Posté : 27.03.2012 - 10:35
Par contre, je conseille The dividePetite production britannique, Désaxé (Axed en VO) est un film écrit, financé et réalisé par un certain Ryan Lee Driscoll. Inconnu au bataillon, Driscoll signe pourtant ici son deuxième long-métrage après Making a killing (obscur titre de 2002). Bref, Désaxé s’inscrit d’emblée dans la catégorie « inédit vidéo dont on n’attend pas grand-chose ».
Et pourtant, le pitch du métrage (après avoir perdu son travail, un costard cravate va péter les plombs) possède un certain potentiel. On pense notamment à un possible jeu sur la frontière ténue entre normalité et folie, à une intéressante inversion des valeurs (avec un tueur dissimulé sous le masque d’un individu lambda) et à un sous-texte social virulent (la crise économique produit des monstres). Dans l’absolu, le film pouvait même se poser comme le pendant horrifique d’un Chute libre.
Dans les faits, Désaxé est un ratage intégral, un bien mauvais film qui n’appelle pas un long discours (vous êtes prévenu). On tombe dans un schéma usé jusqu’à la corde : cinq personnes (dont un cinglé) et une bicoque au milieu de nulle part. Le traitement est verbeux et sans la moindre originalité. Aucune tension. Un crescendo narratif boiteux. On a connu plus attrayant. Dans sa dernière partie, Désaxé bascule dans le slasher et touche le fond. Les pires clichés du genre sont alors repris avec un art consommé du ridicule (on se croirait dans Red is dead !). Sommet du spectacle : le père de famille dément courant et beuglant dans des bois obscurs, le regard méchant et une hache à la main. Stop. Heureusement, le métrage a la bonne idée de faire court. Tant mieux pour nos neurones, les 84 minutes écoulées les auront déjà bien assez mis au supplice.
Circulez, y’a rien à voir.
Merci beaucoup pour tes avis et ta critique.dino VELVET a écrit :J'ai trouvé Désaxé franchement mauvais, mon avisPetite production britannique, Désaxé (Axed en VO) est un film écrit, financé et réalisé par un certain Ryan Lee Driscoll. Inconnu au bataillon, Driscoll signe pourtant ici son deuxième long-métrage après Making a killing (obscur titre de 2002). Bref, Désaxé s’inscrit d’emblée dans la catégorie « inédit vidéo dont on n’attend pas grand-chose ».
Et pourtant, le pitch du métrage (après avoir perdu son travail, un costard cravate va péter les plombs) possède un certain potentiel. On pense notamment à un possible jeu sur la frontière ténue entre normalité et folie, à une intéressante inversion des valeurs (avec un tueur dissimulé sous le masque d’un individu lambda) et à un sous-texte social virulent (la crise économique produit des monstres). Dans l’absolu, le film pouvait même se poser comme le pendant horrifique d’un Chute libre.
Dans les faits, Désaxé est un ratage intégral, un bien mauvais film qui n’appelle pas un long discours (vous êtes prévenu). On tombe dans un schéma usé jusqu’à la corde : cinq personnes (dont un cinglé) et une bicoque au milieu de nulle part. Le traitement est verbeux et sans la moindre originalité. Aucune tension. Un crescendo narratif boiteux. On a connu plus attrayant. Dans sa dernière partie, Désaxé bascule dans le slasher et touche le fond. Les pires clichés du genre sont alors repris avec un art consommé du ridicule (on se croirait dans Red is dead !). Sommet du spectacle : le père de famille dément courant et beuglant dans des bois obscurs, le regard méchant et une hache à la main. Stop. Heureusement, le métrage a la bonne idée de faire court. Tant mieux pour nos neurones, les 84 minutes écoulées les auront déjà bien assez mis au supplice.
Circulez, y’a rien à voir.
The incident est carpentérien en diableInédit vidéo, Dead season est le cinquième long-métrage d’Adam Deyoe, réalisateur inconnu dont IMDb nous apprend la polyvalence (il a occupé de nombreuses fonctions sur ses précédents films). Ici encore, il joue les cumulards, apparaissant au générique en tant que scénariste, producteur, réalisateur, monteur et acteur.
Aspirant à ne pas être un énième zombie movie de plus, Dead season évacue rapidement les figures obligatoires du genre. En deux temps trois mouvements, le métrage nous fait un bref topo sur les débuts du phénomène (les initiés relèveront que le premier cas est apparu à Pittsburg) puis nous dépeint la difficile survie en territoire zombie et l’horreur d’une confrontation avec une horde de morts-vivants. Là où la plupart des films auraient joué la carte du road movie ou du huis clos, le métrage emprunte une voie plus inattendue avec des personnages trouvant refuge sur une île. Endroit réputé sûr, la retraite insulaire, eldorado « romerien » par excellence, est ici atteinte dès la fin de la première bobine. Progression narrative intéressante : Dead season commence là où les autres films de zombies s’arrêtent.
