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Gardiens des trésors de Corse
Mercredi 18 février à 20h35
Des paysages époustouflants, de nombreux édifices classés, une faune et une flore uniques et intactes, des produits identitaires réputés… la Corse se distingue par ses trésors naturels, historiques et culturels qu’elle érige autant qu’elle prend soin de protéger. Pour des Racines & des Ailes, le réalisateur François Guillaume a suivi quatre amoureux de l’île de Beauté, corses ou d’adoption, qui se sont donnés pour mission la préservation du patrimoine naturel, architectural et culinaire de cette terre insulaire française, joyau de la Méditerranée.
Jacques Moulin et Eva Poli, des anges-gardiens qui viennent de loin
L’un est Parisien et architecte en chef des Monuments historiques, la seconde, Polonaise et restauratrice d’art. Leur point commun : un coup de foudre pour la Corse et la profonde envie d’œuvrer à la sauvegarde de son patrimoine historique et artistique. Depuis 13 ans, Jacques Moulin a en charge la restauration des nombreux édifices classés de Corse. Deux fois par mois, il se rend sur l’île afin de suivre les chantiers qu’il entreprend, notamment la rénovation d’églises et de couvents situés loin des centres urbains. Nous le suivons, entre autres, dans sa région préférée, « son paradis », la Castagniccia, une foret de châtaigniers entre collines et montagnes située au sud Ouest de Bastia. Plusieurs édifices religieux risquent de s’effondrer et nécessitent une urgente rénovation. Parmi eux, l’église de Valle d’Orezza dont la toiture, la façade, les boiseries et les peintures doivent être restaurées. Mais l’un des plus gros chantiers de Jacques Moulin reste le couvent d’Alesani, édifié au 13ème siècle. Un haut lieu de l’île où a été proclamé en 1736 le premier roi des Corses. Sa rénovation totale a réclamé cinq années de travaux. Les peintures baroques ont été ravivées grâce au travail de la restauratrice Eva Poli, qui a élu domicile en Corse il y a près de trente ans et s’est spécialisée dans les tableaux, la peinture murale et les objets en bois. Dans son atelier de Speloncato, elle restaure tableaux, christs et statues que lui confient les municipalités de l’île.
Près d’Ajaccio, on retrouve Jacques Moulin. Il nous guide sur un site à l’abandon depuis des années et qui lui tient particulièrement à cœur de sauver : le château de la Punta situé sur les hauteurs de la ville. Il fut construit avec les pierres du Palais des Tuileries, à Paris, que la famille Pozzo di Borgo, farouche adversaire de Napoléon, rapporta après l’incendie de l’édifice par les Communards en 1871. Endommagé depuis 1978, le château de la Punta est fermé au public. Jacques Moulin tente depuis des années de convaincre le département de Corse du Sud, propriétaire de l’édifice, de lancer sa restauration…
Romuald Royer, défenseur de l’identité culinaire corse
A Propriano, le jeune chef corse Romuald Royer, 27 ans, nous ouvre les portes de son établissement, Le Lido. Son restaurant est célèbre pour son emplacement exceptionnel au bord de l’eau et pour sa spécialité, la langouste au four, dont la recette est tenue secrète par sa belle-famille depuis 1932. Ce jeune chef fait partie de l’association « Génération C », créée en 2004 qui regroupe plus de 80 chefs français (dont beaucoup d’étoilés). Leur objectif est notamment de défendre les produits du terroir et
de redonner aux jeunes le goût de cuisiner. Les membres de Génération C se réunissent régulièrement. Cette fois, c’est au tour de Romuald Royer de les accueillir. Ce dernier va se mettre en quatre pour leur offrir une cuisine inventive à partir de produits authentiques : la farine de châtaigne, la viande de porc noir avec la coppa, le fameux fromage de brebis le brocciu, les plantes aromatiques du maquis comme la menthe corse ou l’immortelle, les nombreux poissons des eaux corses…. Pour cela, il nous emmène sillonner l’île à la rencontre de pêcheurs, fromagers, botanistes ou agriculteurs comme Jacques Abatucci. Cet éleveur est devenu célèbre sur l’île pour avoir relancé l’exploitation de la vache tigrée, une race originaire de Corse et de Sardaigne qui avait presque disparu. Elevé dans le maquis avec vue imprenable sur la mer, ce troupeau unique en Corse produit une viande à la saveur exceptionnelle.
Jean-Michel Culioli, le protecteur des îles Lavezzi
Ce Corse, responsable scientifique de la réserve des bouches de Bonifacio — la plus grande zone naturelle maritime de France-, nous emmène notamment sur l’un des joyaux du site : les fameuses îles Lavezzi, un confetti d’îlots granitiques au charme magique qui attire plus de 150 000 visiteurs chaque été. De quoi bouleverser le fragile écosystème de cet endroit qui abrite poissons, coraux, oiseaux (cormorans huppés, goéland d’Audouin) et plantes parmi lesquelles de nombreuses espèces endémiques comme le silène velouté (vivace de la famille des œillets). La mission de Jean-Michel Culioli : protéger ce paradis et veiller à ce que le développement touristique se fasse sans conséquence néfaste sur la nature. Pour cela, nous le suivons dans ses actions de nettoyage complet de l’île sur terre et sous l’eau, d’information et de prévention auprès de plaisanciers (lister les interdictions comme la pêche, l’escalade, le bivouac), de sensibilisation auprès des enfants mais aussi de répression avec l’établissement de procès-verbaux en cas de pêche illégale.