y aura t'il un GP de Turquie l'année prochaine ???
Faute de protocole au Grand Prix de Turquie
Les services du protocole de la Fédération internationale de l'automobile (FIA) sont sens dessus dessous. Dimanche 27 août, Mehmet Ali Talat, le président de la République turque de Chypre du Nord - une entité autoproclamée, seulement reconnue par la Turquie depuis l'occupation militaire d'une partie de l'île grecque en 1974 - a remis sur le podium du circuit d'Istanbul le trophée du vainqueur à Felipe Massa, le pilote brésilien de Ferrari, qui venait de remporter le Grand Prix de Turquie de formule 1.
L'affaire est immédiatement devenue politique. Mehmet Ali Talat, favorable à une réunification de Chypre, avait été élu en avril 2005 sur la base de ce projet. Dans la partie grecque de l'île, les élections législatives du 21 mai avaient été remportées par les partisans du président Tassos Papadopoulos, dont le rôle avait été déterminant dans le rejet, en avril 2004, par les Chypriotes grecs, du plan de réunification de Chypre voulu par les Nations unies, considérant qu'il donnait trop d'autonomie à la partie turque.
Dès le lendemain de la course, le gouvernement chypriote a réagi par la voix de son porte-parole à la présence de Mehmet Ali Talat. Christodoulos Passiardis a accusé les officiels turcs d'avoir profité de l'événement sportif à des fins politiques et d'avoir "piégé" la FIA. "Le gouvernement chypriote dénonce cette inacceptable et provocante mise en scène d'Ankara et demande à la FIA de réagir, a déclaré Christodoulos Passiardis. M. Talat n'est ni un citoyen ni un représentant de la Turquie, le pays organisateur, et n'a pas à être invité à remettre le trophée."
CAUSE NATIONALE
Le règlement officiel concernant le protocole d'après course, placé sous la responsabilité d'un maître de cérémonie, est précis sur ce point : "Le trophée du vainqueur ne peut être remis que par le chef de l'Etat, par le premier ministre du pays d'accueil ou par le président de la FIA lui-même." Mehmet Ali Talat n'occupe aucune de ces fonctions.
Les organisateurs du Grand Prix ont reconnu avoir délibérément enfreint les délais imposés par la FIA concernant l'identité des personnalités devant apparaître sur le podium, mais n'ont exprimé aucun regret. "Le Grand Prix de formule 1 était une opportunité inespérée, a déclaré Murat Yalcintas, le président de la chambre de commerce d'Istanbul, organisatrice de l'événement. Chypre est notre cause nationale."
"La FIA a diligenté une enquête pour connaître les circonstances ayant permis à M. Mehmet Ali Talat de présenter le trophée du vainqueur lors du Grand Prix de Turquie 2006, a fait savoir, mardi 29 août, la FIA dans un bref communiqué. La neutralité politique est un principe fondamental pour la FIA, l'autorité chargée de la gouvernance du sport automobile international. Aucune entorse ou violation à cette neutralité ne peut être acceptée." Le Grand Prix de Turquie, qui fêtait sa seconde édition, voit sa troisième menacée.