Le Führer en folie - Philippe Clair - 1974
Modérateur : dino VELVET
- peter wonkley
- ROCCO
- Messages : 20542
- Enregistré le : 21.12.2002 - 21:13
- Localisation : ajaccio
Le Führer en folie - Philippe Clair - 1974
copier coller de l'ami nikita de nanarland :
Après son visionnage lors d’une mémorable soirée nanars, ce film ne pouvait manquer d’être mis à l'honneur en ces lieux. Pour ne pas avoir à départager les auteurs désireux de s’atteler à la tâche, il vous sera présenté une double chronique de ce monument de l’humour sain, de l’humour frais, de l’humour FRANÇAIS !
LE FÜHRER EN FOLIE, par Nikita
On a les madeleines de Proust qu’on peut. Ce film, vu jadis sur la 5 entre les brumes d’une nuit d’insomnie, m’avait laissé un souvenir si traumatisant que, lorsque le sieur Mr Klaus m’a annoncé qu’il avait mis la main dessus, mon sang n’a fait qu’un tour. Le chef-d’œuvre de Philippe Clair allait-il se révéler à la hauteur de mes souvenirs ? Dès le générique, accompagné d’une chanson inédite de Patrick Topaloff, l’évidence se fit jour : non seulement le film était digne de sa réputation, mais il était pire encore. Les mots manquent au chroniqueur nanar pour décrire la véritable apocalypse hilaro-bidonnante qui nous est infligée à chaque millimètre de pellicule par un Philippe Clair totalement déchaîné. Gargantuesque, titanesque, hénaurmissime, consternantabrantesque, on pourrait épuiser tous les adjectifs possibles pour qualifier ce film, ce serait en pure perte : il est tout bonnement «autre », digne de la conception Lovecraftienne de l’épouvante indicible et cyclopéenne.
L’histoire, donc…Il y en a une, bien que ce soit parfois difficile à concevoir durant la vision de l’œuvre. La première scène nous montre Georges de Caunes, recevant sur un plateau de télévision un ancien arbitre suisse, auteur du livre «Hitler footballeur », et qui désire nous démontrer le rôle du foot dans le déroulement de la seconde guerre mondiale. D’emblée, nous sommes dans le ton de la catastrophe qui va suivre, car l’auteur en question est joué par Michel Galabru qui, visiblement peu concerné, nous offre sur un plateau ce qui est sans doute la pire prestation de sa glorieuse carrière ! L’arbitre est en effet censé être suisse-allemand, or, s’il y a un accent que Galabru est bien incapable d’imiter, c’est l’accent germanique ! Apparemment consciente de cette difficulté, l’acteur trouve la parade en faisant absolument n’importe quoi. On franchit déjà un palier dans l’épouvante…
Warning ! Extreme Galabru inside !
Le douanier polonais : “Vous n’avez rien à déclarer?”
Hitler : ‘’Ja ! La guerre !’’
Retour ensuite à l’époque de la seconde guerre mondiale, durant laquelle se situe l’action. Un mot pour prévenir d’emblée le lecteur que la logique et la continuité historique ne jouent qu’un rôle très secondaire dans la conception PhilippeClairesque du récit : on ne sait pas quand se situe l’histoire ! Durant la drôle de guerre ? Après la Libération ? Toujours est-il que les armées françaises et allemandes sont en guerre. Hitler a défié les Alliés pour jouer le sort de la guerre…au cours d’un match de foot ! Les troupes françaises s’entraînent ferme, sous la direction du commandant Pierre Doris (à peu près aussi crédible en footballeur, ou même en ancien footballeur, que Raymond Poulidor en petit rat de l’Opéra). Agacé par la présence dans son équipe de trois footballeurs tire-au-flanc, joués par Patrick Topaloff, Luis Rego et Maurice Risch, Doris décide de les envoyer en mission derrière les lignes allemandes pour se débarrasser d’eux.
Pierre Doris en capitaine d’équipe de foot : on y croit !
Les z’héros qui vont sauver la France. (faut plus s’étonner de la défaite de 1940 !)
L’apparition de nos trois héros ne fait que renforcer la stupéfiante crédibilité du film : Rego, Risch et Topaloff portent magnifiques chevelures ondoyantes typiquement années 70, qui devaient certainement faire fureur dans l’armée française durant les années 40 !
