Zouèze a écrit :C'est un film qui mérite d'être vu par le plus grand nombre, à l'exception peut-être des gens ayant vécu la guerre de 39-45 du fait de la haine viscérale qu'évoque pour eux le nom d'Hitler. Quoique...
Bien au contraire. Je vois parfaitement où tu veux en venir, mais si y'a bien une population à qui ce film s'adresse, ce sont bien ceux qui ont connu la guerre, même si ca réveille de mauvais souvenirs. Tu ne vas quand meme pas leur interdire d'aller voir le film sous prétexte qu'ils ont connu l'Occupation, ou pire, les camps...
Sinon, j'ai vu le film hier aprem et il est vrai qu'on peut difficilement ressortir de la salle en disant avoir pris du plaisir à voir le film. Dans ce cas là, une consultation chez le psychiatre le plus proche me parait urgente et obligatoire. Ce qui ne veut pas dire que j'ai passé un mauvais moment non plus. Ce n'est pas un film émouvant au sens commun du terme (à l'exception de la séquence finale), mais ca m'a quand meme pris au tripes lors de certains passages particulièrement durs.
Hitler est-il montré sous un jour humain dans cette retranscritpion des derniers jours du IIIe Reich ? Oui et non.
Oui car on nous montre en effet un homme fatigué, brisé par la défaite de son "empire", attentionné envers certains de ses fidèles ou de ses "suiveurs", haineux envers ceux qu'il considère comme des traitres ainsi qu'envers la population, mais aussi "habité" par une psychose et une paranoïa.
Non car cet ensemble met en exergue selon moi la nature profondément méchante et haineuse d'Hitler. Ca met en valeur la folie qui l'habitait et qui l'a conduit lui, les têtes pensantes de son régime et les artisans de la solution finale à vouloir exterminer tout un peuple au nom d'une doctrine ancrée dans les aspects les plus abjects et les plus bas de la nature humaine : la xénophobie, la haine, etc etc.
Et ce n'est pas excuser que de vouloir expliquer, que de vouloir montrer tout cela selon moi. On peut estimer que ce n'est pas pertinent d'en faire un film de fiction, qu'il est préférable de se plonger dans des livres d'histoires, mais je pense que sa vision est recommandée, si ce n'est nécessaire. Oh d'accord, le cinéma impose d'utiliser certains raccourcis dont on peut apprécier l'opportunité selon les points de vue, mais ce n'est pas en interdisant de vouloir parler d'un sujet qu'on éduque les hommes.
Car pour autant que la véracité historique soit respectée dans ce film, et même si je ne prends pas pour argent comptant tout ce qui y est montré j'ose espérer que les faits les plus essentiels et les plus essentiels sont respectés (en dehors des évidences connues de tous), il a aussi le mérite selon moi de faire s'interroger sur nos propres actes à nous, générations nouvelles élevées dans l'ombre de ce drame horrible que fut la seconde guerre mondiale. Qu'aurions nous fait à la place de tous ces gens qui, même du côté allemand, on été broyés par la machine infernale du IIIe Reich ? Qui furent plongés dans des événements sur lesquels ils n'avaient aucune prise, mais qui au final se retrouvent des pions sur l'échiquier de l'Histoire avec pour obligation, pour devoir d'assumer la responsabilité de la mémoire vis-à-vis de leurs semblables ?
C'est d'ailleurs à mon avis la "fonction" principale du personnage de la secrétaire personnelle d'Hitler. On peut pester contre sa "fascination" envers Hitler, contre la naïveté dont elle fait preuve à de multiples reprises, mais je pense qu'il faut aller au delà. Elle sert de métaphore pour cette portion du peuple allemand qui a certes permis l'accession d'Hitler à la Chancellerie en 33, mais qui a tout autant subi les affres de la guerre et de la destruction que les autres peuples d'Europe. Tiraillée entre une fidélité, non pas aveugle, mais presque scolaire, une sorte de confiance aveugle dans le chef, une incompréhension quasi totale face à la portée des événements ainsi que de sa place sur le tableau de l'Histoire, et un désir pour ainsi dire coupable de ne pas se suicider (par aveuglement fanatique ou par lâcheté), une impuissance totale face au drame, tétanisante.
En miroir de cela, on voit défiler pêle-mêle des généraux qui se battent par pur automatisme, parce que c'est la seule action qu'ils puissent effectuer, des fanatiques débordant d'une folie haineuse et sanguinaire comme les Goebbels, une Eva Braun frivole et décorative, des anonymes qui n'ont pas eu d'autre choix que de mourir, des gosses à qui on a mis un lance-roquette entre les mains, des figures qui s'agitent commes des abeilles dans la ruche sans se poser de questions (mais en ont-il le pouvoir ?)
Tout cet ensemble dresse une synthèse effroyable d'une des pages les plus noires de l'Humanité, et pour laquelle la fin d'Hitler sert d'épilogue le plus cynique et le plus amer qu'on puisse imaginer, preuve irréfutable et funeste présage, horrible révélateur sur la nature humaine.