Blood freak - Steve Hawkes & Brad F. Grinter - 1972
Posté : 16.05.2006 - 11:18
je l'ai recu hier et je suis en train de mater les 5 premieres minutes et....
(des extraits sont passés a la nuit exentrique 2 pour ceux qui etaient la)
copier coller de l'ami nikita de nanarland :
BLOOD FREAK
(Aka : Blood Freaks / Drogue Story)
Connaissez-vous l’angoisse de la page blanche? C’est celle du romancier avant la rédaction de son nouveau chef-d’œuvre, de l’étudiant devant sa copie d’examen, du critique de cinéma chargé de dire du bien d’un film de Jean-Luc Godard. C’est aussi celle du chroniqueur nanar devant un morceau dont l’intensité lui semble aller au-delà de sa compétence. Il est des œuvres qui transcendent le jugement des simples mortels, et ce classique de 1972 est de celles-là. Blood Freak, c’est plus fort que toi !
Film culte aux Etats-Unis et bizarrement ignoré en France, «Blood Freak » est sans doute ce qui peut se faire de plus, heu…déconcertant en matière de films d’horreur. Un mélange insane de fumisteries philosophiques à la sauce religieuse, de gore anémique, de craignos monster et de message anti-drogue. Comme dans « Ulysse » de Joyce, il y a de tout dans «Blood Freak », et cette richesse conceptuelle fait qu’on n’y comprend goutte !
La VHS française, dont le visuel est piqué à l'une des éditions vidéo de "Chasseurs d'hommes".
«Blood Freak » (je ne me lasse pas de répéter ce titre, tant il est porteur d’émotion pour moi) a été filmé au début des années 1970, et il convient de dire que cela se voit dans le look des acteurs, leurs tenues vestimentaires, mais aussi dans une sorte de rugosité poisseuse de la mise en scène et de la photo, qui donne plus d’une fois l’impression d’être l’œuvre de dilettantes sous l’emprise de stupéfiants…ce qui était peut-être le cas. Les circonstances du tournage de ce film sont aussi particulières que le produit fini : «Blood Freak » est en effet l’œuvre de Steve Hawkes, scénariste, producteur, co-réalisateur et acteur principal. Ce nageur, admirateur de Johnny Weissmuller, avait déjà promené sa carrure d’athlète et son étonnant non-charisme dans des sous-Tarzan produits en Espagne. Ayant subi de méchantes brûlures lors d’un accident (on voit d’ailleurs ses cicatrices lors d’une scène), Hawkes avait besoin d’argent pour financer ses soins médicaux. Notre homme se livra alors à un pari risqué et risqua son argent dans la production d’un film à petit budget afin de récolter quelques bénéfices. Précisons tout de suite que, malgré un tournage mouvementé qui risqua l’interruption, l’histoire se termina bien, puisque Hawkes tira personnellement 140 000 dollars des ventes de son film. Ce qui nous prouve une fois de plus que les entreprises les plus improbables peuvent être bénéficiaires…Mais assez parlé du tournage, et penchons-nous hardiment sur le plat de résistance : l’étude de l’œuvre proprement dite !
Le narrateur omniscient.
«Blood Freak » s’ouvre sur l’intervention d’un énigmatique narrateur moustachu, incarné par Brad F. Grinter, co-réalisateur du film avec Steve Hawkes. Maître Grinter, par l’opium inspiré, nous tient à peu près ce langage : «Nous vivons dans un monde sujet à de constants changements. Chaque seconde de chaque minute de chaque heure, il y a des changements. Ces changements peuvent paraître invisibles et ce, parce que notre perception est limitée. Par exemple, comment des choses que nous disons et nous faisons, toutes ces choses affectent nos vies. En fait, il semble probable qu’un ordre fantastique régisse tout cela. Quand et comment nous rencontrerons une personne qui deviendra un catholique, ou qui nous conduira vers l’un d’eux. Qu’est-ce qu’un catholique ? Hé bien, dans ce cas, un catholique est une personne qui amènera des changements. Ils peuvent être bons ou mauvais, mais il y en aura, c’est sûr. Vous pouvez en rencontrer n’importe où, dans votre vie de tous les jours, dans un supermarché, drugstore, n’importe où. Même en roulant sur l’autoroute. Une belle fille avec un problème : qui résisterait ? Certainement pas Richard.» (Texte de la version française, reporté dans son intégralité)
Le pire est encore à venir, car ce baragouin, qui se rapprocherait presque du discours sur le karma dans «Eaux sauvages », résume à peu près la teneur du film : nous allons voir un récit aux ambitions philosophiques, sans queue ni tête ni logique, soutenu par une réalisation parmi les pires de tous les temps, filmé par un parkinsonien et monté par un sadique à la tronçonneuse, l’incompétence technique étant à la hauteur du pataquès conceptuel.
