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Prix du public au festival de Cannes 2002,
Respiro nous emmène sur la belle mais aride île de Lampedusa, au sud de la Sicile. Là-bas, une jeune mère élève ses trois enfants mais fantasque, affectueuse et éprise de liberté, sa personnalité s'accomode mal aux moeurs locales. Son mari, un modeste pêcheur, l'aime bien plus qu'il ne le laisse paraître, mais lui aussi est trop influencé par la mentalité villageoise environnante. Dans ce décor bleu turquoise et rocheux, la vie s'écoule, les enfants se bagarrent comme dans
La guerre des boutons et les jeunes filles jouent déjà les mamma séductrices... Comme son titre l'indique,
Respiro est une vraie bouffée d'oxygène, un film coloré, rafraichissant et ensoleillé qui oscille sans cesse entre réalisme et onirisme.
Empruntant le quotidien immuable de ce petit village de pêcheurs, Emanuele Crialese prend le temps de situer les lieux, les personnages et leurs caractéristiques. Ces trente premières minutes d'exposition s'avèrent en effet nécéssaire pour appréhender la suite de l'histoire. Reste qu'elles peuvent aussi décourager les spectateurs les moins téméraires, s'attendant à plus d'action. La mer joue évidemment une place prépondérante tout au long du film et les premières scènes rappelent quelque peu le début du
Grand bleu quand Jacques et Enzo s'affrontent dans ce village de pêcheur transformé en véritable terrain de jeu... Mais ce joli petit film est aussi et surtout emmené par des interprêtes touchants et brillants. Valéria Golina est la plus connue de tous et son jeu de mère sensuelle, innocente et un peu enfantin lui va à ravir. Tous les autres acteurs sont issus du coin, les deux garçons sont vraiment excellent, notamment le plus petit : Philippo, véritable petite teigne qui tente de copier son père pour pouvoir exister et s'affirmer... Mais c'est autour de Pasquale que le drame se noue, par sa possessivité et la relation ambigüe qu'il entretient avec sa mère. Sa soeur Marinella (Veronica D'Agostino) est aussi une autre petite révélation, elle ressemble à sa mère (volage et sensuelle) mais est aussi plus soumise à la supériorité des garçons, très présente dans les familles siciliennes. Surfant sur une légende locale,
Respiro a le goût d'une fable contemporaine au coeur d'une île paradisiaque mais prisonnière de ses traditions et de sa réalité sociale... De ce fait, jamais Crialese ne tombe dans le décor carte postale et ajoute à son deuxième long-métrage, une bande-originale des plus adaptées. Bref, un film simple et sans prétention qui vous rappelent que le cinéma italien a cette volupté et cette magie que bien d'autres n'ont pas.