Un jeu qui glace le sang
Posté : 21.02.2010 - 10:12
Un jeu qui glace le sang
« Le Jeu de la mort » devrait faire du bruit. Réquisitoire contre la téléréalité, ce vrai-faux divertissement montre des candidats prêts à faire souffrir pour ne pas désobéir.
Jusqu’où sommes-nous prêts à aller dans la cruauté pour ne pas déplaire ? Très loin si l’on en croit l’effrayant documentaire que France 2 s’apprête à diffuser dans le mois qui vient. « Le Jeu de la mort » met en scène un pseudo-jeu de téléréalité où des vrais candidats se voient imposer d’envoyer des décharges électriques à un faux cobaye, sans savoir qu’il s’agit d’un comédien.
L’homme crie, supplie… Rien n’y fait : malgré la douleur qu’ils infligent à l’homme, 81 % des participants obéissent à la jolie animatrice du jeu et… vont jusqu’au bout.
Ecrit et produit par le journaliste Christophe Nick, qui avait signé « TF 1, un pouvoir » avec Pierre Péan, ce documentaire ouvrira une longue soirée baptisée « Jusqu’où va la télé ? ». Dix ans après le premier « Loft Story » sur M 6, cette attaque au vitriol contre la téléréalité dit en substance : « La télévision peut faire faire n’importe quoi à n’importe qui », résume Christophe Nick. C’est en regardant le jeu « le Maillon faible », sur TF 1, que le documentariste a nourri son projet… « Cette émission m’a glacé le sang. C’est l’élimination de l’homme par l’homme. Il y avait là une métaphore de notre époque (pour être un winner, il faut savoir être une ordure), mais en plus un palier était franchi dans le spectacle télévisé », raconte Christophe Nick, qui décide alors de transposer sur un plateau télé l’expérience réalisée en 1963 par le psychologue américain Stanley Milgram (voir ci-contre) sur la soumission à l’autorité. « Hallucinant », de l’avis de journalistes qui ont assisté à la projection de presse. « Nous ne nous attendions pas à de tels résultats », assure Christophe Nick. Des monstres, ces candidats ? « Non, ces gens ne sont ni des héros, ni des sadiques, ni des malades mentaux : ce sont des gens comme nous qui ne sont pas armés pour résister au pouvoir de la télé. Et qui abandonnent leur libre-arbitre. »
* « L’Expérience extrême », par Christopher Nick et Michel Eltchaninoff, Ed. Don Quichotte, 18,50 €, sera mis en vente en librairie le 4 mars.
Une expérience adaptée au cinéma
Pour dénoncer l’obéissance aveugle au pouvoir de la télévision, Christopher Nick s’est inspiré d’une expérience menée en 1963 par Stanley Milgram. Ce chercheur américain en psychologie sociale à l’université de Yale avait recruté par petites annonces des volontaires de 20 à 50 ans. Son objectif : comprendre comment des hommes avaient pu obéir aux Nazis.
Autant de cobayes qui, soumis à l’autorité du scientifique, ont accepté d’infliger à un individu en l’occurrence un comédien des décharges électriques d’une intensité croissante lorsque ce dernier, répondant à leurs questions, se trompait. L’homme avait une minute pour retenir une liste de mots. A chaque mauvaise réponse, il recevait une décharge plus forte. En dépit des cris de douleur et des protestations du faux supplicié, les questionneurs cobayes administrèrent, dans leur majorité (62,5 %), la charge maximale, soit 450 volts. Cette expérience avait été adaptée au cinéma dans « I comme Icare » (1969), le film d’Henri Verneuil avec Yves Montand.
« Le Jeu de la mort » devrait faire du bruit. Réquisitoire contre la téléréalité, ce vrai-faux divertissement montre des candidats prêts à faire souffrir pour ne pas désobéir.
Jusqu’où sommes-nous prêts à aller dans la cruauté pour ne pas déplaire ? Très loin si l’on en croit l’effrayant documentaire que France 2 s’apprête à diffuser dans le mois qui vient. « Le Jeu de la mort » met en scène un pseudo-jeu de téléréalité où des vrais candidats se voient imposer d’envoyer des décharges électriques à un faux cobaye, sans savoir qu’il s’agit d’un comédien.
L’homme crie, supplie… Rien n’y fait : malgré la douleur qu’ils infligent à l’homme, 81 % des participants obéissent à la jolie animatrice du jeu et… vont jusqu’au bout.
Ecrit et produit par le journaliste Christophe Nick, qui avait signé « TF 1, un pouvoir » avec Pierre Péan, ce documentaire ouvrira une longue soirée baptisée « Jusqu’où va la télé ? ». Dix ans après le premier « Loft Story » sur M 6, cette attaque au vitriol contre la téléréalité dit en substance : « La télévision peut faire faire n’importe quoi à n’importe qui », résume Christophe Nick. C’est en regardant le jeu « le Maillon faible », sur TF 1, que le documentariste a nourri son projet… « Cette émission m’a glacé le sang. C’est l’élimination de l’homme par l’homme. Il y avait là une métaphore de notre époque (pour être un winner, il faut savoir être une ordure), mais en plus un palier était franchi dans le spectacle télévisé », raconte Christophe Nick, qui décide alors de transposer sur un plateau télé l’expérience réalisée en 1963 par le psychologue américain Stanley Milgram (voir ci-contre) sur la soumission à l’autorité. « Hallucinant », de l’avis de journalistes qui ont assisté à la projection de presse. « Nous ne nous attendions pas à de tels résultats », assure Christophe Nick. Des monstres, ces candidats ? « Non, ces gens ne sont ni des héros, ni des sadiques, ni des malades mentaux : ce sont des gens comme nous qui ne sont pas armés pour résister au pouvoir de la télé. Et qui abandonnent leur libre-arbitre. »
* « L’Expérience extrême », par Christopher Nick et Michel Eltchaninoff, Ed. Don Quichotte, 18,50 €, sera mis en vente en librairie le 4 mars.
Une expérience adaptée au cinéma
Pour dénoncer l’obéissance aveugle au pouvoir de la télévision, Christopher Nick s’est inspiré d’une expérience menée en 1963 par Stanley Milgram. Ce chercheur américain en psychologie sociale à l’université de Yale avait recruté par petites annonces des volontaires de 20 à 50 ans. Son objectif : comprendre comment des hommes avaient pu obéir aux Nazis.
Autant de cobayes qui, soumis à l’autorité du scientifique, ont accepté d’infliger à un individu en l’occurrence un comédien des décharges électriques d’une intensité croissante lorsque ce dernier, répondant à leurs questions, se trompait. L’homme avait une minute pour retenir une liste de mots. A chaque mauvaise réponse, il recevait une décharge plus forte. En dépit des cris de douleur et des protestations du faux supplicié, les questionneurs cobayes administrèrent, dans leur majorité (62,5 %), la charge maximale, soit 450 volts. Cette expérience avait été adaptée au cinéma dans « I comme Icare » (1969), le film d’Henri Verneuil avec Yves Montand.