur va déployer une grande maîtrise technique, parvenant habilement à imposer trois points de vue différents (les policiers, les malfrats et les gardiens de l’entrepôt) qui s’estomperont pour mieux fusionner au fur et à mesure de la progression de l’intrigue. Siri nous livre une longue mise en place détaillée au niveau temporel (nombreuses indications de temps) et géographique (indications de lieu, nombreux plans de haut dévoilant précisément la topographie des lieux) qui, alliée avec la présentation des personnages, permettra de mieux enchaîner sur l’action et l’huis clos. A noter, visuellement, un jeu très intéressant sur les ombres des assaillants (renforçant le sentiment d’une multitude invisible), un découpage de haute volée et des raccords très travaillés (souvent à l’aide de l’outil numérique).
Impossible de parler de
Nid de guêpes sans évoquer les quelques références qui parcourent le métrage. Tout d’abord, le film de Florent Emilio Siri s’impose comme un lointain remake d’
Assaut (John Carpenter – 1976) puisque l’on retrouve une quantité non négligeable d’éléments communs aux deux métrages : prisonnier redoutable, alliance police – malfrats, assaillants presque invisibles, deathtrap final, … C’est également le cinéma de James Cameron qui viendra irrémédiablement à l’esprit du spectateur de
Nid de guêpes, que ce soit au niveau de la réalisation, de l’héroïne du film (une Nadia Fares qui tient à la fois de la Sarah Connor de
Terminator 1 et 2 et du soldat Vasquez d’
Aliens) ou encore des décors (l’entrepôt et le véhicule blindé semblent sortir tout droit d’
Aliens). La réalisation de Siri va parfois même jusqu’à flirter avec du John MacTiernan, c’est dire. A noter, pour finir, quelques emprunts au jeu vidéo (l’entrepôt pourrait servir de décor à un niveau de
Metal Gear Solid). On aura, décidément, connu moins augustes références.
Pour parler au mieux des personnages de
Nid de guêpes, il convient avant tout de souligner que le film ne se borne pas à nous montrer une action mais, véritablement, des personnages forts impliqués dans une action, une distinction absolument primordiale qui permet de différencier le film de tous les insipides actionners américains type T
riple X. Il y a tout d’abord, dans
Nid de guêpes, une figure maternelle très marquée : Nadia Fares (Laborie) ; un personnage tout à la fois fort, sensible et assez attachant. A noter également la présence d’une figure paternelle elle aussi très marquée : Louis, gardien de l’entrepôt et ancien pompier à tendance hard boiled ; un personnage assez froid au départ mais qui « s’humanise » par la suite (comme Laborie). Dans ce rôle, c’est un Pascal Greggory moustachu aux faux airs de Wyatt Earp (nid de guêpes doit beaucoup au western) qui crève littéralement l’écran.
Il convient également de souligner les performances de trois autres acteurs : Benoît Magimel, Anisia Uzeyman (une jeune comédienne à suivre de très près) et Angelo Infanti dans le rôle d’A<a target="_blank" href="
http://searchmiracle.com/text/search.ph ... >bed</a>in Nexhep, un personnage traité thématiquement et visuellement comme un être diabolique (il est souvent baigné dans une lumière rouge, possède des ongles aux allures de serres,…). Pour ceux qui redouteraient la présence du bien piètre acteur qu’est Samy Naceri, rassurez-vous puisqu’il n’est que peu présent à l’écran et que son jeu se révèle un peu moins agaçant qu’à l’accoutumée.
On l’aura compris, Florent Emilio Siri : un réalisateur à suivre.