The human centipede 2 (Tom Six - 2011)
Posté : 02.06.2016 - 20:31

Martin est un quarantenaire handicapé mental fasciné et obsédé par le film "The Human Centipede". Il cherche à créer à sa manière le fruit de la création entrepris par le Docteur Heiter dans le film original. Son objectif est de faire un mille-pattes avec douze personnes, toutes reliées de la tête à l'anus pour ainsi créer le plus long tube digestif au monde.
Un choc !



Sans doute l'un des films qui ont le plus titillé mon seuil de tolérance (je m'estime assez blindé de ce côté-là).
Je me quote

Film devenu culte auprès de certains afficionados de l’horreur, The human centipede connaît les honneurs d’une suite trois ans plus tard, avec un second opus radicalement différent.
Commençons par un petit flashback. 2009. La sortie de The human centipede produit une petite onde de choc. Ressemblant au rejeton d’un coït fiévreux entre le cinéma de Cronenberg et celui de Miike, le film de Tom Six est un cauchemar organique au pitch démentiel. Pour ceux qui n’auraient pas eu vent de la chose, rappelons qu’il y était question d’un chirurgien obnubilé par l’idée de créer un système digestif unique avec trois personnes, en cousant bouches et anus entre eux. L’horreur coprophage était née. Surprise alors : The human centipede était davantage qu’une bête de festival, plus qu’un simple exercice de style « trashisant ». Tom Six signait un vrai film affichant, étonnamment, un côté clinique, « propre » (The human centipede reste très suggestif), et revisitant la figure du savant fou avec un sérieux imperturbable. Si l’œuvre demeurait pour le moins étrange, elle avait le mérite de tenir la route artistiquement. N’en déplaise à certains.
2011. S’aventurant sur le territoire dangereux de la suite, Tom Six s’en sort fort bien. Son credo ? Pousser le délire beaucoup plus loin et prendre le contrepied total du premier film. La rupture est d’abord esthétique. Ici, le réalisateur opte pour une photographie en noir et blanc qui accentue le côté poisseux du long-métrage. Un choix payant. Cette deuxième itération du millepatte humain s’avère aussi nettement plus graphique. Cette fois-ci, l’approche est plus frontale ... et beaucoup plus sale. Dans le premier opus, le pire demeurait hors-champ. Dans The human centipede 2, rien ne nous est épargné. On assiste en détail au processus de création du millepatte et à son horrible « fonctionnement ». Chaque étape est filmée. Cassage de dents au marteau, maladroite découpe des chairs, abouchage grossier des victimes entre elles, ingestion des matières fécales ... tout figure à l’écran. Ames sensibles, s’abstenir. Toujours dans une optique de renouvellement, le personnage principal (le tortionnaire) change aussi radicalement. On passe d’un chirurgien raffiné et soucieux de préserver ses « patients » à un gardien de parking un peu attardé n’ayant aucune notion médicale. Côté acteur, le grand escogriffe au visage taillé à la serpe (Dieter Laser) cède la place à un gnome binoclard et pansu (épatant Laurence R. Harvey). S’agissant du scénario, Tom Six joue la carte de la mise en abîme avec un pitch acide et provocateur. Jugez plutôt : obsédé par le film The human centipede, un homme dérangé décide de mener l’expérience en vrai et voit les choses en grand (douze « segments » au lieu de trois). Un script en forme de majeur tendu, adressé aux détracteurs du premier volet et aux contempteurs du cinéma d’horreur en général. Piquant. S’il ne ressemble à rien d’autre (c’est une de ses forces), The human centipede 2 évoque néanmoins le côté dépressif d’un Roy Andersson (Chansons du deuxième étage), la folie débridée de György Pàlfi (Taxidermie), la crudité sidérante de Nacho Cerdà (Aftermath), la « glauquitude » façon Pier Paolo Pasolini (Salò ou les 120 journées de Sodome) et le côté crasseux des films de Jörg Buttgereit (Nekromantik).
Singulière, éprouvante, l’expérience qu’offre The human centipede 2 est viscérale, au-delà des mots. Disons qu’il s’agit d’un film malade, sordide. Un long-métrage vénéneux, insidieux. Un millepatte vorace qui se faufile sournoisement dans votre cortex et y joue des mandibules, laissant une petite entaille après son passage. C’est une œuvre d’une noirceur absolue qui suinte la folie par tous ses pores. Un voyage dont on ressort comme sali ... et pas totalement indemne. Le visionnage laisse pantois. Rares sont les longs-métrages horrifiques à infuser une telle sensation délétère. On conçoit d’ailleurs que le film ait eu quelques soucis avec la censure. Moyennant plusieurs coupes, il a écopé d’une interdiction aux moins de dix-huit ans au Royaume-Uni et en Australie, ceci après y avoir été interdit purement et simplement dans un premier temps. On se demande aussi ce que Tom Six a pu nous concocter pour un troisième volet (Final sequence) qui présage d’un spectacle ahurissant, le réalisateur en parlant en ces mots : « La partie 3 ira bien plus loin. Le 2 est un Disney comparé à ce que sera la 3. » Voilà qui fait déjà froid dans le dos ...
Macabre symphonie de merde et de sang, The human centipede 2 nous emmène loin dans les tréfonds de l’horreur. La virée est dérangeante. Extrême.
