SPECIAL COMMANDO
Posté : 17.05.2005 - 12:55
copier coller de l'ami nikita de nanarland :
SPECIAL COMMANDO
(Aka : The Undercovers)
Cette chronique commencera par un petit mea culpa : à la première vision de ce film, je fus en effet un peu déçu. Tout en reconnaissant la nanardise proprement inouïe de certaines scènes (et notamment d'un début extraordinaire), je n’avais pas été convaincu par l’ensemble, au point de le ranger en premier lieu parmi les déceptions. Mais des protestations indignées de plusieurs camarades me convainquirent de rejeter un coup d’œil à la chose, et je dus me rendre à l’évidence : si «Spécial commando» n’atteint pas à mes yeux le niveau de délire d’un «Robo Vampire», cette production Tomas Tang est un nanar tout à fait honorable, qui contient même certaines des scènes les plus ringardes jamais vues dans un film «2 en 1». Alors ? Que m’était-il arrivé ? Avais-je, tel Louis de Funès dans «L’Aile ou la cuisse », perdu le sens du goût ? Serais-je en train…de me lasser des nanars ? (gasp !) En fait, la solution était toute simple : j’avais commis l’erreur de regarder ce patchwork insane juste après…deux bons films ! Avec une mise en scène, de vrais acteurs, un début, un milieu, une fin. La boulette. Il y a certains mélanges d’ingrédients qui ne pardonnent pas…Enfin bref, après un nouveau visionnage, je peux vous certifier que «Spécial Commando» tient fort honorablement son rang parmi les patchworks asiatiques, même si on peut regretter l’absence de ninjas, de Richard Harrison ou de vampires sautilleurs. J’ajouterai en préambule que le blondinet à mullette et t-shirt qui orne la jaquette française n’apparaît jamais dans le film. Tomas Tang n'est pas non plus le réalisateur, comme indiqué, mais le producteur. Déjà, c’est bon signe, on sent le travail soigné du distributeur français…
Le film suit scrupuleusement la méthode éprouvée du mélange de métrages, en mixant un film asiatique avec de nouvelles scènes incluant des acteurs occidentaux, tout en rusant au doublage et au montage pour faire croire à une seule histoire. Mais «Spécial commando» se distingue du lot par une pauvreté assez exceptionnelle des scènes occidentales, et par le côté «portnawak» du métrage asiatique utilisé. La chose qui se déballe sous nos yeux oubliés est une sorte de Rambo/James Bond/Western totalement décousu, dont on peut, si l’on choisit d’être naïf et d’essayer de suivre sérieusement le scénario, résumer l’histoire comme suit : des méchants menacent de détruire le monde avec une fusée en carton bouilli qu’ils mettent au point dans une grotte. Pour les aider dans leurs plans, ils ont besoin d’un ingénieur, et choisissent de s’accorder les services d’un jeune scientifique récemment licencié. Pour ce faire, ils essaient de l’enlever, puis tentent de le persuader en l’abordant en public devant tout le monde (pas très intelligent pour des terroristes qui exécutent un plan secret). Entre-temps, le jeune savant fait rien qu’à glander dans les rues avec trois copains. Les services secrets américains recrutent le quatuor pour aller déjouer les plans des méchants. Les quatre copains affrontent les hommes de main des méchants dans des décors de western minables et dans des grottes en papier mâché. Pour les aider, les services secrets envoient une équipe de filles en collant qui, malgré leur totale inexpérience de ce genre de missions, vont aller mitrailler les méchants.