Si Dead season nous montre bien des zombies gloutons à l’ouvrage, tel n’est pas son principal propos. Pour Adam Deyoe, l’important est de soigner l’ambiance (mélancolique à souhait) et le côté humain. Dead season se focalise ainsi sur le prix élevé de la survie, les barrières morales que la nécessité impose de franchir, les limites éthiques de chacun. L’obligation de tuer des proches avant la terrible métamorphose aura rarement été si poignante à l’écran (voir comment le personnage de Tweeter reste hanté par la mort du garçonnet). Malin, Adam Deyoe confère une dimension intéressante à son métrage en nous montrant des rescapés contraints d’instituer une forme d’anthropophagie « propre » pour subsister. La frontière entre humains et morts-vivants se fissure. Troublant.
Formellement, le métrage parvient aussi à tirer son épingle du jeu. Sans être époustouflants, les visuels possèdent une certaine allure. La mise en scène relativement posée, le jeu sur la profondeur de champ et la photographie travaillée font parfois même oublier que l’on visionne un mini budget shooté en vidéo. Un petit exploit.
Loin du navet horrifique que l’on pouvait redouter, Dead season s’impose comme un zombie movie avec d’indéniables qualités narratives et visuelles. Une bonne surprise.
Red state est terrible je dois rédiger le test DVD demainEmballé en trente jours et pour moins de deux millions d’euros, The incident marque les débuts au cinéma d’Alexandre Courtès, clippeur reconnu ayant notamment travaillé pour U2, Air, Noir désir, The white stripes et Daft punk.
L’écueil est connu. Lorsqu’un talent du vidéoclip réalise son premier long-métrage, on redoute toujours un formalisme outrageusement esthétisant. Heureusement, Alexandre Courtès ne tombe pas dans le piège. A des années lumière de la bande démo poseuse, The incident n’est jamais victime d’une mise en scène trop démonstrative, bien au contraire. Conscient du danger, Courtès a justement tenu à éviter tout côté « clippeur », préférant privilégier simplicité et efficacité. Une démarche modeste qui s’avère payante à tous les niveaux.
Réussite esthétique totale, The incident bénéficie d’une mise en scène carrée directement héritée du cinéma de genre des années soixante-dix et quatre-vingt. Le scope topographique et la capacité à générer une ambiance rien qu’en filmant un décor évoquent irrémédiablement le cinéma de John Carpenter. La chose est confirmée par Alexandre Courtès, qui mentionne Assaut parmi les principales influences de son film. Précis (superbes « cadres dans le cadre »), Courtès nous livre une mise en place exemplaire, puis cultive savamment une ambiance fantastique anxiogène (des fous déambulent dans un asile plongé dans le noir), une atmosphère lourde ponctuée d’éclats de violence bien douloureux. Du bel ouvrage, magnifié par une photographie tranchée (noirs profonds) et une direction artistique soignée (les décors ont de la gueule).
C’est un même souci d’efficacité que l’on retrouve au niveau narratif. Totalement premier degré, l’intrigue est dégraissée au maximum. Prenant le temps de soigner l’exposition (belle présentation de personnages simples, crédibles et attachants), le script nous réserve ensuite une sacrée montée en puissance tout en conservant son côté direct. Sorte de version horrifique de Vol au-dessus d’un nid de coucou, le scénario de The incident brasse des thématiques chères à Big John (l’enfermement, la folie, le chaos). On y revient. A noter toutefois que le métrage ne tombe jamais dans l’hommage appuyé. Si l’influence est là, c’est cependant sous une forme parfaitement digérée.
A la manière de l’excellent The house of the devil, The incident ressemble à un inédit miraculeusement exhumé. Une bonne vieille série B à l’ancienne, simple et efficace. On appelle ça une petite perle.
Sinon, j'ai aussi fait Don't be afraid of the darkSpécialiste de la comédie, Kevin Smith (Clerks, Dogma) s’attaque au genre horrifique avec Red state. Une surprise ? Pas tant que ça pour qui s’intéresse au personnage et à sa filmographie.