Mais le récit de «Blood Freak », quoi-t’est-ce ? Hé bien, comme l’ont compris ceux qui ont suivi le discours d’introduction jusqu’à la fin, nous allons faire la connaissance d’un certain Richard (Herschell dans la VO), vétéran du Vietnam fraîchement retourné aux USA et à la recherche d’un emploi. Interprété par Steve Hawkes en personne, Richard est né pour être sauvage, comme l’indiquent ses rouflaquettes et sa grosse moto. Il va faire la connaissance d’une jeune fille amatrice de pétards corsés et d’un clergyman qui, après un petit sermon sur la Bible, va le pistonner pour un job.
Faisons une petite pause dans le récit pour préciser que «Blood Freak » (ce titre me met en joie, je vais l’imprimer sur mon T-shirt) est un film A VOIR ABSOLUMENT EN VF ! Les copies du film en VHS françaises ont beau être rares et moins facilement trouvables que les DVD américains, vous ne devez aucunement renoncer à vous procurer cette merveille ! Car sachez-le, braves gens, la VF de ce film est la pire de tous les temps, et je pèse mes mots : à côté, celle de «La Vengeance », c’est de la GNOGNOTTE ! Visiblement, la chose a été doublée par le distributeur vidéo lui-même, sa copine et son beau-frère alcoolique, chacun se relayant pour interpréter tous les personnages du film, en essayant péniblement de déguiser sa voie par des intonations outrancières ou par une absence complète d’intonations. Le résultat est un véritable cataclysme sonore, qui magnifie les prestations d’acteurs tous uniformément lamentables, et contribue à transformer en chef-d’œuvre dadaïste ce qui était déjà une apothéose de non-cinéma !
Les dindons de la mort !
Richard va donc trouver un travail, au sein d’un élevage de dindons un peu particulier. Les animaux servent en effet à des scientifiques à tester des produits expérimentaux et notre héros va être payé pour manger les animaux afin de vérifier les effets desdits produits, les savants lui promettant en outre de payer « les suppléments des extras» en produits stupéfiants.
Les scientifiques.
Etre payé pour bouffer du dindon rempli de substances nocives, en se faisant rémunérer ses heures sup’ en rails de coke est certes une perspective professionnelle exaltante, mais «Blood Freak » ne s’arrête pas à ces considérations sociologiques : car Richard est en effet un TOXICOMANE ! Notre malheureux héros est en outre encouragé dans son vice par sa copine, qui lui fait fumer des tarpés au bord de sa piscine. L’enfer de la dépravation !
Eternelle tentatrice, la femme détourne l’homme du droit chemin et le conduit à des turpitudes hallucinantes, comme de glousser comme un crétin au bord de l’eau.
Et ce qui devait arriver arrive : le mélange des drogues et des produits expérimentaux provoque en Richard une réaction en chaîne qui transforme notre ami en terrifiant HOMME-DINDON ! S’exprimant par des «glou-glou » à fendre l’âme, Richard va désormais semer la terreur, car il doit se nourrir du sang des toxicomanes pour survivre ! Vont s’ensuivre des scènes horrifiques toutes plus magnifiquement ratées les unes que les autres, à base d’hectolitres de ketchup et d’effets spéciaux bricolés par le menuisier du coin.
Richard se venge du dealer responsable de son état : effets gore en perspective !
Bon, ben on fait avec les moyens du bord, quoi…
Voir Steve Hawkes se balader avec, sur la tête, son grotesque masque d’homme-dindon est déjà en soit une vision inqualifiable, mais cela ne serait encore rien sans la forme du film qui, il faut le souligner, sublime son fond avec une intensité rarement atteinte. Les dialogues français atteignent des sommets de comique : «Mais que vont dire nos enfants, si leur père a une tête pareille ? » sanglote la copine de Richard, «Et…et s’ils ressemblent à leur père ?? ». «C’est pas tant son apparence…c’est sa tête ! » déclare, à propos de l’état de Richard, l’un des copains hippies mis dans la confidence. On nage dans un surréalisme total, que le doublage français, on ne le soulignera jamais assez, élève à une magnitude rarement atteinte. Le montage à la serpe et une mise en scène que l’on hésitera à qualifier d’approximative tant le mot paraît faible, contribuent à donner au film l’allure d’un trip suscité par un acide de mauvaise qualité, qui provoquerait des hallucinations nanardes !
