copier coller de l'ami nikita de nanarland :
DARNA ANG PAGBABALIK
(Aka : Darna, the return)
Ce qu’il y a de bien avec le cinéma, nanar ou pas, c’est qu’il vous fait voyager à peu de frais. Pour peu qu’il soit réellement curieux, le cinéphile impénitent pourra découvrir les aspects les plus méconnus et fascinants des cultures les plus exotiques. Ainsi, au cours d’une nuit de visionnage de nanars, quelques intrépides franciliens, dont votre serviteur, purent découvrir la merveilleuse, la glamoureuse, la fantabuleuse DARNA ! Comment cela, «qui est Darna ?» Hé bien, Darna, sachez-le, jeunes ignares, est un véritable mythe de la BD philippine, équivalent (qui a dit «plagiat » ?) de Wonder Woman, dont la gracieuse présence, due au crayon de Mars Ravelo, hante les pages des bandes dessinées locales depuis 1950, et les écrans depuis…1951 ! Darna est un personnage aussi classique aux Philippines que Tintin en Belgique et en France !
Darna est une petite fille philippine (elle deviendra grande au fil des épisodes) nommée Narda, qui, recevant un talisman d’outre-espace, reçoit le pouvoir de se transformer en super-héroïne (adulte), et devient dès lors la défenderesse des opprimés et l’héroïne nationale des Philippines.
Notre amie affronte toute une série d’ennemis surnaturels, dont la gorgone (ou plutôt déesse-serpent) Valentina. Détail amusant : Narda se transforme en criant «Darna !» et Darna reprend son apparence normale en criant «Narda !». Une première version de Darna avait paru en 1949 sous le nom de «Varga», la version définitive de la BD ne paraissant que l’année suivante. Le succès immédiat de la version 1950, dans un pays qui avait, au lendemain de la guerre, bien besoin de distractions, donna immédiatement lieu à une première version cinématographique. Darna y était incarnée par Rosa Del Rosario. Des années 50 aux années 90, le cinéma philippin donna donc lieu à pas moins de quatorze adaptations de Darna et une série télé, l’interprète la plus célèbre du personnage étant Vilma Santos, qui l’incarna trois fois dans les années 70-80. C’est tout un pan de la culture populaire philippine que nous abordons ici, tant les films et les BD de Darna, à consommation strictement locale, nous permettent d’entrevoir un continent inconnu qui recèle manifestement, tel un Bollywood extrême-oriental, ses propres perles de kitsch et de nanardise. Qu’on se le dise ! au-delà des films naguère tournés pour l’exportation avec Richard Harrison, Romano Kristoff ou Max Thayer, les habitants de l’archipel savent tourner du nanar authentiquement philippin !
Darna version 1951 (Rosa Del Rosario).
Darna version 1975 (Vilma Santos).
Darna version 1991 (Nanette Medved).
Version contemporaine de la BD Darna.
Darna version 1994 (Anjanette Abayari).
Le film qui nous occupe ici est la dernière adaptation à ce jour du personnage de Darna, interprétée cette fois par la sculpturale Anjanette Abayari, ex-Miss Philippines au physique spectaculaire. Et autant dire que ladite Anjanette condense à elle seule tout une bonne partie de l’intérêt (pas forcément nanar) que l’on peut trouver à ce «Darna Ang Pagbabalik», (ou «Darna the return», titre international).
Tout d’abord, Anjanette Abayari a…comment dire…des arguments frappants ! Rarement l’on vit super-héroïne si, heu…si convaincante, incarnant si bien l’image d’une puissance irrésistible agissant sans faillir sur les réflexes physiques de tout homme normalement constitué et de mœurs convenables !
Exhibant un gros talent d’une dimension rarement observée chez des actrices asiatiques, Anjanette Abayari, bien plus séduisante que la Wonder Woman télévisuelle Linda Carter, envahit littéralement l’écran, faisant jaillir chez le critique l’illumination devant une sensation dont la pureté nous ramène à l’émotion de l’origine du monde. La présence physique de notre Miss Philippines est en soi un élément si puissamment esthétique qu’il concourt à distraire quelque peu le spectateur des évènements en cours sur l’écran, transformant même toutes les scènes où elle apparaît costumée en purs happenings érotiques, et rabaissant les nanardeurs religieusement rassemblés pour découvrir une curiosité du bout du monde au rang de supporters du PSG avinés !
