Retour à West BaltimoreThe Corner raconte la vie quotidienne des habitants de La Fayette Street à Baltimore, un quartier défavorisé rongé par la drogue qu'on vend en plein jour et la violence. DeAndre McCullough, âgé de quinze ans, vit avec sa mère Fran et son père Gary, qui sont tous deux toxicomanes. La série a été adaptée d'un livre enquête écrit par David Simon et Edward Burns et adopte le procédé du faux documentaire pour rendre compte de la dureté du propos.
A posteriori, The Corner s’impose en effet comme une jolie préquelle de The Wire.
Derrière le scénario, on retrouve d’ailleurs les mêmes plumes en or massif (David Simon et David Mills) et, à l’écran, pas mal de comédiens qui exploseront dans Sur écoute.
Si le spectre est moins large que dans The Wire (ici, on se focalise exclusivement sur une poignée de junkies), le côté « étude sociologique » n’en est pas moins réussi
J’ai bien aimé comment la série nous démontre que ces personnes n’ont pas toujours été comme ça (flash-backs dévastateurs !) et ne le resteront pas forcément (la rédemption reste possible).
Narrativement et visuellement, c’est plus âpre que The Wire. Un côté rugueux qui colle parfaitement au sujet.
A noter que les épisodes empruntent un procédé intéressant. Au début et à la fin de chaque segment, le réalisateur (l’acteur Charles S. Dutton, lui-même issu d’un quartier défavorisé de Baltimore) apostrophe directement l’un des personnages puis on part sur quelque chose de plus « fictionnel » (même si tout est tiré de faits réels).
La fin du dernier épisode rompt avec ce schéma d’une manière surpuissante et délivre un véritable raz-de-marée émotionnel
The Corner ou une œuvre profondément humaniste d’un peu plus de six heures.
Une série haut de gamme qui préfigurait un chef-d’œuvre télévisuel.
Du lourd made in HBO.