A lire ce résumé succinct, le scénario ressemble déjà à ce que peut improviser un soir de cuite un lecteur de BD Elvifrance. Mais cela n’est rien comparé au bordel insane qui se déroule sous nos yeux ébahis, et qui se situe à plusieurs niveaux. Tout d’abord, une histoire se définit par le lieu et l’époque où elle se déroule. Or, la confusion est totale : les personnages sont asiatiques à 90%, et portent tous des noms comme «Gordon», «Armstrong», « Wallace», « Judy », etc. Au vu du type ethnique des comédiens et d’un certain nombre de détails (drapeaux, paysages…), le pays où se situe l’action est manifestement la Thaïlande. Il peut certes y avoir des occidentaux en Thaïlande. Mais comment expliquer que la CIA y soit chargée du maintien de l’ordre ? Certes, il peut y avoir coopération avec les autorités Thaïlandaises pour lutter contre les terroristes, mais le chef de la CIA dit explicitement à nos héros «la patrie compte sur vous », alors qu’un drapeau américain s’étale fièrement sur le mur derrière lui. Quelle patrie ? La Thaïlande ? Les Etats-Unis ? Les Thaïlandais ont-ils tous la nationalité américaine ? La Thaïlande est-elle un état américain? On finit par se demander si les auteurs du mélange de métrages n’essaient pas de nous faire gober…que l’action se passe aux USA ??!! On en déduira donc que les Etats-Unis d’Amérique sont un pays peuplé par une majorité d’asiatiques, où les gens habitent dans des huttes en paille et se déplacent en char à bœufs, et dont les campagnes verdoyantes sont encore parcourues de cow-boys avinés qui se castagnent dans les saloons.
Un film de guerre avec des chars
Car le choc surréaliste provient bien ici du mélange hasardeux de deux films (disons plutôt de deux bouts de pelloche) totalement dissemblables et tous deux très, mais alors très très très mauvais.
Examinons tout d’abord le film Thaïlandais, puisqu’il occupe à peu près 90% du temps de projection : il s’agit d’une sorte de sous-sous-sous-sous-James Bond, mélangé avec du western spaghetti de série Z. Les quatre héros mènent en effet une mission secrète pour détruire la fameuse fusée en carton bouilli des méchants (une organisation secrète du genre SPECTRE) et rencontrent sur leur chemin…des cow-boys Thaïlandais, vision exotique kitsch et surprenante pour des spectateurs occidentaux qui n’auraient pas déjà vu «Les Larmes du tigre noir ».
Des cow-boys pas commodes.
Suivent : des bagarres interminables dans des saloons miteux, suivis de bastons dans la grotte censée abriter l’arme absolue des méchants, et des gunfights ultra-nanars où les figurants ont le bon goût de se jeter à terre avant même que les héros n’aient tiré. Le tout est filmé de manière assez anonyme, mais conserve, malgré un certain manque de rythme, de bons éléments de nanardise, grâce notamment à un défilé de costumes seventies tous plus ignobles les uns que les autres. La ringardise des batailles rangées, avec méchants qui tirent comme des patates, gentils qui abattent vingt figurants d’une seule rafale sans même viser, explosions de bombinettes et gesticulations nanardes des figurants, suffit en tout cas à réveiller la dernière demi-heure du film. Le résultat est assez surréaliste, mais peut s’avérer un peu lassant si l’on est mal disposé (ce qui était mon cas à la première vision de la chose).
Des paras avec des petits parachutes de gouapes de tapettes
La partie occidentale, qui doit occuper environ vingt-cinq minutes du film : alors là, on pique direct vers la stratosphère. TOUT d’une nanardise tellement outrée qu’on se demande si ce n’est pas fait exprès. Prenez cinq ou six potes, habillez-les de treillis flambants neufs récupérés dans les surplus de l’armée américaine, filmez à la diable avec une caméra vidéo à la campagne ou dans l’appartement d’un copain, et vous obtiendrez sans doute un résultat supérieur à celui de ces scènes.
Les méchants complotent derrière leur mini-bar.
Tout d’abord, les acteurs : si l’on prend d’autres films 2 en 1, les acteurs occidentaux sont souvent mauvais (Bruce Baron) ou s’en foutent totalement (Richard Harrison), mais on peut y déceler au moins un petit soupçon de professionalisme, ou au moins supposer que les comédiens ont pris deux ou trois cours dans leur vie. Mais là, rien : les acteurs sont visiblement des amateurs recrutés pour un ou deux après-midi de tournage, qui n’ont manifestement jamais dit un dialogue de leur vie. Le résultat est tout simplement hallucinant, d’autant plus que les malheureux jouent avec des grimaces et des roulements d’yeux dignes d’un mauvais film muet. Ils jouent maaaaaaaaaaaaal, c'est quelque chose d'indescriptible : on peut peut-être trouver pire, mais il faudrait faire une recherche du côté des plus mauvais Eurociné (et encore).
Le gentil (c'est lui le chef de la CIA!!!).
