The woman (Lucky McKee - 2011)

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dino VELVET
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The woman (Lucky McKee - 2011)

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Quand un avocat capture et tente de "civiliser" une "femme sauvage", rescapée d’un clan violent qui a parcouru la côte nord-est des États-Unis pendant des décennies, il met la vie de sa famille en danger.


Je m'auto-quote ...
Commençons par un retour en arrière. 1980, l’écrivain Jack Ketchum publie un premier roman aux allures d’électrochoc : Off season (Morte saison). En 1991, il lui donne une suite, intitulée Offspring. Presque vingt ans plus tard, en 2010, cette séquelle est adaptée à l’écran par Andrew Van Den Houten. Malgré une réception mitigée, Offspring le film fera l’objet d’une suite : The woman. Produite par Van Den Houten, co-scénarisée par Ketchum et réalisée par Lucky McKee (May), elle nous parvient aujourd’hui en vidéo. A noter qu’il n’est pas indispensable d’avoir vu Offspring (toujours inédit en France) pour apprécier The woman.

Précédé d’un parfum de scandale (il fit grand bruit à Sundance), The woman est un métrage aux apparences trompeuses. Si les porteurs d’œillères auront tôt fait de crier à la violence gratuite et à la misogynie, le spectateur plus avisé saura y voir un film d’horreur brassant des thématiques passionnantes. Œuvre réussie dans ses aspects horrifiques, The woman est également une critique acerbe des sociétés dites civilisées et un remarquable pamphlet féministe. Rien que ça.

En emprisonnant une femme sauvage (intense Pollyanna McIntosh), la famille Cleek trouve un projet fédérateur dont les objectifs sont explicitement définis dans les dialogues. « Qu’est-ce qu’on va faire d’elle ? Nous allons la dresser […]. La civiliser, la libérer d’elle-même. De ses instincts primaires. » Présentée comme bienveillante, cette démarche dissimule en réalité un jeu pervers fait de séquestration et de sévices, de domination et de pouvoir. Derrière le vernis de la normalité, et sous ses dehors civilisés, la famille n’a rien de respectable. Pire encore, ses cinq membres (les parents et leurs trois enfants) ne valent pas mieux que leur captive, loin s’en faut. Si la sauvageonne a bien accompli des actes barbares au sein de sa propre cellule familiale (cf. Offspring), ceux-ci étaient dictés par l’instinct de conservation, ni plus ni moins. Les agissements des Cleek, eux, sont soit d’une grande lâcheté (la mère, la fille aînée), soit malveillants et gratuits (le père, le fils). Développant ainsi une vision rousseauiste, The woman égratigne la notion d’être humain civilisé et oriente l’empathie du spectateur vers la sauvage.

Non content de tirer à boulets rouges sur les limites de la civilisation, le film est aussi une charge en règle contre la misogynie. Là encore, le fonctionnement tordu de la famille Cleek revêt un caractère métaphorique. Dominateur, violent, le père n’a d’estime que pour son fils et méprise sa femme et ses filles. Tyran domestique insidieux, il prend un malin plaisir à soumettre la gent féminine. Enfin libérée de ses entraves, la Femme lui fera douloureusement payer toutes les brimades infligées et, par extension, se posera comme l’émanation révoltée et farouche d’une féminité opprimée.

Riche sur le fond, The woman possède également une forme soignée. Inspiré (excellente utilisation du son), Lucky McKee installe une ambiance dérangeante (la visite nocturne à la Femme laisse un sale goût dans la bouche) et délivre un puissant crescendo dramatique. Bombe à retardement, The woman explosera dans un final cataclysmique et bizarroïde. Le climax sera d’ailleurs marqué par une rupture formelle hautement symbolique. Jusqu’alors sobre, presque plate, la réalisation devient folle et acquiert une ampleur incroyable (les grands angles donnent le tournis). La Femme est désormais libre, les visuels aussi.

En dépit d’un gros défaut (l’acteur qui incarne le père de famille joue comme une chaussette), The woman s’impose comme une œuvre horrifique intense qui imprime une marque au fer rouge dans le cortex du spectateur.
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