Comic Book: The Movie
Posté : 01.03.2005 - 12:51
COMIC BOOK: THE MOVIE
USA - 2004
106 minutes
Réalisateur: Mark Hamill
Avec: Mark Hamill, Donna D'Errico, Billy West, Roger Rose, Jess Harnell et tant d'autres
Donald Swan est un petit professeur du Wisconsin. Il est également l'un des plus grands fans de comic book au monde. Or, les aventures de son héros favori, Commander Courage, un superhéros patriote se battant pour la liberté et les valeurs américaines, s'apprêtent à être portées à l'écran sous un nouveau nom, Codename COURAGE, un soldat anti-terroriste répondant plus à la mode actuelle. Les studios décident d'engager Swan pour apporter une certaine crédibilité à leur projet et l'envoient à la convention de comics de San Diego à l'occasion de l'annonce publique du tournage du film pour tourner un documentaire sur l'évènement.
Mettons les choses au clair tout de suite. Le titre de ce film pourrait facilement être : Mark Hamill : un geek au pays des geeks.
La première chose qui frappe à la vision de ce film, c'est à quel point Hamill est un allumé du comic book, une encyclopédie sur pattes qui semble tout connaître sur le medium en question. Il suffit de le voir se balader dans les allées de la Comic-Con de San Diego à déblatérer sur l'histoire des comics tout en s'interrompant régulièrement pour lancer, tel un gamin émerveillé devant le jouet de ses rêves, "Regardez, c'est superman !" ou encore "Qu'est-ce qu'il est beau, ce Batman."
Comic Book: The Movie est avant tout une ode aux amateurs de comic book, une célébration de cette passion souvent considérée comme stupide ,surtout dans notre contrée où les amateurs de BD considèrent bien souvent les productions américaines comme des torchons alors que leurs racine splongent bine plus profondèment dans notre histoire qu'on pourrait le croire.
Au travers d'un personnage fictif né dans les années 40 (l'Age d'Or des comics), Mark Hamill nous trace un petit historique des comic books de l'Age d'Or avec les raisons de leur succès et aussi celles qui ont motivé une certaine censure à l'époque de McCarthy.
Commander Courage n'est d'ailleurs rien d'autre qu'un amalgame des grandes figures de cet Age d'Or. Né suite à la catastrophe de Pearl Harbor, il rejoint Captain America dans la catégorie des superhéros patriotes ayant participé à l'effort de guerre. Il vole comme Superman. Il est flanqué d'un jeune sidekick, Liberty Lad, comme Bucky accompagnait partout Captain America. Et ses pouvoirs lui viennent d'un chaman indien comme Shazam/Captain Marvel tient les siens de certains dieux grecs.
A côté de ça, le prétexte du film lui permet de toucher un sujet que beaucoup d'amateurs de tout poil, et pas seulement des comics, connaissent : l'irrespect souvent démontré par les studios quand il s'agit d'adapter à l'écran un livre ou une bande dessinée ayant une longue histoire et/ou un contingent de fans importants.
Don Swan représente le fan que nous avons tous enfoui au fin fond de nous et qui se réveille chaque fois qu'un projet de ce genre ne tourne pas tel qu'il le voudrait. Sa raison pour accepter de représenter le studio est d'essayer de les faire se ranger à ses idées sans les y forcer, mais en leur faisant réaliser ce que représente Commander Courage aux milliers de fans de la Comic-Con.
Car oui, tous les gens que l'on croisent dans le film au cours de la convention connaissent Commander Courage. Même les célébrités présentes en grand nombre ont leur mot à dire sur Commander Courage, son histoire et ce qu'il représente. Que ce soit Kevin Smith (qui trouve le moyen d'inclure certaines anecdotes personnelles dans son interview), Stan Lee, Matt Groening ou Bruce Campbell (quelques célébrités parmi tant d'autres), ils ont tous leur mot à dire sur ce héros qui a, semble-t-il, marqué des générations.
Finalement, la grande force du film est que les dialogues ne sont pas du tout scénarisés, mais improvisés de bout en bout. Aucun scénariste n'est crédité au générique et rien qu'en voyant les discussions de Swan avec Kevin Smith ou Matt Greoning, on sent à fond la puissance de l'impro (l'intégralité de la discussion Swan/Smith est présente en scène coupée et dure 20 minutes... un régal). C'est selon moi un tour de force de la part de Hamill qui a voulu faire que ce faux documentaire soit le plus réaliste possible.
En somme, un véritable régal pour tout amateur de comic book mais aussi pour tous ceux qui veulent voir la passion à l'état pure transpirer de chaque millimètre de pellicule.
J'ai volontairement zappé la présentation des seconds rôles mais en voici tout de même un aperçu : Donna D'Errico en blondissante gourde, la caméraman complètement taré et obsédé par le personnage Hulk (sa théorie sur la raison pour laquelle Hulk n'aurait pas pu apparaître à notre époque vaut son pesant de cacahuètes), le seul parent survivant du créateur de Commander Courage qui n'a jamais lu un seul comic book de sa vie, les représentants du studio avides come c'est pas permis frôlant la crise cardiaque à chaque délire de Don Swan, le meilleur pote de Swan, geek entre les geeks, qui a tellement contaminé son gosse que ce dernier a laissé ses cadeaux de Noël de l'année dernière dans leurs boîtes parce que ce sont des collectors, etc, etc, etc...
Jetez-vous dessus, c'est un régal. Seul bémol : ce film n'obtiendra probablement jamais le célèbre Label Ribellu car il n'existe qu'en Z1 avec une seule piste son (anglaise) et un seul sous-titrage (anglais pour malentendants). Dommage.
Je vous laisse sur cette pensée magnifique de Don Swan qui parle de Pearl Harbor, l'évènement responsable pour la naissance de son héros favori.
"J'ai beaucoup aimé le film mais je pense qu'il aurait été meilleur si on avait vu Affleck s'envoler et casser les avions japonais en deux à mains nues avant de les vider dans la mer."
Que dire d'autre après ça ?