La pauvreté famélique des décors, ensuite : les méchants tiennent leurs conciliabules accoudés au mini-bar d’un appartement qui devait être celui du producteur. Le chef de la CIA (un jeune rouquin à mullette, vêtu d’un treillis pour qu’on comprenne bien que c’est un héros) harangue ses troupes adossé à un drapeau américain, accroché de travers sur un mur nu. Le reste des scènes est filmé en plein air, avec deux pistolets et trois fusil-mitrailleurs pour tous accessoires et que je sois damné si elles ont été tournées en plus de trois jours. Abracabrantesque ! Ajoutons que pour faire tenir ensemble les deux parties du film, les auteurs n'ont pas recours à la scène dite "du téléphone" (voir la chronique de Ninja Terminator pour en avoir un bon exemple) mais à des champs-contrechamps où un acteur de la partie occidentale est censé s'adresser à un acteur de la partie thaïlandaise. A mourir de rire, une fois que l'on a relevé le truc.
Mais la nanardise du film vient de la VF, qui est l’une des pires jamais infligées à mes fragiles oreilles, dépassant en ringardise tout ce qui a pu être fait dans le genre. C’est bien simple, les pires VF des plus mauvais mangas ressemblent comparativement à des œuvres raffinées récitées par la troupe du TNP ! Dialogues totalement faux et débiles, voix outrées ou au contraire totalement démotivées des doubleurs, la VF donne l’impression d’avoir été improvisée par la troupe de «Ken le survivant » après un déjeuner bien arrosé, où chacun aurait fait le pari d’être celui qui jouerait le plus mal. Les doubleurs donnent tous l’impression de vouloir être celui qui donnera l’air le plus con à son personnage !
Jaquette mensongère, mélange de métrage, doublage honteux, «Spécial commando» cumule toutes les tares des arnaques à la vidéo d’antan, et mérite ses galons de nanar, même s'il n'atteint pas les degrés de folie de «Robo Vampire». Il constitue cependant une bonne introduction à l’œuvre de Tomas Tang, ce mystérieux producteur charcuteur de métrage, dont le nom fut sans doute utilisé à une époque par notre ami Godfrey Ho. Le nom de Tomas Tang est généralement associé à la dernière période du 2 en 1 chinois, la plus obscure, et il est parfois hasardeux d’y associer explicitement Godfrey Ho, qui a bien pu avoir des émules ou des complices. Difficile donc de dire si Godfrey se cache ici sous le pseudonyme de Tang, ou du réalisateur Larry Huton, mais si ce n’est pas le cas, il aura trouvé ici un élève particulièrement zélé ! Ce «Spécial commando » mérite donc le coup d’œil, ne serait-ce que pour son statut d’arnaque totale et pour la nanardise inouïe des scènes occidentales. A voir de préférence entre copains, avec la compagnie de bonnes boissons alcoolisées.
BONUS CHRONIQUE ! Des caps extraordinaires, réalisées par Le Rôdeur (merci à lui) :
EXCLUSIF ! Ces acteurs ont failli jouer dans miami vice ! (mais finalement, non) :
Le gardien sadique du pénitencier :
"vous allez en prendre plein la gueule ! 3 jours au mitard !"
Incroyable ! le chef des USA est un rouquin !
Commando colère
Commando conviction
Commando love tag
Rouquin exterminator : "mmmh ! je suis soupçon"
Commando top classe !
Pas de nanar sans une scène de carrière :
York dans son char à boeux. "York ! c'est toi York ? Comment ça va, vieux frère ?!"
Des thaïlandais encerclés
Armstrong : "Moah ha ha ! Vous êtes encerclés alors n'essayez pas de jouer aux cons ! "
"pauv' type !"
Commando bimbo
Commando postiche
Western Spaghetti thaïlandais :
Des petits chapeaux de femme de gouape de tapette.
Western commando fourgonnette.
Une partie de poker qui tourne mal, dans une grotte.
De la baston floue et mal cadrée.
SPECIAL COMMANDO
Réalisateur : Larry Huton (Tomas Tang ? Godfrey Ho ?)
Année : 1988
Pays : Hong Kong
Genre : Bidouillage de pelloche
Catégorie : Pur et dur
Avec : Brent Rivers, Paul John, Jean East, Ramon Kobe et les pseudos bidons habituels
Note : 3
Nikita.