Mis au courant du drame, les chouettes copains de l’amie du héros se dépêchent de tirer une taffe pour en parler.
Si l’esthétique hallucinatoire est somme toute assez adaptée à un drame de la drogue (car c’en est un, si si…), l’originalité profonde de «Blood Freak » tient aux irruptions régulières d’un discours religieux particulièrement fumeux. Ce film est en fin de compte un exemple pour ainsi dire unique de film d’horreur nanar couplé à un pamphlet religieux anti-drogue, dont on pourrait résumer ainsi le message : «Jésus, c’est bien ; la drogue, c’est de la merde, ça vous transforme en dindons ! »
Quant à Steve Hawkes, il réalisa un autre film avant de se retirer du cinéma et d’ouvrir une ménagerie – hélas, pas un élevage de dindons - en Californie.
Nanti d’une des fins les plus débiles de tous les temps, «Blood Freak » est une sorte de descente hallucinée dans les abysses du néant cinématographique, à réhabiliter d’emblée le talent d’Ed Wood ou la rigueur narrative de Godfrey Ho. Spectacle intense, à la limite de l’indécence, ce film est à redécouvrir d’urgence par tous les amateurs de curiosités 1970, de pétards, de série Z californiennes et de viande de dindon. A regarder avec prudence, et en vous soutenant entre amis, tant le choc est rude et peut provoquer l’effondrement mental du nanardeur débutant. C’est du brutal mais c’est du bon!
BLOOD FREAK
Année : 1972
Pays : USA
Réalisation : Steve Hawkes & Brad F. Grinter
Durée : 1h26
Genre : Fume, c’est du dindon !
Catégorie : Horreur
Avec : Steve Hawkes, Dana Cullivan, Heather Hughes, Bob Currier
Cote de rareté : 3 (rare) Le film a connu au moins deux éditions vidéo françaises, sous les titres de “Blood Freaks” (pourquoi ce pluriel, d’ailleurs, puisqu’il est tout seul?) et "Drogue Story" (ce second titre occultant complètement l'aspect "film d'horreur"). Les américains, soucieux de leur patrimoine, en ont fourni une réédition DVD facilement trouvable en ligne.
Nikita : 5
Deux extraits vidéo, aimablement mitonnés par Ghor :
http://nikiwai.free.fr/bf1.avi
http://nikiwai.free.fr/bf2.avi
(des extraits sont passés a la nuit exentrique 2 pour ceux qui etaient la)
copier coller de l'ami nikita de nanarland :
BLOOD FREAK
(Aka : Blood Freaks / Drogue Story)
Connaissez-vous l’angoisse de la page blanche? C’est celle du romancier avant la rédaction de son nouveau chef-d’œuvre, de l’étudiant devant sa copie d’examen, du critique de cinéma chargé de dire du bien d’un film de Jean-Luc Godard. C’est aussi celle du chroniqueur nanar devant un morceau dont l’intensité lui semble aller au-delà de sa compétence. Il est des œuvres qui transcendent le jugement des simples mortels, et ce classique de 1972 est de celles-là. Blood Freak, c’est plus fort que toi !
Film culte aux Etats-Unis et bizarrement ignoré en France, «Blood Freak » est sans doute ce qui peut se faire de plus, heu…déconcertant en matière de films d’horreur. Un mélange insane de fumisteries philosophiques à la sauce religieuse, de gore anémique, de craignos monster et de message anti-drogue. Comme dans « Ulysse » de Joyce, il y a de tout dans «Blood Freak », et cette richesse conceptuelle fait qu’on n’y comprend goutte !
La VHS française, dont le visuel est piqué à l'une des éditions vidéo de "Chasseurs d'hommes".
«Blood Freak » (je ne me lasse pas de répéter ce titre, tant il est porteur d’émotion pour moi) a été filmé au début des années 1970, et il convient de dire que cela se voit dans le look des acteurs, leurs tenues vestimentaires, mais aussi dans une sorte de rugosité poisseuse de la mise en scène et de la photo, qui donne plus d’une fois l’impression d’être l’œuvre de dilettantes sous l’emprise de stupéfiants…ce qui était peut-être le cas. Les circonstances du tournage de ce film sont aussi particulières que le produit fini : «Blood Freak » est en effet l’œuvre de Steve Hawkes, scénariste, producteur, co-réalisateur et acteur principal. Ce nageur, admirateur de Johnny Weissmuller, avait déjà promené sa carrure d’athlète et son étonnant non-charisme dans des sous-Tarzan produits en Espagne. Ayant subi de méchantes brûlures lors d’un accident (on voit d’ailleurs ses cicatrices lors d’une scène), Hawkes avait besoin d’argent pour financer ses soins médicaux. Notre homme se livra alors à un pari risqué et risqua son argent dans la production d’un film à petit budget afin de récolter quelques bénéfices. Précisons tout de suite que, malgré un tournage mouvementé qui risqua l’interruption, l’histoire se termina bien, puisque Hawkes tira personnellement 140 000 dollars des ventes de son film. Ce qui nous prouve une fois de plus que les entreprises les plus improbables peuvent être bénéficiaires…Mais assez parlé du tournage, et penchons-nous hardiment sur le plat de résistance : l’étude de l’œuvre proprement dite !
