
À Hong Kong, la centrale nucléaire de Chai Wan a été hackée. Un logiciel malveillant, sous la forme d’un outil d’administration à distance ou RAT (Remote Access Tool), a ouvert la porte à un autre malware plus puissant qui a détruit le système de refroidissement de la centrale, provoquant la fissure d’un caisson de confinement et la fusion de son coeur. Aucune tentative d’extorsion de fonds ou de revendication politique n’a été faite. Ce qui a motivé cet acte criminel reste un mystère. Un groupe de hauts gradés de l’APL (Armée populaire de libération chinoise) charge le capitaine Dawai Chen, spécialiste de la défense contre les cyberattaques, de retrouver et de neutraliser l’auteur de ce crime. À Chicago, le Mercantile Trade Exchange (CME) est hacké, provoquant l’inflation soudaine des prix du soja. Carol Barrett, une agente chevronnée du FBI, encourage ses supérieurs à associer leurs efforts à ceux de la Chine. Mais le capitaine Chen est loin de l’idée qu’elle s’en était faite. Formé au MIT, avec une parfaite maîtrise de l’anglais, l’officier chinois insiste pour que ses homologues américains libèrent sur le champ un célèbre hacker détenu en prison : Nicholas Hathaway.
Un titre boudé par le public (gros flop commercial) et froidement accueilli par une majorité de la critique.
Pour ma part, je n’en pense que du bien

J’y vois même l’un des meilleurs films de Michael Mann. C’est dit.
Evitant les nombreux écueils du film sur la cybercriminalité, Hacker (Blackhat en VO) est un thriller technologique (étiquette qui semble ici très étriquée) diablement bien troussé.
A plus de soixante-dix ans, son réalisateur y fait preuve d’une créativité artistique étourdissante (on pourrait appeler ça « le syndrome Scorsese »).
Coécrit par Mann, le scénario est d’une intelligence rare, sans forcément en avoir l’air

L’intrigue est dense, nerveuse, tendue.
Le crescendo narratif rondement mené.
J’ai bien aimé la manière qu’a le film de prendre certains codes à revers (comme cette façon de commencer par une explosion dans une centrale nucléaire et de finir ... par un combat au couteau) et de s’en approprier d’autres (j’ai cru déceler une grosse influence vidéoludique dans le premier affrontement impliquant Kassar et ses hommes de main).
Visuellement, c’est fameux

Rarement la forme d’un film n’aura si bien épousé son sujet !
Moderne (avant-gardiste ?), Hacker offre une mise en scène fluide, organique et hautement signifiante.
Ici, tout est lié, connecté (la séquence d’ouverture a dû faire pâlir David Fincher

Si le monde est un réseau, le film l’est aussi.
Décidément, Mann fait partie de ces quelques réalisateurs dont le style est immédiatement reconnaissable (je pense, notamment, à sa façon de magnifier les environnements urbains filmés de nuit).
Voilà pour ce spectacle immersif, tripant, hypnotique.
Un titre à voir !
Un bon (voire très bon) film qui appelle d’emblée un nouveau visionnage dans l’optique d’en apprécier pleinement toutes les nuances (visuelles et narratives).
Typiquement le genre d’œuvre qui sera réévaluée dans quelques années.
J’en prends le pari
