non justment là faut pas se déguiser c'est la classe de voir ce genre de film !kenj a écrit :C'est pas déjà ton look?The DeathScythe a écrit :J'irai avec des lunettes noires, un grand imper et des moustaches postiches (si je ne me fais pas arreter par la police en chemin...).
J'ai vu un type comme ça à la projection d'un vieux film asiat' tiré à 3 copies...
Un long dimanche de fiançaille
Modérateur : dino VELVET
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Tout de suite parce que j'ai un pseudo un peu morbide j'ai une reputation de pervers-serial killerkenj a écrit :C'est pas déjà ton look?The DeathScythe a écrit :J'irai avec des lunettes noires, un grand imper et des moustaches postiches (si je ne me fais pas arreter par la police en chemin...).
(en fait je ressemble plus à mon avatar... nan je plaisante...)
Pour en revenir au film: il y a des passages qui se passent en Corse (elle est nulle cette phrase) ?
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Mais déjà pourquoi ce titre
Il n'est pourtant pas fait mention à des fiançailles,un dimanche particulier,ou encore même à un mariage ....
On sort de la salle habité par ce mystère (ou l'envie de pisser c'est selon),alors on propose des solutions (ou on se soulage lachement sur l'arbre à coté du parking du ciné):parce que ce titre est volontairement abscons dans l'immédiat et se refère à un proverbe indien du 13 siècle avant W.B,ou parce que Jeunet a éradiqué trois ou quatre chapitres du bouquin de Japrisot ,mais que pour d'obscurs raisons juridiques il n'a pu indexer le titre sur ce léger ajustement ou encore parce que le film traite de l'attente,de l'amour perdu ,entretenu,recherché,phantasmé,une sorte d'infinies et urgentes préliminaires qui (c'est bien connu)décupleraient la passion ....
On peut voir ça comme ça,ou s'en moquer et regagner satisfait sa bagnole .
D'ailleurs,après tout,un Long dimanche de fiançailles ,ne peut se réduire à une adaptation,ni à une reconstitution,ni encore moins à une romance rose-bonbon clichetonneuse et nostalgique ;il est ça et quelque chose de très différent à la fois .
C'est un film d'univers.
On dit qu'un auteur,un vrai,peut se reconnaitre à un seul et unique plan,alors Jeunet fait partie de ceux-là .
Son monde est fantastique,réaliste,fantaisiste,loufoque et chatoyant,il repose sur des petites choses minutieusement assemblées,sur des mots et des tournures désuètes réssuscitées,sur une sensiblerie tellement exacerbée qu'elle finit par transpirer de la pellicule pour contaminer ceux qui s'en approchent .
C'est un univers surchargé,de couleurs et d'émotions .
Pourtant Jeunet n'est pas un nostalgique,ni même un scélerat conservateur ,obsédé par le "bon vieux temps",c'est un enlumineur,un poète .
Si son univers est celui d'un temps,c'est celui du conditionnel: aurait été,serait,pourrait être.
Alors il balaye de sa folie créatrice cette paradoxale fin des années 10 ,et mêle reconstructions grandeurs natures et (odieuses et voulues)cartes postales numériques,pour offrir un cadre spatio-temporel hors normes à son histoire,son conte .
C'est un livre d'images qu'on parcoure,des images et pas des clichés,la subtilité est étroite mais essentielle .
Alors on se doute bien que les bretons ne se résument pas à des phares,des crêpes et du pot au feu,ni les corses à des anes,des veuves en noir ,et la vengeance,mais on peut se les imaginer comme ça le temps d'un instant,d'un conte,d'une escapade dans un monde merveilleux et éphémère .
On est pas venu pour chercher le réalisme sociolgique nan ?,si?,alors on s'est trompé d'adresse .
A vrai dire il n'y a qu'avec la guerre et ses poilus que Jeunet s'impose rigueur et exactitude,il ne réinvente plus,la boue a l'odeur de la boue,le sang coule réellement,des bombes ne jaillissent pas des feux d'artifiçe et des confettis,les coups et les blessures ne comptent plus pour du beurre,les âmes se meurtrisent et se fêlent pour de bon;le réalisme est d'autant plus frappant,choquant car brutal,nu et comme étranger.
Cela étant dit ,même quand il se refuse à enjoliver et transformer par sa baguette magique de caméra,il plaçe ici et là des personnages capables d'assurer ce transfert,d'arranger cette évasion : ainsi le soldat Poux (génial Dupontel....),fantasque et invinçible,aventureux,capable de faire apparaitre à des yeux tristes mais médusés du cacao ,de la confiture,un gant de laine rouge ou du saucisson....