SPECIAL COMMANDO
(Aka : The Undercovers)
Cette chronique commencera par un petit mea culpa : à la première vision de ce film, je fus en effet un peu déçu. Tout en reconnaissant la nanardise proprement inouïe de certaines scènes (et notamment d'un début extraordinaire), je n’avais pas été convaincu par l’ensemble, au point de le ranger en premier lieu parmi les déceptions. Mais des protestations indignées de plusieurs camarades me convainquirent de rejeter un coup d’œil à la chose, et je dus me rendre à l’évidence : si «Spécial commando» n’atteint pas à mes yeux le niveau de délire d’un «Robo Vampire», cette production Tomas Tang est un nanar tout à fait honorable, qui contient même certaines des scènes les plus ringardes jamais vues dans un film «2 en 1». Alors ? Que m’était-il arrivé ? Avais-je, tel Louis de Funès dans «L’Aile ou la cuisse », perdu le sens du goût ? Serais-je en train…de me lasser des nanars ? (gasp !) En fait, la solution était toute simple : j’avais commis l’erreur de regarder ce patchwork insane juste après…deux bons films ! Avec une mise en scène, de vrais acteurs, un début, un milieu, une fin. La boulette. Il y a certains mélanges d’ingrédients qui ne pardonnent pas…Enfin bref, après un nouveau visionnage, je peux vous certifier que «Spécial Commando» tient fort honorablement son rang parmi les patchworks asiatiques, même si on peut regretter l’absence de ninjas, de Richard Harrison ou de vampires sautilleurs. J’ajouterai en préambule que le blondinet à mullette et t-shirt qui orne la jaquette française n’apparaît jamais dans le film. Tomas Tang n'est pas non plus le réalisateur, comme indiqué, mais le producteur. Déjà, c’est bon signe, on sent le travail soigné du distributeur français…
Le film suit scrupuleusement la méthode éprouvée du mélange de métrages, en mixant un film asiatique avec de nouvelles scènes incluant des acteurs occidentaux, tout en rusant au doublage et au montage pour faire croire à une seule histoire. Mais «Spécial commando» se distingue du lot par une pauvreté assez exceptionnelle des scènes occidentales, et par le côté «portnawak» du métrage asiatique utilisé. La chose qui se déballe sous nos yeux oubliés est une sorte de Rambo/James Bond/Western totalement décousu, dont on peut, si l’on choisit d’être naïf et d’essayer de suivre sérieusement le scénario, résumer l’histoire comme suit : des méchants menacent de détruire le monde avec une fusée en carton bouilli qu’ils mettent au point dans une grotte. Pour les aider dans leurs plans, ils ont besoin d’un ingénieur, et choisissent de s’accorder les services d’un jeune scientifique récemment licencié. Pour ce faire, ils essaient de l’enlever, puis tentent de le persuader en l’abordant en public devant tout le monde (pas très intelligent pour des terroristes qui exécutent un plan secret). Entre-temps, le jeune savant fait rien qu’à glander dans les rues avec trois copains. Les services secrets américains recrutent le quatuor pour aller déjouer les plans des méchants. Les quatre copains affrontent les hommes de main des méchants dans des décors de western minables et dans des grottes en papier mâché. Pour les aider, les services secrets envoient une équipe de filles en collant qui, malgré leur totale inexpérience de ce genre de missions, vont aller mitrailler les méchants.
