exellent film que je reverai de trouver en dvd (en kiosques...)
copier coller de l'ami nikita de nanarland :
SUPERSONIC MAN
Petit voyage dans le temps : nous sommes à la fin des années 70, et le «Superman » de Richard Donner, avec Christopher Reeve, a bouleversé le monde ! Oui, je sais, ce film n’impressionne plus guère aujourd’hui, mais à l’époque, les effets spéciaux paraissaient révolutionnaires : « You will believe a man can fly ! » promettaient les affiches, et c’était bien le cas. Ni une ni deux, l’industrie encore vaillante du cinéma bis européen se jette sur le filon naissant…et va magistralement se casser les dents ! Notamment avec deux nanars d’un poids très appréciable : «L’Homme-Puma», que les habitués de Nanarland connaissent bien, et… «Supersonic Man», co-production hispano-italienne torchée par le roi de la série B Ibérique brinquebalante, Juan Piquer Simon !
Ayant déjà massacré Jules Verne avec un « Voyage au centre de la Terre » tout simplement innommable, notre bel hidalgo se penche à présent sur le mythe du Super-héros : ravi de se trouver devant un si beau matériau de départ, l’ami Juan plonge ses mains dans la matière première, la pétrit, la malaxe, la mélange avec des morceaux de n’importe quoi, et obtient à l’arrivée un objet informe, ce «Supersonic Man» qui, s’il y a une justice, ravira encore pendant des décennies les amateurs de nanars !
Mais qui est donc cet homme supersonique, me demanderez-vous haletants ? Supersonic – il sera appelé de ce seul nom durant tout le film, et pas une seule fois «Supersonic Man» - est un extra-terrestre chargé par ses maîtres de débarquer sur Terre et de prendre forme humaine pour sauver notre Monde. Oui, car les humains jouent avec des forces plus puissantes qu’eux, qu’ils ne maîtrisent pas, et risquent de se détruire eux-mêmes. (Air connu) Supersonic, en slip bleu dans son vaisseau spatial, écoute sagement le message de ses maîtres, puis ne fait ni une ni deux, enfile sa tenue et s’envole à travers l’espace en direction de la Terre. Et c’est là que «Supersonic Man» se montre parfaitement jouissif : alors que le «Superman» avec Reeve ne nous montrait le Super-héros en tenue qu’au bout d’un long moment, Juan Piquer Simon l’exhibe dès le générique dans toute sa splendeur. Quelle vision ! Un collant rouge vif à faire pâlir les ninjas de Godfrey Ho, un masque et une cape bleus à paillettes ! Voir, dès les premières images, ce clown digne du Cirque Gruss fendre l’espace au son d’une musique de fanfare militaire suffit déjà à faire péter le quotient de nanardise du film. Encore faut-il que la suite soit à la hauteur…et elle le sera ! Car contrairement à certains nanars qui nous font un peu languir avant de nous donner leurs moments les plus mémorables, «Supersonic Man» égrène ses perles à un rythme pétaradant, qui ne laisse littéralement pas le temps de souffler au spectateur ! Voir notre héros voler, horriblement mal incrusté sur des stock-shots de la ville de New-York, est un spectacle tout bonnement inoubliable, qui fait encore délirer, vingt ans après, les vétérans du nanar l’ayant vu à sa sortie. Il convient tout de même de préciser que de telles images auraient pu encore passer…au début des années 60 ! Mais le film date de la fin des années 70, à une époque où les progrès de la technique ne permettaient tout simplement plus de telles naïvetés !
Le film tente de sauver la mise en jouant à fond la carte de la naïveté délibérée, ce qui m’a fait me demander s’il ne fallait pas le classer en catégorie «volontaire», notamment à cause de scènes humoristiques assez incongrues. Mais à bien y réfléchir, les films de la série «Superman» contenaient aussi des scènes comiques, sans être pour autant des parodies. Non, rendons-nous à l’évidence : Juan Piquer Simon, cinéaste bis ambitieux à ses heures, a voulu réaliser un VRAI film de Super-héros, et c’est à l’écroulement total de ses ambitions que nous assistons ! Le spectacle n’en est pas pour autant triste, car le film est suffisamment frais et rythmé pour constituer un nanar éminemment sympathique, parfois proche dans l’esprit du feu d’artifice nanardesque que peut constituer une œuvre comme «Starcrash» de Luigi Cozzi. (Le compliment n’est pas mince sous ma plume)
L’histoire est à peu près du niveau de l’épisode de comic-book le plus routinier : un super-mégalomane, le Docteur Gulk (prononcer Goulque), fait enlever par ses hommes un éminemment Professeur et voler du matériel radioactif, pour accomplir ses ténébreux projets. Comme l’a dit Hitchcock, « meilleur est le méchant, meilleur est le film ! » Et là nous sommes servis car le Docteur Gulk, interprété par Cameron Mitchell, bat à plate couture le Kobras de «L’Homme-Puma» sur le terrain des méchants ridicules ! Excellent second rôle hollywoodien, Cameron Mitchell était venu tenter sa chance dans le monde du bis italien, participant occasionnellement à de vraies réussites comme «Six femmes pour l’assassin» ou «La Ruée des vikings» de Mario Bava. Sa carrière devait hélas décliner et notre homme se retrouver dans les pires nazeries des séries B et Z Européeennes. En le voyant jouer ici, on se rend bien compte que l'acteur est conscient du naufrage. Mais là où Donald Pleasance, dans «L’Homme-Puma» assurait le minimum syndical, Cameron Mitchell choisit au contraire d’en rajouter des kilotonnes, pour notre plus grand bonheur ! Boudiné dans un grotesque costume noir, bouffi, maquillé et gourmé au point de ressembler à un William Shatner septuagénaire, Mitchell transforme chacune de ses scènes en festival de moments grotesques, le moindre n’étant pas de le voir, à chaque opération réussie par ses hommes, taper dans ses mains en s’écriant «Mou Ha Ha Ha ! Bravo ! Bravo !» avec l’expression d’un pilier de bar qui viendrait de goûter un bon pinard.