Cette quête du romanesque guide constamment le récit et l'empêche de céder à la mieverie larmoyante auquel il pourrait s'abandonner(et s'abandonne parfois d'ailleurs merci à un Gaspard Ulliel tès lourd,cela devait être dit),c'est donc une enquête qu'on suit,bien sur émaillée des traditionnels micro-tranches de vies propres à Jeunet (avec ce souci de traduire avec méticulosité les actes,les sentiments)mais surtout ponctuée d'indiçes et de coups de théatre,et habitée de "figures " remarquables :
du Pire (savoureux Holgado),jusqu'au meilleur,et cette incroyable catin-tueuse (troublante Cotillard),somme tout évadée d'un roman d'espionnages ....
Le spectacle est complet,Jeunet multiplie les transversales entre les genres,les styles,pour imposer plus que jamais ce personnage de candide (candeur,ou forçe de volonté,d'espoir,et même symptomes d'une certaine gravité,pierres angulaires d'une distinction possible avec le personnage d'Amélie )dans le coeur des spectateurs .
Un univers donc et une philosophie,rayonnante .
Alors on va tous accompagner cette Audrey Tautou-là (beauté espiègle,charme insoutenable,actrice révé d'un monde imaginé),et ce Jeunet-là ,pour pleurer encore.
Et leur faire un triomphe .
Parcequ'il nous le demande ?
Parce qu'il nous le demande si bien .
Film merveilleux .
Il n'est pourtant pas fait mention à des fiançailles,un dimanche particulier,ou encore même à un mariage ....
On sort de la salle habité par ce mystère (ou l'envie de pisser c'est selon),alors on propose des solutions (ou on se soulage lachement sur l'arbre à coté du parking du ciné):parce que ce titre est volontairement abscons dans l'immédiat et se refère à un proverbe indien du 13 siècle avant W.B,ou parce que Jeunet a éradiqué trois ou quatre chapitres du bouquin de Japrisot ,mais que pour d'obscurs raisons juridiques il n'a pu indexer le titre sur ce léger ajustement ou encore parce que le film traite de l'attente,de l'amour perdu ,entretenu,recherché,phantasmé,une sorte d'infinies et urgentes préliminaires qui (c'est bien connu)décupleraient la passion ....
On peut voir ça comme ça,ou s'en moquer et regagner satisfait sa bagnole .
D'ailleurs,après tout,un Long dimanche de fiançailles ,ne peut se réduire à une adaptation,ni à une reconstitution,ni encore moins à une romance rose-bonbon clichetonneuse et nostalgique ;il est ça et quelque chose de très différent à la fois .
C'est un film d'univers.
On dit qu'un auteur,un vrai,peut se reconnaitre à un seul et unique plan,alors Jeunet fait partie de ceux-là .
Son monde est fantastique,réaliste,fantaisiste,loufoque et chatoyant,il repose sur des petites choses minutieusement assemblées,sur des mots et des tournures désuètes réssuscitées,sur une sensiblerie tellement exacerbée qu'elle finit par transpirer de la pellicule pour contaminer ceux qui s'en approchent .
C'est un univers surchargé,de couleurs et d'émotions .
Pourtant Jeunet n'est pas un nostalgique,ni même un scélerat conservateur ,obsédé par le "bon vieux temps",c'est un enlumineur,un poète .
Si son univers est celui d'un temps,c'est celui du conditionnel: aurait été,serait,pourrait être.
Alors il balaye de sa folie créatrice cette paradoxale fin des années 10 ,et mêle reconstructions grandeurs natures et (odieuses et voulues)cartes postales numériques,pour offrir un cadre spatio-temporel hors normes à son histoire,son conte .
C'est un livre d'images qu'on parcoure,des images et pas des clichés,la subtilité est étroite mais essentielle .
Alors on se doute bien que les bretons ne se résument pas à des phares,des crêpes et du pot au feu,ni les corses à des anes,des veuves en noir ,et la vengeance,mais on peut se les imaginer comme ça le temps d'un instant,d'un conte,d'une escapade dans un monde merveilleux et éphémère .
On est pas venu pour chercher le réalisme sociolgique nan ?,si?,alors on s'est trompé d'adresse .