A lire ce résumé succinct, le scénario ressemble déjà à ce que peut improviser un soir de cuite un lecteur de BD Elvifrance. Mais cela n’est rien comparé au bordel insane qui se déroule sous nos yeux ébahis, et qui se situe à plusieurs niveaux. Tout d’abord, une histoire se définit par le lieu et l’époque où elle se déroule. Or, la confusion est totale : les personnages sont asiatiques à 90%, et portent tous des noms comme «Gordon», «Armstrong», « Wallace», « Judy », etc. Au vu du type ethnique des comédiens et d’un certain nombre de détails (drapeaux, paysages…), le pays où se situe l’action est manifestement la Thaïlande. Il peut certes y avoir des occidentaux en Thaïlande. Mais comment expliquer que la CIA y soit chargée du maintien de l’ordre ? Certes, il peut y avoir coopération avec les autorités Thaïlandaises pour lutter contre les terroristes, mais le chef de la CIA dit explicitement à nos héros «la patrie compte sur vous », alors qu’un drapeau américain s’étale fièrement sur le mur derrière lui. Quelle patrie ? La Thaïlande ? Les Etats-Unis ? Les Thaïlandais ont-ils tous la nationalité américaine ? La Thaïlande est-elle un état américain? On finit par se demander si les auteurs du mélange de métrages n’essaient pas de nous faire gober…que l’action se passe aux USA ??!! On en déduira donc que les Etats-Unis d’Amérique sont un pays peuplé par une majorité d’asiatiques, où les gens habitent dans des huttes en paille et se déplacent en char à bœufs, et dont les campagnes verdoyantes sont encore parcourues de cow-boys avinés qui se castagnent dans les saloons.
Un film de guerre avec des chars
Car le choc surréaliste provient bien ici du mélange hasardeux de deux films (disons plutôt de deux bouts de pelloche) totalement dissemblables et tous deux très, mais alors très très très mauvais.
Examinons tout d’abord le film Thaïlandais, puisqu’il occupe à peu près 90% du temps de projection : il s’agit d’une sorte de sous-sous-sous-sous-James Bond, mélangé avec du western spaghetti de série Z. Les quatre héros mènent en effet une mission secrète pour détruire la fameuse fusée en carton bouilli des méchants (une organisation secrète du genre SPECTRE) et rencontrent sur leur chemin…des cow-boys Thaïlandais, vision exotique kitsch et surprenante pour des spectateurs occidentaux qui n’auraient pas déjà vu «Les Larmes du tigre noir ».
Des cow-boys pas commodes.
Suivent : des bagarres interminables dans des saloons miteux, suivis de bastons dans la grotte censée abriter l’arme absolue des méchants, et des gunfights ultra-nanars où les figurants ont le bon goût de se jeter à terre avant même que les héros n’aient tiré. Le tout est filmé de manière assez anonyme, mais conserve, malgré un certain manque de rythme, de bons éléments de nanardise, grâce notamment à un défilé de costumes seventies tous plus ignobles les uns que les autres. La ringardise des batailles rangées, avec méchants qui tirent comme des patates, gentils qui abattent vingt figurants d’une seule rafale sans même viser, explosions de bombinettes et gesticulations nanardes des figurants, suffit en tout cas à réveiller la dernière demi-heure du film. Le résultat est assez surréaliste, mais peut s’avérer un peu lassant si l’on est mal disposé (ce qui était mon cas à la première vision de la chose).
Des paras avec des petits parachutes de gouapes de tapettes
La partie occidentale, qui doit occuper environ vingt-cinq minutes du film : alors là, on pique direct vers la stratosphère. TOUT d’une nanardise tellement outrée qu’on se demande si ce n’est pas fait exprès. Prenez cinq ou six potes, habillez-les de treillis flambants neufs récupérés dans les surplus de l’armée américaine, filmez à la diable avec une caméra vidéo à la campagne ou dans l’appartement d’un copain, et vous obtiendrez sans doute un résultat supérieur à celui de ces scènes.
Les méchants complotent derrière leur mini-bar.
Tout d’abord, les acteurs : si l’on prend d’autres films 2 en 1, les acteurs occidentaux sont souvent mauvais (Bruce Baron) ou s’en foutent totalement (Richard Harrison), mais on peut y déceler au moins un petit soupçon de professionalisme, ou au moins supposer que les comédiens ont pris deux ou trois cours dans leur vie. Mais là, rien : les acteurs sont visiblement des amateurs recrutés pour un ou deux après-midi de tournage, qui n’ont manifestement jamais dit un dialogue de leur vie. Le résultat est tout simplement hallucinant, d’autant plus que les malheureux jouent avec des grimaces et des roulements d’yeux dignes d’un mauvais film muet. Ils jouent maaaaaaaaaaaaal, c'est quelque chose d'indescriptible : on peut peut-être trouver pire, mais il faudrait faire une recherche du côté des plus mauvais Eurociné (et encore).
Le gentil (c'est lui le chef de la CIA!!!).
