Réalisateur d’un excellent making-of du Pacte des loups, Pascal Laugier signe son premier long-métrage avec Saint-Ange. S’il choisit le fantastique, Laugier aborde le genre avec un profond respect, une conception classique qui bannit donc toute forme de second degré malvenu. Saint-Ange relate l’histoire d’Anna (Virginie Ledoyen, bien meilleure qu’à l’accoutumée), une jeune femme au passé trouble (elle s’efforce de dissimuler sa grossesse et son dos est bardé de cicatrices) qui intègre un orphelinat momentanément vidé de ses petits pensionnaires. Progressivement, Anna va se lancer dans une exploration conjointe des lieux (l’orphelinat et ses abords) et du passé (nous sommes en 1958 et le spectre de la seconde guerre mondiale est encore bien présent dans tous les esprits), sentant bien qu’un lourd secret est attaché à Saint-Ange. Anna trouvera une aide en la personne de Judith (Lou Doillon, éthérée), une sorte de grande poupée aux allures d’épouvantail, une ancienne pensionnaire des lieux qui la mettra sur la piste des « enfants qui font peur ».
Optant pour une mise en scène classique et classieuse qui se met entièrement au service du récit, Pascal Laugier fait du décor (un grand bâtiment vétuste évoquant parfois le manoir du jeu vidéo Resident evil) l’un des personnages principaux du film, le mettant en valeur via un jeu sur les couleurs (de l’obscurité quasi-totale à la blancheur éclatante) et les textures. Inspiré, le réalisateur met en boîte de nombreuses séquences marquantes comme la descente aux enfers dans le passe-plat ou la scène du miroir. Voulant mettre toutes les chances de son côté, Laugier a su s’entourer. Ainsi, le film est produit par Richard Grandpierre et le « cinéman » Christophe Gans, la superbe photographie est de Pablo Rosso (Les enfants d’Abraham), la musique de Joseph Loduca (Evil dead) et certains maquillages sont l’œuvre de Benoît Lestang (Baby blood).
Si la majorité du public remarquera que Saint-Ange possède certaines similitudes avec Les autres d’Alejandro Amenabar (il est vrai que l’ambiance générale y fait penser), on peut aussi relever pas mal de références à des films comme Le cercle infernal, La maison du diable ou Body Snatchers (version Don Siegel). Cependant, le film renvoie avant tout au cinéma horrifique italien des années soixante et soixante dix et à des noms comme Mario Bava, Dario Argento (le pensionnat de Saint-Ange est-il une réminiscence de l’école de danse de Suspiria ?) et surtout Lucio Fulci à qui le réalisateur emprunte une actrice (Catriona MacColl) et au moins deux scènes (tirées de L’au-delà). A ce niveau, le problème est que Laugier, à l’instar de Gans, a parfois du mal à se départir de ses (nobles) influences pour proposer sa vision.
Si ce n’est qu’il laissera à certains un très léger arrière-goût de déjà vu, Saint-Ange est assurément un premier film diablement prometteur, une agréable surprise.
"If you don't know Jurassic Park, you don't know shit"
"Il a les yeux blindés"
"Now I've got a machine gun ho ! ho ! ho !"
"Are you gonna bark all day, little doggie, or are you gonna bite ?"
A propos qu'est ce qui d'après vous est arrivé aux enfants-qui font peur :j'avoue que ça a excité ma macabre imagination,je pense qu'au cours de la guerre la nourriture a fini par manquer et les "cadres"de l'orphelinat ont choisi de sacrifier le pavillon des enfants-fous (ça expliquerait le "ils étaient trop nombreux"murmuré par la cuisinière),ils ont donc du empoisonner les enfants et murer le batiment ...
Maintenant l'architecture même de ce "pavillon des fous"est intriguante ,pourquoi ces labos sous-terrains (qui font effectivement très resident evil) ,alors que chambres existent en haut déjà ....)
Quoi qu'il en soit ce climat "pédo-mortifère"fait écho au malaise de V.Ledoyen quant à sa grossesse,et ses pulsions d'avortement.
Le final ,aussi étrange soit-il,délivre une certaine paix,avec un enfant enfin aimé et d'autres enfin protégés .....