A vrai dire il n'y a qu'avec la guerre et ses poilus que Jeunet s'impose rigueur et exactitude,il ne réinvente plus,la boue a l'odeur de la boue,le sang coule réellement,des bombes ne jaillissent pas des feux d'artifiçe et des confettis,les coups et les blessures ne comptent plus pour du beurre,les âmes se meurtrisent et se fêlent pour de bon;le réalisme est d'autant plus frappant,choquant car brutal,nu et comme étranger.
Cela étant dit ,même quand il se refuse à enjoliver et transformer par sa baguette magique de caméra,il plaçe ici et là des personnages capables d'assurer ce transfert,d'arranger cette évasion : ainsi le soldat Poux (génial Dupontel....),fantasque et invinçible,aventureux,capable de faire apparaitre à des yeux tristes mais médusés du cacao ,de la confiture,un gant de laine rouge ou du saucisson....
Cette quête du romanesque guide constamment le récit et l'empêche de céder à la mieverie larmoyante auquel il pourrait s'abandonner(et s'abandonne parfois d'ailleurs merci à un Gaspard Ulliel tès lourd,cela devait être dit),c'est donc une enquête qu'on suit,bien sur émaillée des traditionnels micro-tranches de vies propres à Jeunet (avec ce souci de traduire avec méticulosité les actes,les sentiments)mais surtout ponctuée d'indiçes et de coups de théatre,et habitée de "figures " remarquables :
du Pire (savoureux Holgado),jusqu'au meilleur,et cette incroyable catin-tueuse (troublante Cotillard),somme tout évadée d'un roman d'espionnages ....
Le spectacle est complet,Jeunet multiplie les transversales entre les genres,les styles,pour imposer plus que jamais ce personnage de candide (candeur,ou forçe de volonté,d'espoir,et même symptomes d'une certaine gravité,pierres angulaires d'une distinction possible avec le personnage d'Amélie )dans le coeur des spectateurs .
Un univers donc et une philosophie,rayonnante .
Alors on va tous accompagner cette Audrey Tautou-là (beauté espiègle,charme insoutenable,actrice révé d'un monde imaginé),et ce Jeunet-là ,pour pleurer encore.
Et leur faire un triomphe .
Parcequ'il nous le demande ?
Parce qu'il nous le demande si bien .
Film merveilleux .
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Vu ce soir.
bon ben grosso modo, un peu comme tt le monde : trop looooong. Trop leeeent.
Alors ca ok, Jeunet nous reconstitue la France de Grand-Papa avec un luxe de détails absolument stupéfiant (au moins on sent où est passé le budget - non, pas dans le cachet de certains acteurs), les rares matte paintings du Paris de l'époque sont sublimes, la guerre est bien boueuse à souhait, on a meme droit à des plans franchement sympas (notamment celui autour du phare qd les héros sont gosses), mais putain dieu que 1. ca manque de rythme et 2. ca se repete., et 3. faut arreter d'abuser des filtres jaunes.
Le détail, C bien, mais faut pas en abuser non plus. Ca dégueule et resultat, ca noie l'intrigue qui est déjà fort touffue (pour ne pas dire confuse)...
En fait, je me demande si Jeunet aurait pas dû être horloger. Parce que c pas un film qu'il nous a fait, C une montre (ou pire, un métronome). C mécanique, sans âme. Il nous déballe sa quincaillerie et on n'a plus qu'a l'admirer en train d'astiquer les cuivres.
Et pis ca finit par devenir franchement repetitif. C ca le pb de vouloir reconstituer une histoire petits bouts par petits bouts avec des intervenants qui vous rectifient le bazar à chaque fois. On finit par se lasser.
Coté comédiens, le probleme de Gaspard Ulliel, C son coté niais, nouveau né a peine sortir du ventre de sa reum. Mais a mon avis, c plus que voulu, C un des fondements de l'histoire. Un coté angélique sauvé de l'enfer (pour lequel le christ qu'on voit dans le plan d'ouverture du film sert de métaphore d'ailleurs). Il fallait un ptit jeune aux yeux bleus et à la gueule d'ange, le voila.
Sinon, le reste rien à dire, la palme revenant selon moi à Dupontel, formidable, et à Jodie Foster malgré sa breve apparition, ainsi qu'au dénommé 'Bastoche'. Le guest de Denis Lavant etait bien impressionnant aussi. Par contre, j'ai pas vu passser Rufuse ni Julie Depardieu
La voix étant bien crispante.
Quant à la musique, Angelo Badalmenti nous a ressorti le meme temps aux instants 'cruciaux'. C lourd. Et j'ai meme reconnu des accords utilisés dans la BO de Dune. C dire.