La pauvreté famélique des décors, ensuite : les méchants tiennent leurs conciliabules accoudés au mini-bar d’un appartement qui devait être celui du producteur. Le chef de la CIA (un jeune rouquin à mullette, vêtu d’un treillis pour qu’on comprenne bien que c’est un héros) harangue ses troupes adossé à un drapeau américain, accroché de travers sur un mur nu. Le reste des scènes est filmé en plein air, avec deux pistolets et trois fusil-mitrailleurs pour tous accessoires et que je sois damné si elles ont été tournées en plus de trois jours. Abracabrantesque ! Ajoutons que pour faire tenir ensemble les deux parties du film, les auteurs n'ont pas recours à la scène dite "du téléphone" (voir la chronique de Ninja Terminator pour en avoir un bon exemple) mais à des champs-contrechamps où un acteur de la partie occidentale est censé s'adresser à un acteur de la partie thaïlandaise. A mourir de rire, une fois que l'on a relevé le truc.
Mais la nanardise du film vient de la VF, qui est l’une des pires jamais infligées à mes fragiles oreilles, dépassant en ringardise tout ce qui a pu être fait dans le genre. C’est bien simple, les pires VF des plus mauvais mangas ressemblent comparativement à des œuvres raffinées récitées par la troupe du TNP ! Dialogues totalement faux et débiles, voix outrées ou au contraire totalement démotivées des doubleurs, la VF donne l’impression d’avoir été improvisée par la troupe de «Ken le survivant » après un déjeuner bien arrosé, où chacun aurait fait le pari d’être celui qui jouerait le plus mal. Les doubleurs donnent tous l’impression de vouloir être celui qui donnera l’air le plus con à son personnage !
Jaquette mensongère, mélange de métrage, doublage honteux, «Spécial commando» cumule toutes les tares des arnaques à la vidéo d’antan, et mérite ses galons de nanar, même s'il n'atteint pas les degrés de folie de «Robo Vampire». Il constitue cependant une bonne introduction à l’œuvre de Tomas Tang, ce mystérieux producteur charcuteur de métrage, dont le nom fut sans doute utilisé à une époque par notre ami Godfrey Ho. Le nom de Tomas Tang est généralement associé à la dernière période du 2 en 1 chinois, la plus obscure, et il est parfois hasardeux d’y associer explicitement Godfrey Ho, qui a bien pu avoir des émules ou des complices. Difficile donc de dire si Godfrey se cache ici sous le pseudonyme de Tang, ou du réalisateur Larry Huton, mais si ce n’est pas le cas, il aura trouvé ici un élève particulièrement zélé ! Ce «Spécial commando » mérite donc le coup d’œil, ne serait-ce que pour son statut d’arnaque totale et pour la nanardise inouïe des scènes occidentales. A voir de préférence entre copains, avec la compagnie de bonnes boissons alcoolisées.
BONUS CHRONIQUE ! Des caps extraordinaires, réalisées par Le Rôdeur (merci à lui) :
EXCLUSIF ! Ces acteurs ont failli jouer dans miami vice ! (mais finalement, non) :
Le gardien sadique du pénitencier :
"vous allez en prendre plein la gueule ! 3 jours au mitard !"
Incroyable ! le chef des USA est un rouquin !
Commando colère
Commando conviction
Commando love tag
Rouquin exterminator : "mmmh ! je suis soupçon"
Commando top classe !
Pas de nanar sans une scène de carrière :
York dans son char à boeux. "York ! c'est toi York ? Comment ça va, vieux frère ?!"
Des thaïlandais encerclés
Armstrong : "Moah ha ha ! Vous êtes encerclés alors n'essayez pas de jouer aux cons ! "
"pauv' type !"
Commando bimbo
Commando postiche
Western Spaghetti thaïlandais :
Des petits chapeaux de femme de gouape de tapette.
Western commando fourgonnette.
Une partie de poker qui tourne mal, dans une grotte.
De la baston floue et mal cadrée.
SPECIAL COMMANDO
Réalisateur : Larry Huton (Tomas Tang ? Godfrey Ho ?)
Année : 1988
Pays : Hong Kong
Genre : Bidouillage de pelloche
Catégorie : Pur et dur
Avec : Brent Rivers, Paul John, Jean East, Ramon Kobe et les pseudos bidons habituels
Note : 3
Nikita.