Pas bon,pas bon....
Je suis allé le voir hier soir et la déception est vivace,c'est pas tant que le film soit vraiment mauvais,mais c'est qu'il est très en dessous de ce qu'il aurait pu être.
En somme,le début est remarquable,la fin catastrophique,et entre les deux ben c'est entre les deux,ça alterne le franchement fantastique et le plus grotesque,sans réelle constance ou transition.
L'entame est à bien des égards splendide:y éclate tout ce qui fait de Ridley Scott un des réals les plus spectaculaires de son temps,sens épique ,exhaltation innée du grandiose et surtout une flamboyance visuelle presque inégalée.
Je ne m'y connais pas en peinture,mais les plans "guerriers sous le grésille"(déjà expérimenté dans gladiator),"désert mouvant",ou bien encore la recontitution de "Messine,porte maitime de la Terre sainte",valent bien des toiles de maitre.
Brillante caractérisation des paysages,puissance esthètique qui fait oublier,qui escamote tout le pan logistique qui souvent dans un projet d'une telle ampleur écrase tout.
Et puis il y cette bataille furieuse dans la foret,menée grand train,épurée de toutes les objections qu'on soulève souvent en telle circonstance (gerbovision,euphémisme sanguin,osseux et viscéral),quelque chose qui tape fort comme une leçon de mise en scène.
Mais ça se gâte,lentement, mais surement.
On sait pas vraiment identifier d'oû ça vient ,Jérusalem est belle,la réflexion politique (entretenue par le personnage du roi lépreux ,fameux perso d'ailleurs,et du gouverneur)sur la nécessité de préferer la vie et l'homme aux dogmes est particulièrement juste,subtile eu égard au contexte actuel auquel il est directement fait réference dans le carton final,la terre sainte est somptueuse donc,déchirée,cruciale et en même temps si fragile et absurde,l'héroine féminine de l'histoire,campée par Eva Green,est plus sombre qu'à l'accoutumée ,plus mystèrieuse,je l'ai trouvée vraiment au point,si ce n'est quelques poses Shérazade du plus mauvais gout....nan c'est vraiment positif ça.
En fait c'est ce Baliant qui cloche.
Autant l'acteur que le personnage d'ailleurs.
Improbable de bout en bout,il contamine progressivement le métrage.
Une situation problématique qui vire au tragique,à mesure que le recours au personnage central se fait plus pressant.
Ridley Scott a à mon gout la mauvaise idée d'éliminer assez vite tous les seconds rôles de grande valeur qui tenaient la batisse en plaçe,Liam Neeson,Brendan Gleeson,Jeremy Irons...ETC
Livré à lui-même Orlando Bloom insuffle autant de puissance belliqueuse au siège de Jérusalem,qu'une pompe de vélo dans une montgolfière...
(mention spéciale à l'adoubement de fortune,Cuneyt Arkin ne l'aurait pas fait aussi bien !)
Scott essaye de sauver le navire,en multipliant les artifiçes dantesques,tours perçés de grappins qui s'écroulent comme des chateaux de cartes,visions panoramiques de milliers de guerriers rugissants (whaw ce plan des cercles de cavaliers arabes dans le désert est intimidant !),mais la sauce a quand même du mal à prendre.
C'est fade quoi.
C'est bigger than life,somptueux mais desespérement fade et superfiçiel.
Le dénouement est lui supérieurement niais.
On en reste bouche bée,et quand on sort de la salle c'est cette mauvaise sensation qui persiste et c'est vraiment dommage.
Pour résumer ,du Ridley Scott flamboyant,mais qui sur des bases pourtant de qualité perd la maitrise historique, narrative,et épique de l'intrigue,la faute notamment à un mauvais casting et une utilisation défaillante d'un banc de très grande valeur...
Inégal donc ,à la fois ouvragé et baclé.
Une vive déception.