Je ferai l'impasse sur la vision astérixienne de la Corse ainsi que le fantasme assouvi de Jeunet pour les locomotives à vapeur
Au final, C certes tres bien fait, mais ils auraient du sabrer dans une bonne demie-heure histoire de gagner en rythme.
La fin est par contre tres belle. (et ne serait-ce pas là l'essentiel après tout ?)
bon ben grosso modo, un peu comme tt le monde : trop looooong. Trop leeeent.
Alors ca ok, Jeunet nous reconstitue la France de Grand-Papa avec un luxe de détails absolument stupéfiant (au moins on sent où est passé le budget - non, pas dans le cachet de certains acteurs), les rares matte paintings du Paris de l'époque sont sublimes, la guerre est bien boueuse à souhait, on a meme droit à des plans franchement sympas (notamment celui autour du phare qd les héros sont gosses), mais putain dieu que 1. ca manque de rythme et 2. ca se repete., et 3. faut arreter d'abuser des filtres jaunes.
Le détail, C bien, mais faut pas en abuser non plus. Ca dégueule et resultat, ca noie l'intrigue qui est déjà fort touffue (pour ne pas dire confuse)...
En fait, je me demande si Jeunet aurait pas dû être horloger. Parce que c pas un film qu'il nous a fait, C une montre (ou pire, un métronome). C mécanique, sans âme. Il nous déballe sa quincaillerie et on n'a plus qu'a l'admirer en train d'astiquer les cuivres.
Et pis ca finit par devenir franchement repetitif. C ca le pb de vouloir reconstituer une histoire petits bouts par petits bouts avec des intervenants qui vous rectifient le bazar à chaque fois. On finit par se lasser.
Coté comédiens, le probleme de Gaspard Ulliel, C son coté niais, nouveau né a peine sortir du ventre de sa reum. Mais a mon avis, c plus que voulu, C un des fondements de l'histoire. Un coté angélique sauvé de l'enfer (pour lequel le christ qu'on voit dans le plan d'ouverture du film sert de métaphore d'ailleurs). Il fallait un ptit jeune aux yeux bleus et à la gueule d'ange, le voila.
Sinon, le reste rien à dire, la palme revenant selon moi à Dupontel, formidable, et à Jodie Foster malgré sa breve apparition, ainsi qu'au dénommé 'Bastoche'. Le guest de Denis Lavant etait bien impressionnant aussi. Par contre, j'ai pas vu passser Rufuse ni Julie Depardieu
La voix étant bien crispante.
Quant à la musique, Angelo Badalmenti nous a ressorti le meme temps aux instants 'cruciaux'. C lourd. Et j'ai meme reconnu des accords utilisés dans la BO de Dune. C dire.
Je ferai l'impasse sur la vision astérixienne de la Corse ainsi que le fantasme assouvi de Jeunet pour les locomotives à vapeur
Au final, C certes tres bien fait, mais ils auraient du sabrer dans une bonne demie-heure histoire de gagner en rythme.
La fin est par contre tres belle. (et ne serait-ce pas là l'essentiel après tout ?)
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Vu mardi et j'ai beaucoup apprécié
Je ne sais pas pourquoi mais le film m'a fait penser à une BD (école franco-belge) en live et m'a procuré un plaisir assez proche de celui du gamin de huit ans qui lit son premier Astérix, c'est bizarre ...
J'ai adoré la structure en entrelac de petites histoires qui en forment une grande avec une galerie de personnages et d'acteurs (putain Dupontel est monstrueux ) inoubliables.
Bref,y'a bon, un film qui incite fortement à la revoyure je trouve.
Je ne sais pas pourquoi mais le film m'a fait penser à une BD (école franco-belge) en live et m'a procuré un plaisir assez proche de celui du gamin de huit ans qui lit son premier Astérix, c'est bizarre ...
J'ai adoré la structure en entrelac de petites histoires qui en forment une grande avec une galerie de personnages et d'acteurs (putain Dupontel est monstrueux ) inoubliables.
Bref,y'a bon, un film qui incite fortement à la revoyure je trouve.
"If you don't know Jurassic Park, you don't know shit"
"Il a les yeux blindés"
"Now I've got a machine gun ho ! ho ! ho !"
"Are you gonna bark all day, little doggie, or are you gonna bite ?"
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- Zouèze
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Là, je suis sur le cul. Un long dimanche de fiançailles n'est plus considéré comme un film français par le vénéré CNC.