Cela dit, ce n’est pas forcément un mal, car le scénario en lui-même n’est pas particulièrement original. Les Philippines sont ravagées par une série de cataclysmes naturels : pour en profiter, la gorgone Valentine (fille de Valentina, la vieille ennemie de Darna, désormais réduite à l’état de momie) tente de se faire passer pour le Messie en diffusant à la télévision des messages subliminaux via une émission de prédication religieuse (l’horrible cache évidemment ses cheveux serpentins sous un turban, qui bouge cependant bizarrement).
Darna, en mission pour secourir des victimes des inondations, tombe dans un guet-apens et se retrouve frappée d’amnésie et privée de son talisman magique. C’est là la grosse faiblesse du film car, pendant vingt-cinq minutes environ, il ne se passera pour ainsi dire rien : Darna n’est plus en costume, ce qui fait qu’Anjanette Abayari perd tout intérêt. Les scènes d’action nanardes nous manquent, et l’on sombre progressivement dans une douce torpeur, tant la mise en scène est mollassonne, le montage erratique, et la photo baveuse.
Fort heureusement, une fois son talisman récupéré et sa mémoire recouvrée, Narda redevient Darna (ne pas rater la scène où, se remémorant son pouvoir, elle s’écrie «Daaaaarnnnaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa !») et, à partir de ce moment, le film devient un véritable festival Anjanette ! On la voit littéralement sous toutes les coutures, en une orgie de plans sur l’un des décolletés les plus vertigineux jamais vus de mémoire de films de super-héros ! Les comic-books américains sont généreux en tenues fort révélatrices des charmes des héroïnes, lesdits costumes étant difficiles à restituer tels quels à l’écran : c’est au contraire à une restitution extrêmement fidèle de ces fantabuleuses tenues que nous assistons, le costume de Darna étant, sans rien montrer, l’un des plus suggestifs que l’on puisse imaginer. Le physique spectaculaire de l’actrice y est évidemment pour beaucoup.
Bien évidemment, la charge érotique de l’interprète de Darna n’est pas le seul élément insolite dans un film qui, par ailleurs, croule littéralement sous le ridicule, à en faire passer «L’Homme-Puma » et «Supersonic Man » pour des modèles d’aventures de super-héros crédibles et cohérentes !
Rarement aura-t-on vu mise en scène plus lourde et dénuée de sens du rythme, comme de toute notion du spectaculaire. Tout s’étire comme un spaghetti trop cuit, jusqu’à constituer un véritable éloge de la lenteur et de la torpeur. Loin cependant d’être ennuyeux, le film s'avère très distrayant car il constitue un véritable manifeste du film de super-héros raté. (J’exclus de cette remarque les vingt minutes où Darna souffre d’amnésie, qui sont authentiquement soporifiques.) Costume à couper le souffle, action merdique, figurants hagards, méchants ridicules, et surtout effets spéciaux d’un grotesque jamais vu depuis la série télé «Superman » des années 50 ! Car Darna, comme tout super-héros (ou même super-félin) qui se respecte, sait voler… Avec quelle grâce, quelle prestance !
C’est bien simple, chaque fois que notre poitrinaire héroïne prend son envol, on a l’impression qu’une photo de l’actrice a été découpée et collée à même la pellicule, pour donner l’illusion du mouvement. De plus, Darna, chaque fois que la scène de vol doit inclure d’autres personnages (comme des sbires de la méchante qu’elle va renverser comme un jeu de quilles), semble voler littéralement au ralenti, dans un effet spécial si raté qu’on a peine à croire qu’il ait été réalisé dans les années 90 !
Un bon nanar ne saurait cependant être réussi sans un méchant à sa hauteur : ici, nous sommes servis, avec le personnage de Valentine la gorgone, sorte de créature hallucinatoire digne du cinéma muet, à la chevelure constituée de magnifiques cheveux en plastique !