On n’énumèrera pas ici les défauts de vraisemblance, qui risqueraient de faire ressembler cette chronique à un catalogue : concentrons-nous plutôt sur la fabuleuse poésie du film, qui en fait un véritable joyau nanar à réhabiliter d’urgence. L’Opus Magnum de Philippe Clair se caractérise en effet par une dose massive de l’ingrédient qui fait la différence : l’hystérie maximale ! Pas une scène qui ne jette le spectateur dans des convulsions d’incrédulité, tant le sens de la mesure est visiblement une notion totalement étrangère à l’auteur ! Cabotinage poussé aux limites de l’endurance humaine, gags usés jusqu’à la corde, jeux de mots indignes de l’Almanach Vermot, grivoiserie ahurissante, on est dans la quatrième dimension du nanar, à vous faire douter de ce que vous êtes en train de voir, tel un «Robo vampire » du cinéma comique ! A chaque gag, la stupéfaction gagne le spectateur : ils ne vont pas oser ? Hé si !
Ho hé, on cherche Hitler, vous ne l’auriez pas vu ?
SURPRISE !
Ha-haaaa, vous l’saviez pas, hein qu’Hitler se baladait dans son tank avec la première patrouille venue ?
Achtung ! Gross cabotinage en vue !
Le film ne serait évidemment rien sans ses acteurs, qui se lancent tous, premiers et seconds rôles, dans un véritable concours de cabotinage et de grimaces jamais vu depuis les films muets les plus grand-guignolesques. Luis Rego, Maurice Risch et Patrick Topaloff, dignes héros du film, sont au diapason de cette symphonie de l’outrance, et semblent vouloir pousser leurs muscles faciaux à la limite de leur résistance.
« J’ai bien mangé, j’ai bien bu, et maintenant je paie mes impôts ! »
Mais arrêtez-euuuuuh, de dire que je ressemble à Jacques Villeret !
Gag !
« Brigade spéciale, nous sommes les amazones ! »
Sieg-Aïe !
Luis Rego s’entraîne pour son rôle dans « Les Hommes préfèrent les grosses »
Mais le concours est gagné haut la main par Henri Tisot dans le rôle d’Hitler, qui nous offre une prestation tout simplement UNIQUE ! Devenu célèbre dans les années 60 grâce à ses imitations de la voix du Général de Gaulle, Tisot récidive dans la maltraitance de figures historiques, sa prestation pouvant être résumée en trois mots d’anglais : total free style !
Henri Tisot ne parle pas, il hurle, semblant incapable de dire «passe-moi le sel » sans pousser des glapissements avec un accent allemand qui semblerait exagéré dans «Papy fait de la résistance». Piqué par la mouche tsé-tsé du cabotinage abracadabrantesque, Henri Tisot fait ressembler Louis de Funès à un acteur bressonien en provocant de véritables secousses sismiques sur l’échelle du cabotinage !
FESTIVAL HENRI TISOT !!!!
Il trouve une compagne à la hauteur en la personne d’Alice Sapritch, qui interprète le rôle d’Eva Braun, alias «la Fuhrine » (sic !), comme si elle jouait «Ma Femme a la frite, une fois ! », la nouvelle pièce bidonnante de Marc Camoletti. Obsédée sexuelle, hystérique, se baladant à bord d’un tank rose bonbon, Eva Braun, vue par Alice Sapritch, est un personnage de vieille peau grimacière et hystérique digne de «La Pension des surdoués».
Alice, ça glisse !
Un dernier mot sur Venantino Ventantini, acteur italien vu notamment dans «Le Corniaud » et «La Cage aux folles », qui interprète le majordome d’Hitler, offert gracieusement par Mussolini : ce brave Venantino, vêtu d’un chatoyant uniforme rose bonbon, gesticulant à chaque réplique comme un chef d’orchestre parkinsonien, semble avoir été poussé par Philippe Clair à interpréter la pire caricature d’italien jamais vue à l’écran, au point que même Aldo Maccione aurait refusé d’en rajouter autant ! Cataclysmique !
Venantino Venantini : si mauvais qu'il n'est pas du tout crédible en italien.