Le Monde.fr a écrit : "Un long dimanche de fiançailles" privé du financement du CNC
Par décision du tribunal administratif de Paris, le film de Jean-Pierre Jeunet n'est plus considéré comme européen et, par extension, français.
La nouvelle a été rendue publique par le Centre national de la cinématographie (CNC), jeudi 25 novembre : le tribunal administratif de Paris a décidé de supprimer l'agrément permettant de recevoir les aides publiques du compte de soutien au film de Jean-Pierre Jeunet, Un long dimanche de fiançailles.
Le film n'est plus considéré comme un film européen ni, par extension, français. Les producteurs, eux, sont privés des quelque 3,5 millions d'euros qui leur auraient été reversés si le film avait atteint les 5 millions d'entrées prévues : en un mois d'exploitation, il en a enregistré plus de 3 millions.
Cette décision clôt provisoirement un chapitre mouvementé des relations entre les acteurs, publics et privés, qui contribuent au financement du cinéma français. Le tribunal a estimé que le film de Jean-Pierre Jeunet - à peu près au même titre que celui de Josiane Balasko, L'Ex-Femme de ma vie, qui a fait l'objet d'une semblable mesure le 5 novembre (Le Monde du 8 novembre) - ne pouvait bénéficier du système d'aide français dès lors qu'il était produit par une société (2003 Productions, créée par Francis Boespflug, président de Warner Bros Pictures France) contrôlée par des capitaux américains.
Cette interdiction de l'accès de sociétés non européennes au compte de soutien français date de 1992. Or 2003 Productions est détenue à 32 % par Warner Bros Pictures France ; des salariés de Warner Bros Pictures France, dont Francis Boespflug, en sont aussi actionnaires.
La polémique autour d'Un long dimanche de fiançailles a divisé la profession depuis que deux organisations corporatives - l'Association des producteurs indépendants (API) et le Syndicat des producteurs indépendants (SPI) - ont déposé un recours devant le tribunal administratif après l'approbation du film par la commission d'agrément du CNC. Ces associations redoutaient que l'accès au soutien français de films produits par des majors hollywoodiennes ne réduise à terme les ressources dévolues aux producteurs français.
RÉGLEMENTATION "OBSOLÈTE"
Le SPI s'est félicité vendredi dans un communiqué de cette décision en affirmant que "le tribunal administratif - a souligné - que 2003 Productions n'a été constituée que pour contourner la réglementation existante". Le SPI réaffirme que "dans le cadre du respect de la réglementation existante, l'accès au système d'encadrement doit être défini, par la négociation collective et préalable, pour laquelle nous serons toujours disponibles, et non pas par le passage en force au mépris de la loi".
Les représentants du cinéma ont reconnu, vendredi, que la réglementation française a besoin d'être modifiée. La Société des auteurs compositeurs dramatiques (SACD), la Société des auteurs réalisateurs producteurs (ARP) et la Société des réalisateurs de films (SRF) souhaitent que les pouvoirs publics interviennent "énergiquement et rapidement pour adapter une réglementation obsolète et défaillante - pour - donner toute légitimité aux apports extra-européens dès lors qu'ils accompagnent des films d'expression originale française".
Pour sa part, Francis Boespflug, soutenu par l'Union des producteurs de films (UPF) et le CNC, n'aura cessé d'affirmer la "francité" d'un film tourné en France par une équipe intégralement française, destiné à être exploité dans le monde entier dans la langue de Molière, et dont les bénéfices escomptés du compte de soutien doivent servir à produire d'autres films français.
Ce n'est pas encore le terme de cette affaire, puisque Francis Boespflug, à l'annonce du jugement, a demandé instamment au CNC de faire appel de ce qu'il nomme, dans un communiqué de presse, une "décision ahurissante qui met en danger le film dans son financement, 2003 Productions et à terme, les investissements dans la production cinématographique française". Le CNC a fait savoir qu'il étudiera attentivement les conclusions du jugement avant de prendre sa décision.
La Fédération des industries techniques du cinéma et de l'audiovisuel a rappelé, par le biais de son président, Thierry de Segonzac, que le film de Jean-Pierre Jeunet équivalait à 650 emplois en France sur une année pleine. "Par manque d'anticipation du CNC et du producteur de ce film, nous envoyons aux majors américaines un signal désastreux, d'extrême protectionnisme à la française, alors que nous tentons de défendre le contraire - une diversité culturelle - à l'Unesco."
Jacques Mandelbaum et Nicole Vulser