The long goodbye (Robert Altman)
Posté : 21.12.2004 - 19:06
Juste quelques mots sur un nouveau coup de coeur pour Robert Altman .
Réalisé en 73 ,The Long Goodbye (le Privé en vf) est une adaptation d'un roman de Raymond Chandler ,mettant en scène le célèbrissime détective privé Phillip Marlowe jadis immortalisé par Bogart dans le Grand Sommeil d'H.Hawks .
L'intrigue se joue à Los Angeles entre quartiers balnéaires écrasées par le soleil,verticaux appartements ,étranges cliniques pour étranges excentiques,puis au Mexique,jaune et rouillé comme de juste .
Un meurtre,un suicide louche,des amants,des maitresses,un bookmaker,du chantage,une forte somme d'argent.....
On retrouve le gout de Chandler pour une atmosphère de corruption et de mensonges,une fange dans lequel s'ébroue un Marlowe particulièrement nonchalant et sympathique campé par le cocker Elliot Gould .
"It's ok with me",plus qu'une réponse tout une philosophie qu'il applique à toutes les situations,avec un charme et un sens sarcastique déroutant .
Ce Marlowe-là ,c'est l'univers de Altman qui s'insinue dans la tour d'ivoire du polar classique américain .
Avec lui le sens du décalage,la fascination critique pour une humanité pathétique .
Comme toujours chez Altman la richesse des seconds rôles (?)prend le pas sur une intrigue cela dit brillante (et cela devait être dit bien moins obscur que celle du Grand Sommeil):ça et là Marlowe croisera un vigile versé dans les imitations,un félin capricieux,des voisines psychadéliques faisant tomber le haut,un truand psychotique (Mark Rydell)qui n'hésite pas à exploser une bouteille de verre au visage de sa petite amie parce que "elle je l'aime tendrement et que toi je te tolère même pas ...",etc etc ....(à noter la présence du gouverneur Schwarzy en garde du corps moustachu et body-buildé à souhait)
Au dessus de la mêlée,la présence gigantesque (2m,110 kilos,et un charisme sans limite) et barbu de Sterling Hayden (l'ultime Razzia,1900),empereur perdu d'un royaume de fous,colosse ébranlé par le vice ou un lilluputien de docteur au regard pénétrant (H.Gibson)....
et puis la beauté blonde de Nina Van Pallandt (?....!),somptueuse source de mystère pour un Marlowe transi ....
Du grand,de l'immense Altman ,la satyre et le burlesque comme défis à une gravité des plus poignantes ,que ne viendra d'ailleurs pas démentir un final inattendu et profondèment désabusé .
Une mélancolie joyeuse en quelque sorte ,hanté par une trainante ballade (the long goodbye)de John Williams,siffloté,gémi par les personnages,les postes de radio,un piano-bar fatigué .
A noter aussi le brio de la forme ,et un travail constant d'Altman et de son photographe Vilmos Zsigmond,sur la lumière et la couleur,pour élever encore plus haut le film,vers un fuyant crépuscule,une dramaturgie d'ombres et de silhouettes mordorées .
Fabuleux polar .
"It's ok with me" .....