[Séquence nostalgie] - Conan le Barbare

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Modérateur : dino VELVET

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Zorg
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[Séquence nostalgie] - Conan le Barbare

Message par Zorg »

Between the time when the oceans drank Atlantis and the rise of the sons of Aryas, there was an age undreamed of; and unto this, Conan, destined to bear the jeweled crown of Aquiolonia upon a troubled brow. It is I, his chronicler, who alone can tell thee of his saga. Let met tell you the days of high adventure.

BROM BROBRO-BROMMMMMM. BRO-BROMMM BROMMMM......

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1982
Réalisé par John Milius
Ecrit par John Milius et Oliver Stone

Je ne vous ferai pas l'affront de vous présenter le film plus en détails en mettant le nom de l'acteur principal, mais je vais quand meme me permettre quelques errements et tenter de vous expliquer pourquoi je pense sincèrement que ce film peut être considéré comme la Chapelle Sixtine du film d'aventures, ou du moins du film médiéval avec des barbares en armures, égal de chefs d'oeuvre comme Gone with the wind et consorts. (oui, je sais, y'a pas de barbares en armures dans Gone with the wind, mais j'avais besoin d'un étalon en matière de chef d'oeuvre, alors j'ai taillé large)

Conan le Barbare est né de l'imagination de Robert E. Howard dans les années 30, et le scénario, adapté à quatre mains par Oliver Stone et John Milius, est la condensation de diverses aventures vécues sur papier par le désormais plus célèbre barbare de l'histoire du cinéma, tant au niveau des histoires que des personnages. Voilà pour les origines, passons désormais au film.

L'aspect que je trouve le plus frappant, et donc le plus bandant, dans Conan, c'est que c'est pour ainsi dire un film muet. Oh bien sûr, y'a des bruitages (un peu datés il est vrai tant certains donnent l'impression d'avoir été enregistrés dans un studio avec deux bouts de bois qui s'entrechoquent) et les gens parlent, mais je suis intimement convaincu que le résultat aurait été strictement le même si le seul condiment accompagnant le plat de résistance avait été la fantastique partition de Basil Poledouris.

J'ai pris qqes notes lors de la séance de ce soir, et voici grosso modo le résultat des courses (le film dure un tout petit peu plus de 2 heures). Si on excepte le prologue dit par le narrateur, ainsi que toutes ses interventions ultérieures en voix off qui ne sont pas des dialogues dits par les personnages à l'écran, et le speech d'ouverture où le père de Conan révèle à celui ci la désormais célèbre énigme de l'acier, cela donne :

- La première réplique est prononcée à la 17e minute, et ce n'est pas Schwarzy, arrivé à l'écran à la 15e qui la dit, mais son maître.
- Conan himself ouvre la bouche pour la première fois à la 23e minute. En réponse à la question "Conan, what is best in life ?", il répond le célèbre "Crush your enemies, see them driven before you, and hear the lamentations of their women!", paraphrasant ainsi Gengis Khan si on en croit la légende. (en voilà au moins un qui a tout compris à la vie)
- A la 28e minute, il lâche un seul et unique "Crom !" en dégotant sa nouvelle épée dans un tombeau.
- A la 30e minute, la rencontre avec la sorciere permet d'engager un dialogue de plus de 3 syllabes. S'en suit la rencontre de Conan avec Subotaï, qui sera l'occasion par la suite de multiples échanges verbaux. A la syntaxe certes fort simple, mais au moins ils causent.

Ce petit décompte met en avant le fait que la première demi-heure du film est pour ainsi dire muette en dehors de quelques interjections, cris guturaux et autres borborgymes barbares. Et le reste du film est à l'avenant, car à de nombreuses reprises, on a droit à des passages uniquement portés par la musique et où aucun dialogue n'est prononcé. Que ce soit le raid dans la tour des serpents, la quête du repaire de Thulsa Doom, etc etc. De même, les 40 dernières minutes du film sont pratiquement silencieuses. On a bien droit à qqes répliques, lors de la mort de Valeria, ou quand Thulsa Doom tente d'hypnotiser Conan avant de recevoir un bon gros coup d'épée en travers de l'encornet, mais c'est globalement muet.

Sur deux heures de film, je dirais bien qu'on a seulement entre 30 et 40% de parlé, le reste étant porté uniquement par la musique et l'action (je ne veux pas dire baston mais ce qui se passe sous nos yeux). Et quelle musique. Si John Milius nous a sorti un tel chef d'oeuvre de son chapeau, c'est en grand partie grâce à la composition inégalée de Basil Poledouris. De la première à la dernière note, tout sonne juste, il n'y a aucun écart, aucune faute de goût de rythme, de texture ou d'ambiance.

On a rarement vu un film où la musique magnifie autant la mise en scène. Tout est d'une limpidité cristalline, que ce soit scéniquement ou émotionnellement parlant, et la scène d'intro avec la chevauchée des cavaliers à travers le paysage en est certainement le meilleur exemple, même si tout au long du film, on est portés par les notes autant que par les images.

