
Sortie en salles : 27 Octobre 2004
Sortie dvd : 25 Aoùut 2005
Synopsis :
Les morts sont revenus en masse. Dans le monde, des milliers de personnes décédées ont quitté les cimetières pour investir les villes. Puis le phénomène s'est arrêté, comme si les portes du monde s'étaient de nouveau refermées. On est entré maintenant dans une nouvelle phase particulièrement délicate : la réinsertion des morts dans leurs familles.
Mon avis :
Les revenants part d'un postulat irréel : réinsérer dans les familles et à fortiori au sein de la société, les morts qui par milliers ont quittés les cimetières et réinvestis les villes. Pour son premier long-métrage en tant que réalisateur, Robin Campillo nous livre un film audacieux et subtil, mélange de drame et de science-fiction à la fois. Le sujet soulevant de nombreuses et troublantes questions sur l'impossibilité du deuil...
En tout cas, la mise en scène glaciale et clinique reserve de très bonnes idées comme ces caméras thermiques pour dissocier vivants et revenants, ces sondes en ballons qui flottent au dessus de la petite ville de province donnant un caractère à la fois étrange et fantastique au film. Sur la forme, les revenants ne sont évidemment pas décharnés et avide de chaire humaine comme pourrait le laisser croire le titre. Ils sortent du cimetière comme s'ils venaient d'y entrer et pour eux, rien n'a changé, si ce n'est qu'ils sont maintenant un peu plus lents que les vivants, que leur température est plus basse que la norme et que leurs comportements (mutisme, étrange indifférence et absences) ne leur permettent plus de reprendre leur vie comme avant. Traité par moments comme un documentaire, le film expose avec brio et singularité dans des colloques et réunions de crise, les caractéristiques de ces morts revenus à la vie. Les structures mises en place pour les accueillir rappelent quelque peu le centre de Sangatte mais la métaphore du cimetière n'est pas loin avec ces lits alignés tel des cercueils...
Esthetiquement très travaillé, Les revenants est aussi emmené par de formidables interprètes, Geraldine Pailhas et Jonathan Zaccaï en premier lieu. Pas facile pour ce dernier, comme pour les autres revenants d'ailleurs, de composer un personnage à partir de rien, car les situations que vont connaitre les personnages dans le film n'ont évidemment jamais été vécues. Alors que le spectateur lamba attend de savoir à quoi ressemble la vie après la mort, Robin Campillo s'evertue avec subtilité et finesse à questionner les comportements humains face à la mort. Plus que le revenant, ce film montre combien nous cherchons toujours à maintenir un proche décédé dans un semblant de vie à travers des souvenirs et des regrets mais Campillo reserve aussi bien d'autres questionnements. Brillant de bout en bout, surprenant même dans ses intentions ainsi que dans sa finalité, ce film d'auteur bien singulier à la fois drame humain et social ne laisse en tout cas pas de marbre, à condition évidemment de bien vouloir accepter l'univers qui nous est proposé.
Et puis Geraldine Pailhas