Les racines de Red state sont, paradoxalement, à chercher du côté de Top cops (Cop out), un buddy-movie réalisé par Smith l’année précédente. Sur Top cops, premier film dont il n’a pas lui-même écrit le scénario, le barbu du New Jersey se contente d’assurer la mise en scène, sans passion. Relégué au rang de simple faiseur sur une comédie désincarnée, il vit très mal la situation. Douché par cette expérience (au point d’envisager, encore aujourd’hui, d’arrêter la réalisation), l’artiste souhaite alors renouer avec la totale indépendance de ses débuts, celle qu’il avait connu sur Clerks. De cette soif de liberté naîtra Red state.
Œuvre à budget réduit (quatre millions de dollars) tournée en vingt-cinq jours, Red state est écrit, réalisé et monté par Smith. Désireux de garder la maîtrise jusqu’au bout, le réalisateur prendra même en charge la distribution de son œuvre, allant jusqu’à assurer personnellement une petite tournée aux Etats-Unis (diffusé en sa présence, le film fait ensuite l’objet d’un débat). Un retour aux sources salvateur.
Difficile de parler de Red state. Si l’œuvre contient, à première vue, des éléments chers à son auteur (la bande de potes, le sexe, la religion), elle ne ressemble à aucun autre titre de sa filmographie et, plus largement, à aucun autre long-métrage. Dotée d’une construction étrange (un brin chaotique), l’intrigue de Red state ménage plusieurs surprises de taille. Une progression narrative désarçonnante qui, si elle ne plaira pas à tout le monde, s’imposera comme l’une des grandes qualités du film. Afin de ne pas trop en dévoiler, on se bornera à relater que l’intrigue s’articule autour d’un certain Abin Cooper (excellent Michael Parks), pasteur fanatique qui, avec ses ouailles (une petite vingtaine d’illuminés), voue une haine féroce aux homosexuels, considérés comme les pires suppôts du Malin. Signalons que l’histoire possède un terrifiant fond de vérité, le personnage de Cooper étant inspiré d’un véritable pasteur (Fred Phelps) prêchant les mêmes valeurs nauséabondes.
Film furieux et sans concession, Red state est l’œuvre d’un Kevin Smith cinglant qui fulmine contre les dérives sectaires, mais pas uniquement (voir comment la bureaucratie américaine est épinglée). Imprévisible (aucun personnage n’est à l’abri), viscéral et dérangeant, le film, porté par une mise en scène organique, cultive une atmosphère tendue et dispense des moments glaçants où la tension psychologique se conjugue à une violence graphique abrupte. Impossible d’y rester indifférent. Mais n’en disons pas plus pour ne pas gâcher l’expérience. De toute façon, Red state est un titre qui se vit.
Une œuvre puissante et originale.
Produit par Guillermo Del Toro, Don’t be afraid of the dark est le premier long-métrage du réalisateur canadien Troy Nixey. C’est aussi le remake des Créatures de l’ombre, téléfilm de 1973 qui traumatisa toute une génération d’enfants et d’adolescents.
Don’t be afraid of the dark serait-il le film de son producteur ? Esthétiquement très proche du cinéma de Del Toro (Le labyrinthe de Pan en tête), il soulève nécessairement la question. On sait par ailleurs que le barbu mexicain a cosigné le script, qu’il a contribué à définir le design du métrage (via de nombreux croquis) et qu’il fut ponctuellement présent sur le tournage (il fait même un petit caméo). Aux dires de Troy Nixey, Del Toro aura été un producteur attentionné mais pas envahissant. Ce serait davantage la proximité entre leurs deux univers qui expliquerait le look « deltoresque » du métrage. Un argument en partie validé par le court-métrage de Nixey, Latchkey’s lament. A l’arrivée, si Nixey n’a sans doute pas été un simple pantin, Don’t be afraid of the dark porte néanmoins la patte caractéristique de Guillermo De Toro. Heureusement, il y a pire.
Quelle que soit la véritable répartition de la paternité du film, force est de constater que le résultat est réussi. C’est bien là l’essentiel. Les défauts de l’original (personnage principal mal écrit, décors sans âme, réalisation plate, etc.) sont tous gommés, laissant place à un fantastique aux forts accents gothiques. S’appuyant sur une direction artistique soignée (décors superbes), Troy Nixey signe une mise en scène à l’ancienne, élégante et racée (mention spéciale à la séquence de la salle de bains). Sorte de conte de fée mélancolique, Don’t be afraid of the dark joue habilement sur nos peurs d’enfance (la cave, les monstres, le danger tapi sous le lit) et nos phobies ataviques (l’obscurité). Ceci jusqu’à un final à la charge émotionnelle inattendue. On pardonnera dès lors les menus défauts du film, qui tiennent surtout à l’emploi de clichés du genre (l’autochtone bourru qui se méfie des lieux, l’enfant que les adultes mettent un temps fou à croire).
Un bon film d’épouvante.