Cette scène initiale est d'ailleurs ma préférée personnellement. Elle dégage une pureté et une fluidité à mon sens exceptionnelles, de l'arrivée des cavaliers, à la mise à sac du village et surtout à la mort de la mère de Conan qui, hypnotisée par Thulsa Doom, baisse les armes et offre sa vie pour sauver celle de son fils. Fils qui, dans un fabuleux ralenti, se retrouve tétanisé, à contempler sa main vide pendant de longues secondes, peinant à réaliser ce qui vient de se dérouler, et constatant sa totale impuissance face aux événements, ceci servant de point de départ à sa destinée solitaire.

De la condition d'esclave à celle de gladiateur, de celle de voleur/barbare à celle de roi, Conan se retrouvera toujours ramené à la solitude, et ce n'est pas la brève idylle avec Valeria qui aura changé grand chose à son destin. (il est d'ailleurs important de souligner que malgré leur relation et le fait qu'on les voit souvent ensemble, Conan ne prononce que 5 ou 6 mots à son adresse, et encore, c'est uniquement lors de leur rencontre au pied de la tour).

Mais ceci ne serait bien evidemment rien sans l'exceptionnelle prestation de Schwarzy. Car on aura beau dire, mais il dégage là une présence tout à fait unique. Il est Conan, on n'en doute pas une seule seconde, que ce soit dans ses postures musculeuses, ou quand il a le regard perdu dans la nuit après s'etre vengé de Thulsa Doom.

Enfin, je terminerai sur l'héritage de Conan. De sa sombre suite, Conan le Destructeur, à son infâme ersatz, Kalidor, en passant par ses innombrables bâtards et autres rejetons, de Kull le conquérant au 13e guerrier, et j'en oublie, Conan fera toujours figure du plus beau et du plus gros joyau sur la Couronne. Nombreux sont ceux à avoir voulu l'imiter, aucun n'a encore réussi à le faire oublier. Il aura aussi suscité d'innombrables vocations de rôlistes avides de casser du barbare ou de brandir une épée en acier trempé de 40 kilos d'une main, tout en vénérant Crom, Thor ou Le Père Dodu de l'autre, tandis qu'une jeune et farouche princesse dénudée attend que ses hormones se mettent en branle pour s'émoustiller le baluchon.

Conan, chef d'oeuvre du cinéma muet, tableau épique et flamboyant, gest médiévale et barbare, brassant de multiples thèmes allant de la quête d'identité à la vengeance, et dont l'immense et unique défaut aura été (comme d'autres dans différents registres) de tuer un genre cinématographique de par ses exceptionnelles qualités.
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Martin K
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Message par Martin K »

Waouh ! Ecrire une telle chronique à 4h00 du mat', fallait que tu sois motivé ...

En tout cas, ça donne envie de revoir le film. A vrai dire, je ne sais même pas si je l'ai déjà vu en entier, ou seulement par petits bouts, effrayé que j'étais à l'idée d'un nanar fumant (pardon aux gens amateurs de nanars fumants). A l'occase, je pense donc que je materai, comparerai et - peut-être - chroniquerai.
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creepers
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Message par creepers »

Superbe chronique Zorg !! :Yes:

Rien d'autre à ajouter donc, ce film est indispensable, il faut le voir absolument !

Chef d'oeuvre tout simplement !
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peter wonkley
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Message par peter wonkley »

LA PUISSANCE A L ETAT PUR
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Zorg
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Message par Zorg »

Martin K a écrit :Waouh ! Ecrire une telle chronique à 4h00 du mat', fallait que tu sois motivé ...
Wais, je voulais le faire après avoir vu le film, mais vu l'heure et le fait que j'etais legerement naze, j'ai oublié la moitié de ce que je voulais dire... Si j'étais courageux, je reprendrais du début pour tout réécrire... Mais comme je suis une grosse faignasse, ben ca va rester tel quel :mrgreen:

Mais merci sinon :P
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Message par Invité »

je me le refais bientot en dvd!!! :D
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peter wonkley
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Message par peter wonkley »

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Colonel Kurtz
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Message par Colonel Kurtz »

Un film ultime qui m'a marqué au point que j'achète toutes les BD que j'ai pu trouver sur Conan .

De la race,de l'amplitude ,une synergie absolue entre images et musique .
Ouais,y a pas à dire . :roll:
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Le Cancre
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Message par Le Cancre »

Ca ne cause pas beaucoup (mais qu'est-ce que ça éventre :mrgreen: ) et pourtant y a des abrutis qui ont réussi à saboter la vf :roll: : la réplique de Valeria qui saute du haut de la tour du serpent "Tu crois qu'on vit éternellement ?" a disparu, qui donne toute son importance à la même réplique prononcée plus tard. Les p'tits jeunes abonnés exclusivement à la vf et qui ne connaissent le film que sous la forme DVD rate un petit quelque-chose...
La pensée profonde du mois : "Avec deux lignes de l'écriture d'un homme on peut faire le procès au plus innocent" (Richelieu) Image
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peter wonkley
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Message par peter wonkley »

UUUUUUUURRRRRRRRRRRRRGGGGGGGHHHHHHHHHH !!!

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Colonel Kurtz
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Message par Colonel Kurtz »

BASIL POLEDOURIS FOR EVER :idea:
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