Darna a ici une adversaire à sa mesure, dans un affrontement qui se terminera par un splendide combat de catch féminin, avec quelques-uns des pires coups bas jamais vus dans un film de super-héros : Valentine frappe Darna à coups d’antenne de télé, Darna éclate la tête de Valentine contre un mur… Quand les filles se battent, ça fait rarement dans la dentelle, super-pouvoirs ou pas ! (Que les nanardeuses me pardonnent cette remarque machiste tout à fait au second degré…)
Le caractère extrêmement primaire et premier degré du film en fait tout le sel, tant, en dépit du manque de moyens et de talents, les auteurs semblent convaincus par leur histoire. Au point que l’on finit, une fois les passages ennuyeux passés, à s’intéresser sincèrement aux vicissitudes de Darna la super-playmate. Le caractère très local du film - qui participe en grande partie de son intérêt - contribue à sa fraîcheur que l’on apprécie comme une œuvre d’art naïf du Tiers-Monde. Malgré ses problèmes de rythme (il ne faut pas hésiter à zapper le passage de «l’amnésie», qui n’a aucun intérêt), «Darna the return» est une pure curiosité, à découvrir par tout nanardeur curieux, tant son kitsch et sa naïveté en font, dans ses meilleurs moments, un véritable régal régressif. Un scénario ultra-naïf pour les grands enfants, une héroïne aux charmes atomiques pour les adolescents attardés, et une curiosité culturelle exotique pour les adultes ! Que demande le peuple ?
La carrière d'Anjanette Abayari a depuis été interrompue, suite à des déboires judiciaires pour possession de stupéfiants. Qu'importe, pour moi elle restera toujours Darna!
Et vive les Philippines, Eldorado du nanar!
DARNA ANG PAGBABALIK (Darna, the return)
Pays : Philippines
Année : 1994
Réalisation : Peque Gallaga & Lore Reyes
Genre : Wonder-Nibards !
Catégorie : Super-héros
Avec : Anjanette Abayari, Edu Manzano, Cherie Gil, Bong Alvarez, Pilita Corrales
Nikita : 2,5
La plupart des images de cette chronique sont dues à Ghor (merci à lui !), d’autres sont extraites d’un excellent site internet consacré à l’héroïne : http://www.marsravelodarna.com
DARNA ANG PAGBABALIK (Darna, the return)
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... certains anciens "Darna" sont disponibles aux Philippines en VCD (on les trouve sur le Web), dont "Darna at Ding" (D'Wonder Films, 1980), de J. Erastheo Navoa Jr. & Cloyd Robinson, avec Vilma Santos. Copie moyenne mais visible (probablement même master qu'une ancienne VHS).
On peut aussi retrouver la même Vilma Santos dans une des versions de "Dyesebel", celle-ci de 1973 (Tagalog Ilang-Ilang Productions), d' Emmanuel J. Borlaza. Dysebel est une sirène, personnage lui aussi tiré d'une bande dessinée de Mars Ravelo, qui connut plusieurs adaptations. Là encore, copie passable, mais çà semble bien être le seul moyen de voir ces "vieux" films philippins. Je n'aurais jamais l'idée de qualifier de "vieux" un film français ou américain de 1980, ni de 1973 d'ailleurs, mais certains pays ont si mal protégé leur patrimoine cinématographique qu'il est assez vain d'espérer de voir, dans de bonnes conditions, des films qui ne sont pas plus anciens que "Massacre à la tronçonneuse" ou "Frayeurs"... Hélas.
On peut aussi retrouver la même Vilma Santos dans une des versions de "Dyesebel", celle-ci de 1973 (Tagalog Ilang-Ilang Productions), d' Emmanuel J. Borlaza. Dysebel est une sirène, personnage lui aussi tiré d'une bande dessinée de Mars Ravelo, qui connut plusieurs adaptations. Là encore, copie passable, mais çà semble bien être le seul moyen de voir ces "vieux" films philippins. Je n'aurais jamais l'idée de qualifier de "vieux" un film français ou américain de 1980, ni de 1973 d'ailleurs, mais certains pays ont si mal protégé leur patrimoine cinématographique qu'il est assez vain d'espérer de voir, dans de bonnes conditions, des films qui ne sont pas plus anciens que "Massacre à la tronçonneuse" ou "Frayeurs"... Hélas.