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Antoine et Olga, un couple de Français, sont installés dans un petit village de Galice. Ils ont une ferme et restaurent des maisons abandonnées pour faciliter le repeuplement. Tout devrait être idyllique mais un grave conflit avec leurs voisins fait monter la tension jusqu’à l’irréparable.

Et revoila Rodrigo Sorogoyen qui nous signe, encore une fois, un film magnifiquement ciselé.

Une œuvre à la fois dans la droite lignée et très différente de son précédent long-métrage, le terrassant Madre.

As Bestas ou comment une querelle de voisinage va dégénérer de plus en plus. Une version cauchemardesque d’un certain retour à la nature, à la terre.

Sur ce postulat (ici résumé à l’extrême), va se déployer un récit oppressant, anxiogène.

Une œuvre qui prend aux tripes et dispense un crescendo narratif hypnotique.

Mais le film est bien plus que cela. C’est une bombe à retardement qui offre une profondeur impressionnante et de multiples niveaux de lecture

Sa dernière partie brille en explosant les codes : durée substantielle après le climax (mais l’est-ce vraiment ?), modification systémique de l’importance des différents personnages, dévoilement des véritables (?) thématiques principales (l’amour et la perte), … C’est juste brillant.

Comme de coutume, Sorogoyen nous signe une mise en scène acérée. Voir, entre autres, comment des scènes de dialogue prennent ici des proportions dévastatrices (Antoine discutant avec les deux frères au bistrot du village, Olga prise à partie par sa fille, Olga parlant avec la mère des voisins). Fulgurant !

Je termine en signalant que les acteurs sont tous ici en état de grâce (Marina Foïs ! Luis Zahera !).

As Bestas est un grand film.

Dur et puissant.