Le narrateur omniscient.
«Blood Freak » s’ouvre sur l’intervention d’un énigmatique narrateur moustachu, incarné par Brad F. Grinter, co-réalisateur du film avec Steve Hawkes. Maître Grinter, par l’opium inspiré, nous tient à peu près ce langage : «Nous vivons dans un monde sujet à de constants changements. Chaque seconde de chaque minute de chaque heure, il y a des changements. Ces changements peuvent paraître invisibles et ce, parce que notre perception est limitée. Par exemple, comment des choses que nous disons et nous faisons, toutes ces choses affectent nos vies. En fait, il semble probable qu’un ordre fantastique régisse tout cela. Quand et comment nous rencontrerons une personne qui deviendra un catholique, ou qui nous conduira vers l’un d’eux. Qu’est-ce qu’un catholique ? Hé bien, dans ce cas, un catholique est une personne qui amènera des changements. Ils peuvent être bons ou mauvais, mais il y en aura, c’est sûr. Vous pouvez en rencontrer n’importe où, dans votre vie de tous les jours, dans un supermarché, drugstore, n’importe où. Même en roulant sur l’autoroute. Une belle fille avec un problème : qui résisterait ? Certainement pas Richard.» (Texte de la version française, reporté dans son intégralité)
Le pire est encore à venir, car ce baragouin, qui se rapprocherait presque du discours sur le karma dans «Eaux sauvages », résume à peu près la teneur du film : nous allons voir un récit aux ambitions philosophiques, sans queue ni tête ni logique, soutenu par une réalisation parmi les pires de tous les temps, filmé par un parkinsonien et monté par un sadique à la tronçonneuse, l’incompétence technique étant à la hauteur du pataquès conceptuel.
Mais le récit de «Blood Freak », quoi-t’est-ce ? Hé bien, comme l’ont compris ceux qui ont suivi le discours d’introduction jusqu’à la fin, nous allons faire la connaissance d’un certain Richard (Herschell dans la VO), vétéran du Vietnam fraîchement retourné aux USA et à la recherche d’un emploi. Interprété par Steve Hawkes en personne, Richard est né pour être sauvage, comme l’indiquent ses rouflaquettes et sa grosse moto. Il va faire la connaissance d’une jeune fille amatrice de pétards corsés et d’un clergyman qui, après un petit sermon sur la Bible, va le pistonner pour un job.
Faisons une petite pause dans le récit pour préciser que «Blood Freak » (ce titre me met en joie, je vais l’imprimer sur mon T-shirt) est un film A VOIR ABSOLUMENT EN VF ! Les copies du film en VHS françaises ont beau être rares et moins facilement trouvables que les DVD américains, vous ne devez aucunement renoncer à vous procurer cette merveille ! Car sachez-le, braves gens, la VF de ce film est la pire de tous les temps, et je pèse mes mots : à côté, celle de «La Vengeance », c’est de la GNOGNOTTE ! Visiblement, la chose a été doublée par le distributeur vidéo lui-même, sa copine et son beau-frère alcoolique, chacun se relayant pour interpréter tous les personnages du film, en essayant péniblement de déguiser sa voie par des intonations outrancières ou par une absence complète d’intonations. Le résultat est un véritable cataclysme sonore, qui magnifie les prestations d’acteurs tous uniformément lamentables, et contribue à transformer en chef-d’œuvre dadaïste ce qui était déjà une apothéose de non-cinéma !
Les dindons de la mort !
Richard va donc trouver un travail, au sein d’un élevage de dindons un peu particulier. Les animaux servent en effet à des scientifiques à tester des produits expérimentaux et notre héros va être payé pour manger les animaux afin de vérifier les effets desdits produits, les savants lui promettant en outre de payer « les suppléments des extras» en produits stupéfiants.
Les scientifiques.
