"Snakes on a plane", film de série B devenu culte avant sa sortie
Le film d'action et d'horreur "Snakes on a plane" était promis à une honnête carrière de série B, mais il s'est mué en l'un des longs métrages les plus attendus de l'année grâce à des internautes qui ont même obtenu de son studio une version encore plus violente.
Sortant le 18 août en Amérique du Nord, "Snakes on a plane", "Des serpents dans l'avion" en version française, raconte l'histoire d'un policier, joué par Samuel L. Jackson, qui escorte un témoin lors d'un trajet en avion. Mais un chef de la mafia a décidé de se débarrasser du témoin en infestant l'appareil de serpents venimeux...
A la grande surprise des responsables du studio New Line, une nébuleuse d'internautes s'est emparée du film, six mois avant sa sortie. "C'est le titre qui a lancé des milliers de sites internet", reconnaît la responsable de la commercialisation de New Line, Elissa Greer.
Hommages au film, mais aussi bandes-annonces détournées, forums, ventes de T-Shirts, chansons... "La façon dont ce phénomène a pris une vie propre est étonnante", déclare à l'AFP Mme Greer, qui dit aimer particulièrement les satires "Des cochons dans le train" et "Des dromadaires dans le sous-marin".
Loin de vouloir empêcher ces détournements, New Line a laissé faire et l'engouement est devenu tel qu'un site permettant d'envoyer un message personnalisé avec la voix de Jackson est tombé en panne après avoir reçu un demi-million de visiteurs.
Cette pression populaire a rendu New Line attentif aux désirs des internautes et le studio a exaucé leur principal souhait, exprimé sur des forums: cibler un public de jeunes adultes en instillant plus de violence, plus de sang et plus de jurons dans le film.
Prévu à l'origine comme interdit aux moins de 13 ans non accompagnés, "Snakes on a plane" ne sera pas visible par les moins de 17 ans aux Etats-Unis, ce dont se félicite Samuel L. Jackson. L'acteur de "Pulp Fiction" avait déjà milité pour l'abandon du titre original, "Pacific Flight 121".
"Le public veut voir ce film ou ne le veut pas", déclarait-il lors d'un congrès de "Comics", les bandes dessinées américaines, il y a deux semaines à San Diego (Californie, ouest). "Pour les gens qui ont peur de voler et ceux qui ont peur des serpents, cela fera deux terreurs à la fois", a-t-il remarqué.
La prise en compte par New Line des avis des internautes est allée jusqu'à organiser un concours pour désigner la chanson de générique de fin.
Epilogue de cette collaboration sans précédent, un étudiant en droit de Washington, Brian Finkelstein, qui menait campagne depuis six mois sur son site "Snakes on a Blog" pour être invité à la première du film à Hollywood, a obtenu satisfaction lundi dernier.
Pour commercialiser leurs films, les studios misent sur le concept de "familiarité" du public, d'où la prééminence des suites, d'adaptations d'histoires de super-héros ou de nouvelles versions d'anciens longs métrages parmi les oeuvres à gros budget.
Mais "Snakes on a plane" est allé encore plus loin, puisque le film est devenu culte alors que personne n'en avait vu une seule image.
"Le film fonctionne", promet Mme Greer. "C'est vraiment un bon moment que l'on passe. Il vous fait rire, et sauter de votre siège à la minute suivante", dit-elle.
Mais cet exemple sans précédent de "commercialisation malgré lui" met aussi "Snakes on a plane" dans une situation précaire, note le critique Lew Harris, responsable éditorial du site internet spécialisé "Movies.com".
"New Line a réussi avec talent à transformer un film nul en phénomène, mais la question est désormais de savoir s'il va tenir ses promesses" au box-office, déclare-t-il à l'AFP, tout en reconnaissant que "c'est vraiment le film le plus attendu du mois d'août".