Comme tous les gamins nés dans les années 80, j’ai été sevré aux films d’action musclés à tendance reaganienne. Schwarzenegger, Stallone et Van Damme restent ainsi, pour moi, d’inaltérables figures incôniques.
Plus tard, j’en ai appris davantage sur les vies privées des trois musclés. Mon respect pour ces comédiens en est sorti renforcé. Arnie, l’ambitieux à la volonté de fer (revoir
Pumping iron). Sly, l’artiste ignoré. Van Damme, l’incarnation du rêve américain dans ce qu’il peut avoir de meilleur et de pire.
Si Schwarzie et Stallone avaient plus ou moins fini par obtenir la considération qu’ils méritaient (Arnold – même si ses visions politiques sont des plus critiquables – a tout de même décroché un fauteuil de sénateur … et pas des moindres ; Stallone commence tout juste a être reconnu en tant qu’acteur et réalisateur à part entière), Van Damme restait jusqu’alors considéré comme la dernière des merdes, un mec con tout juste bon à faire rire l’auditoire avec de fumeuses pensées philosophiques.
A noter, en passant, que JCVD, contrairement au Chêne autrichien (
Last action hero) et à l’Etalon italien (
Demolition man), n’avait jusqu’alors pas effectué un travail de mise en abîme.
Van Damme. Une triste bête de foire. Un phénomène médiatique sournoisement entretenu (et amplifié) par les télévisions
Ca fait des années que je m’échine à dire que JCVD est loin d’être aussi idiot que la tétine de verre voudrait bien nous le faire croire et, surtout, que le monsieur est un comédien, qui, en prenant de l’âge, a développé un sacré potentiel de jeu
Il suffisait de voir des derniers films de Ringo Lam (
Replicant,
In hell), de repenser à sa petite apparition dans
Narco (film mauvais, Van Damme bon), de découvrir sa prestation dans
L’empreinte de la mort (film mauvais, Van Damme très bon) et de regarder sa tronche d’aujourd’hui (un visage fatigué portant bien des stigmates) pour se rendre compte que Van Damme n’attendait plus que l’hypothétique métrage qui rabattrait définitivement le caquet à tous ceux qui se gaussaient de ce « non acteur ».
JCVD est ce film
Un hommage sincère et prenant à une personne qui le mérite bien.
Des partis pris couillus, tant sur le fond (plein de films dans un seul film !) que sur la forme (réalisation et montage très soignés, jolie photographie quelque part entre le noir et blanc et le sépia).
Des moments tristes (l’intro avec un Van Damme traité comme un moins que rien
![Confused :?](./images/smilies/icon_confused.gif)
), drôles (Van Damme dans le taxi !
![Laughing :lol:](./images/smilies/icon_lol.gif)
) et carrément touchants (Van Damme qui entend sa mère au téléphone, le dernier plan du film, …
![Sad :(](./images/smilies/icon_sad.gif)
).
Et puis il y a ce monologue face caméra où Van Damme se livre au spectateur, droit dans les yeux. Une séquence magnifique, hyper émouvante (oui, j’ai bien chialé
![Crying or Very sad :cry:](./images/smilies/icon_cry.gif)
) dans laquelle tout le talent larvé du bonhomme explose à l’écran. Paf, dans ta gueule.
Van Damme est un putain d’acteur, maintenant la preuve indéniable en est imprimée sur pellicule, à tout jamais (joie !)
C’est aussi un être humain noble qui jette un regard très lucide sur sa propre existence
JCVD : un joli majeur tendu aux détracteurs de l’ami Jean-Claude, ceux qui, trop abrutis par la télévision, n’ont jamais pu voir par-delà la déplorable image médiatique de l’acteur
Je suis content pour Van Damme, il a enfin eu le film à la hauteur de son talent (on pense à Sly et
Copland /
Rocky Balboa).
Maintenant, je croise très fort les doigts pour que ce
JCVD porte ses fruits et s’impose définitivement comme un métrage salvateur pour la filmographie du karatéka belge ...