Etre payé pour bouffer du dindon rempli de substances nocives, en se faisant rémunérer ses heures sup’ en rails de coke est certes une perspective professionnelle exaltante, mais «Blood Freak » ne s’arrête pas à ces considérations sociologiques : car Richard est en effet un TOXICOMANE ! Notre malheureux héros est en outre encouragé dans son vice par sa copine, qui lui fait fumer des tarpés au bord de sa piscine. L’enfer de la dépravation !
Eternelle tentatrice, la femme détourne l’homme du droit chemin et le conduit à des turpitudes hallucinantes, comme de glousser comme un crétin au bord de l’eau.
Et ce qui devait arriver arrive : le mélange des drogues et des produits expérimentaux provoque en Richard une réaction en chaîne qui transforme notre ami en terrifiant HOMME-DINDON ! S’exprimant par des «glou-glou » à fendre l’âme, Richard va désormais semer la terreur, car il doit se nourrir du sang des toxicomanes pour survivre ! Vont s’ensuivre des scènes horrifiques toutes plus magnifiquement ratées les unes que les autres, à base d’hectolitres de ketchup et d’effets spéciaux bricolés par le menuisier du coin.
Richard se venge du dealer responsable de son état : effets gore en perspective !
Bon, ben on fait avec les moyens du bord, quoi…
Voir Steve Hawkes se balader avec, sur la tête, son grotesque masque d’homme-dindon est déjà en soit une vision inqualifiable, mais cela ne serait encore rien sans la forme du film qui, il faut le souligner, sublime son fond avec une intensité rarement atteinte. Les dialogues français atteignent des sommets de comique : «Mais que vont dire nos enfants, si leur père a une tête pareille ? » sanglote la copine de Richard, «Et…et s’ils ressemblent à leur père ?? ». «C’est pas tant son apparence…c’est sa tête ! » déclare, à propos de l’état de Richard, l’un des copains hippies mis dans la confidence. On nage dans un surréalisme total, que le doublage français, on ne le soulignera jamais assez, élève à une magnitude rarement atteinte. Le montage à la serpe et une mise en scène que l’on hésitera à qualifier d’approximative tant le mot paraît faible, contribuent à donner au film l’allure d’un trip suscité par un acide de mauvaise qualité, qui provoquerait des hallucinations nanardes !
Mis au courant du drame, les chouettes copains de l’amie du héros se dépêchent de tirer une taffe pour en parler.
Si l’esthétique hallucinatoire est somme toute assez adaptée à un drame de la drogue (car c’en est un, si si…), l’originalité profonde de «Blood Freak » tient aux irruptions régulières d’un discours religieux particulièrement fumeux. Ce film est en fin de compte un exemple pour ainsi dire unique de film d’horreur nanar couplé à un pamphlet religieux anti-drogue, dont on pourrait résumer ainsi le message : «Jésus, c’est bien ; la drogue, c’est de la merde, ça vous transforme en dindons ! »
Quant à Steve Hawkes, il réalisa un autre film avant de se retirer du cinéma et d’ouvrir une ménagerie – hélas, pas un élevage de dindons - en Californie.
Nanti d’une des fins les plus débiles de tous les temps, «Blood Freak » est une sorte de descente hallucinée dans les abysses du néant cinématographique, à réhabiliter d’emblée le talent d’Ed Wood ou la rigueur narrative de Godfrey Ho. Spectacle intense, à la limite de l’indécence, ce film est à redécouvrir d’urgence par tous les amateurs de curiosités 1970, de pétards, de série Z californiennes et de viande de dindon. A regarder avec prudence, et en vous soutenant entre amis, tant le choc est rude et peut provoquer l’effondrement mental du nanardeur débutant. C’est du brutal mais c’est du bon!
BLOOD FREAK
Année : 1972
Pays : USA
Réalisation : Steve Hawkes & Brad F. Grinter
Durée : 1h26
Genre : Fume, c’est du dindon !
Catégorie : Horreur
Avec : Steve Hawkes, Dana Cullivan, Heather Hughes, Bob Currier
Cote de rareté : 3 (rare) Le film a connu au moins deux éditions vidéo françaises, sous les titres de “Blood Freaks” (pourquoi ce pluriel, d’ailleurs, puisqu’il est tout seul?) et "Drogue Story" (ce second titre occultant complètement l'aspect "film d'horreur"). Les américains, soucieux de leur patrimoine, en ont fourni une réédition DVD facilement trouvable en ligne.
Nikita : 5
Deux extraits vidéo, aimablement mitonnés par Ghor :
http://nikiwai.free.fr/bf1.avi
http://nikiwai.free.fr/bf2.avi