Cameron Mitchell, immergé dans son rôle comme un cornichon dans le vinaigre.
Le Docteur Gulk est un bon vivant.
Mais aucun méchant ne saurait faire impression s’il n’est bien entouré : et là, cerise confite sur un gâteau délicieux, le Docteur Gulk utilise notamment pour ses opérations UN SUPER-ROBOT TUEUR ! Notre bonheur ne connaît plus aucune borne car le robot, censé être une arme invincible et terrifiante (lance-flammes et missiles incorporés) ressemble à une sorte de jouet pour enfant, constellé de gyrophares et de lumières clignotantes, élégant comme un Lego, se dandinant avec la grâce d’un nain obèse atteint d’arthrose du genou.
L'Arme absolue du Docteur Gulk.
Et Supersonic Man, me direz-vous ? Hé bien, notre héros, en civil, se montre un peu moins flambant. Supersonic, à la différence de Superman, ne dispose en effet de ses pouvoirs que quand il est en tenue. Il se transforme d’ailleurs en parlant dans sa montre-bracelet, en en prononçant les mots suivants «Puisse la grande force de la galaxie m’accompagner». Des effets lumineux ratés s’ensuivent, et notre héros apparaît dans toute sa gloire. Le reste du temps, Supersonic s’appelle Paul et se présente sous la forme d’un moustachu charismatique comme un Franco Nero sous tranxène.
Ledit Paul est interprété par Michael Coby, de son vrai nom Antonio Cantafora : ce jeune premier Italien eut comme titre de gloire (ce film excepté) de jouer les sous-Terence Hill dans des comédies où il faisait équipe avec le gros barbu Paul Smith en sous-Bud Spencer. Bref, même pas une vedette du bis, mais un imitateur de vedette du bis ! La classe. Supersonic en costume apparaît par contre beaucoup plus baraqué et semble être joué par un autre acteur, qui se nommerait Richard Yesteran (interprète jadis de Tarzaneries espagnoles). Le fait que Supersonic n’ait ses super-pouvoirs qu’en costume m’amène d’ailleurs à me demander pourquoi, à un moment, il mène l’enquête sous sa forme humaine, au risque de prendre un mauvais coup. (Le loueur de costumes demandait-il un supplément ce jour-là ??) En effet, ça ne rate pas, il est capturé, attaché, et jeté dans la mer par les méchants. Menacé par des stock-shots de requins, notre héros parvient heureusement à se libérer et à se transformer (sans qu’on nous explique comment il fait pour prononcer sa formule de transrformation sous l’eau !), jaillissant ensuite de l’eau pour mettre la raclée aux méchants ! Il n’est d’ailleurs même pas mouillé : le séchage automatique doit faire partie de ses pouvoirs…
Bref, inutile d’entrer plus avant dans les péripéties, d’autant que les scénaristes n’ont fait aucun effort particulier. Signalons uniquement que Gulk projette de détruire New York (Oussama Ben Laden a-t-il vu «Supersonic Man» ?????), mais que notre héros va lui mettre la grosse pâtée. Je suis méchant, hein, je révèle la fin ?! Au cours de son enquête, Supersonic se permettra en outre le luxe d’emballer la fille du Professeur Morgan (le savant enlevé par Gulk), ce qui l’amènera au final à jeter sa super-montre, renonçant à ses pouvoirs et à son rôle de héros spatial pour demeurer avec elle sur Terre. C’est beau ! C’est finalement un clochard qui ramassera la montre et se fera donc enlever par le vaisseau spatial venu rechercher Supersonic à la fin de sa mission. Bravo, Supersonic Man ! Non seulement tu sauves le Monde, mais en plus tu nettoies nos rues des mauvais citoyens !
Rien n'arrête Supersonic Man, pas même les bulldozers en carton!
Pour conclure, je vous mettrai l’eau à la bouche en vous citant trois grands moments dans ce nanar de pointe : Supersonic soulève un bulldozer en contre-plaqué ! Supersonic transforme le pistolet du méchant en banane !
Et enfin, ce dialogue entre le Professeur Morgan et le Docteur Gulk ; Morgan, révolté par les plans de conquête du perfide Gulk : «Vous ne vous rendez pas compte que des forces morales plus grandes que la votre feront que ce suprême pouvoir soit voué à l’échec !» Gulk, sarcastique : «Votre imagination procède des mauvais films !»
Tout est dit, merci Cameron Mitchell ! (Les acteurs et les dialoguistes ont parfois des éclairs de lucidité) Et si vous en avez l’occasion, ruez-vous sans attendre sur ce feu d’artifice nanar. C’est frais, c’est bon, c’est SUPERSONIQUE !!!!!
SUPERSONIC MAN
Espagne/Italie
Année : 1979
Réalisation : Juan Piquer Simón
Genre : Super Comic Man
Catégorie : Super-héros
Avec : Antonio Cantafora (Alias Michael Coby), Cameron Mitchell, Richard Yesteran, Diana Polakow, José Maria Caffarel
Nikita : 3,5
SUPERSONIC MAN
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