terrible !!
j'ai la vhs mais je l'ai jamais vu !
copier coller de l'ami john nada de nanarland :
Ice Pirates
Accroche de la jaquette : « Aventures sidérales dans un autre monde... dans 10 000 ans. »
Accroche de la jaquette originale : « You have to be there to see it »
L’histoire de ce film complètement fou se déroule 10 000 ans dans le futur, sur une planète dont la denrée la plus précieuse est l’eau, liquide indispensable (pour ceux qui ne le sauraient pas) qui se fait de plus en plus rare et dont l’approvisionnement est contrôlé par les Templiers de l’Empire (les méchants du film, donc). Pour s’opposer à eux, il n’y a guère que les pirates de la glace, un groupe d’aventuriers fougueux ainsi nommé parce que ses membres n’hésitent pas à partir à l’abordage des vaisseaux de l’Empire (des sortes de gros réfrigérateurs interstellaires qui transportent des blocs de glace à travers toute la galaxie).
Cette bande de pirates, ô combien hétérogène, se compose d’individus fortement typés : une femme guerrière teigneuse, au look rétro-futuriste furieusement années ’80 (et jouée par Anjelica Huston, si, si), un jeune voleur, meurtrier à l’occasion mais en même temps teeellement sympathique, un technocrate très terre à terre et aussi quelques robots apathiques, qui ont bizarrement tous l’air très fatigués et qui font preuve d’un sens de l’humour incroyablement déprimant, toute cette petite clique étant dirigée par le courageux et admirable capitaine Jason (interprété avec truculence par Robert Urich, moins connu pour ses rôles au cinéma qu’à la télévision), accompagné de la pimpante princesse Karina (qu’incarne Mary Crosby, une actrice dont le nom n’a qu’un faible pouvoir évocateur mais dont les traits hanteront à jamais la conscience collective américaine pour être ceux de la femme qui tire sur J.R. dans Dallas).
Mélange improbable de Star Wars et de Dune, croisement bâtard entre Albator et le Capitaine Flam aux airs de conte de fée pétulant mâtiné d’aventures débridées, le tout sur fond de message écolo, Ice Pirates synthétise la quintessence de l’humour des années ’80, ses délires et ses atteintes au bon goût parfaitement assumées, étalant avec une excentricité rarement égalée ses scènes relativement dispendieuses dans une orgie de couleurs qui éclatent dans chaque costume, chaque décor outrageusement baroque, constituant au final une sorte de patchwork visuel délirant semblant puiser son inspiration esthétique tant dans les films médiévaux que dans La Fièvre du Samedi Soir. Bon, certains vont peut-être trouver que j’y vais un peu fort, mais si Nanarland se donne un jour la peine d’en proposer quelques morceaux choisis, vous pourrez facilement vous faire une opinion.
Il serait complètement fastidieux (et surtout beaucoup trop long) de vouloir procéder à une énumération exhaustive de tous les petits délices de ce film, mais en vrac me reviennent :une drogue qui fait planer au sens propre du terme ceux qui en consomment, un enfant robot traumatisé par la mort de ses parents (robots eux aussi, donc), décapités sous ses yeux, et qu’on voit zigzaguer pathétiquement entre leurs carcasses inertes en appelant « Papa ! Maman ! », ainsi qu’une édifiante armée de clones de Lionel Jospin en justaucorps blanc, dont deux des héros pirates rejoignent temporairement les rangs après avoir échappé au supplice d’une insolite machine à émasculer.
Et, surtout, la grosse séquence de ce Ice Pirates, en guise de fin absolument mythique : à la recherche de son père (un bon gros cliché qui n’est évidemment pas le seul du film), la princesse reçoit un message de celui-ci l’invitant à le rejoindre sur une chouette planète pleine de flotte (genre la Terre) et qui se termine ainsi : « ...mes coordonnées sont 2.8.3. sur la projection Iona... mais attention, si tu déviais ne serait-ce que d’un degré, tu resterais en suspension dans le temps pour toujours ! ». Evidemment, au moment de mettre le cap, les gentils pirates se font aborder par les méchants Templiers de l’Empire, et leur vaisseau dévie immanquablement de sa trajectoire. Du coup, tous se mettent à vieillir à vue d’œil au cours d’une folle bataille générale dont les protagonistes, bien qu’ils disposent tous d’armes à feu, préfèrent de loin se battre à la hache ou à l’épée (c’est tellement plus old school). Barbe et cheveux poussent à une vitesse démente, puis blanchissent, dans chaque camp on répare ses robots, qui se déglinguent au fur et à mesure... Bref, c’est l’anarchie totale, alors qu’en plein combat, le capitaine Jason apprend que la princesse est enceinte : le temps d’arriver dans la chambre de celle-ci, le bébé est né, fruit de la scène d’amour irrévérencieusement kitsch dont le spectateur a été témoin quelques minutes auparavant. Pendant ce-là, la lutte devient de plus en plus pathétique entre de vieux pirates croulants et un commandeur suprême quasi sénile à la tête d’une piteuse armée de robots déglingués. Coup de théâtre rocambolesque, les vieillards pirates seront finalement sauvés par le fils de la princesse et du capitaine, devenu adulte en l’espace d’une poignée de minutes ! Bien entendu, une fois la victoire remportée, la trajectoire du vaisseau sera rétablie et tout rentrera dans l’ordre.
A moins d’être irrémédiablement hermétique au second degré bien tassé, ce space opera gentiment foireux se révèle donc tout ce qu’il y a de plus jouissif, s’inscrivant dans la même veine que les ringards Buck Rogers et Flash Gordon avec un je-ne-sais-quoi de sensiblement plus dément. En termes de crédibilité et de sérieux, ce bougre de Stewart Raffill se rattrapera quelque peu la même année en réalisant The Philadelphia Experiment, produit par John Carpenter, avant de commettre un horripilant Mac & Me en 1988, film destiné au jeune public, certes, mais d’une mièvrerie et d’une ineptie particulièrement odieuses (et dont il faudra bien que je parle ici un jour ou l’autre...).
John Nada : 4/5