On regrettera seulement la brièveté de l’apparition de Philippe Clair lui-même qui, signant son film de sa présence tel un Hitchcock du nanar, joue le rôle du curé de Baben-L’Oued, subtile mixture du folkore allemand et de la culture pied-noir (Baden-Baden…Bab el Oued…Mou ha ha ! Hem, bon…).
Ayayaye, ma parole, purée d’ma mère, qu’il est trop bien mon film, sur la Torah que je l’jure !
Ha-haaaa, nos héros ont capturé Hitler !
Mais la führine arrive à la rescousse sur son char d’assaut rose bonbon !
GAG !!!!!
Scoop : Hitler était trisexuel !
Les footballeurs SS à l’entraînement !
Et le scénario dans tout ça ? Il n’y en a pas vraiment, le film se résumant à une suite de scènes plus aberrantes les unes que les autres, le scénario semblant avoir été improvisé au rythme du tournage par un Philippe Clair ayant abusé du Sidi-Brahim : disons pour résumer qu’Hitler prend Luis Rego, Patrick Topaloff et Maurice Risch pour des footballeurs de haut niveau (!?) et les engage pour jouer dans son équipe contre la France.
La foule des stock-shots est en délire !
Les dix figurants du film aussi !
Nos trois héros vont évidemment tout faire pour faire perdre l’Allemagne au milieu d’un déluge de gags tous plus navrants et cartoonesques les uns que les autres. Michel Galabru, arbitre du match, réapparaît au passage pour nous confirmer 1) qu’il ne sait décidément pas imiter l’accent allemand 2) qu’il n’en a décidément rien à foutre de son rôle.
Fin du match ! L’Allemagne a perdu la guerre !
La foule des années 1940 est de nouveau en délire !
Ach ! Sabotage !!!
Hitler réfugié en Amérique du sud : mou ha ha!!!
Quant à la chanson de Patrick Topaloff, ce tube méconnu est à redécouvrir d’urgence ! "Je t'envoie le ballon, et tu reçois le ballon! Ballon, c'est rond ! La Terre, c'est rond ! L'argent, c'est rond ! C'est rond, c'est rond comme le ballon !!!"
Film cataclysmiquement nanar du début à la fin, plus navrant qu’une dizaine de films des Charlots collés bout à bout, le «Führer » de Philippe Clair constitue sans nul doute le point le plus extrême de la filmographie du psychopathe de la comédie franchouillarde. La plupart des grands humoristes juifs (Mel Brooks, Jerry Lewis) ont voulu un jour ou l’autre régler leurs comptes avec Hitler, Clair l’a fait aussi…mais avec son style inimitable ! Et dire que des associations d’anciens résistants ont protesté à l’époque contre le film…Y’en a qu’ont pas d’humour ! SUR LA VIE D’MA MERE, PHILIPPE CLAIR IS GOD !
- - - -
LE FÜHRER EN FOLIE, par Zord
La vie fait parfois des pied-de-nez incongrus. Adolf Hitler, qui disait péremptoirement de lui-même qu'il était l'un des plus talentueux peintres de son temps, n'a pas directement réussi à marquer l'histoire de l'art par ses petits crobards. Et pourtant, nul ne conteste que sa représentation sur une infinité de supports artistiques (films, livres, photographies, peintures, bande dessinées...) dépasse, et de très loin, celle de tous les membres du jury des Beaux Arts de Vienne qui refusèrent sa candidature en 1907. Ce qui, admettons le sans prendre trop de risques, fut probablement une des décisions administratives les plus anodines en apparence, et pourtant l'une des plus chargées de conséquences de toute l'histoire du monde. Paradoxalement, beaucoup d'artistes le choisirent comme sujet principal de leurs oeuvres, le plus souvent à charge évidemment.
Et parmi les artistes, touchés par leur Muse, qui se penchèrent sur le cas du petit brun moustachu, il y a... Philippe Clair.
Et là, c'est le drame.
Ha ha ha, sacré Adolf !
Car, si l'image traditionnelle d'une Muse est celle d'une jeune, svelte et accorte jouvencelle en robe grecque, celle de Philippe Clair doit plutôt ressembler à une bonne grosse Mama Méditerranéenne, régulièrement torchée au Boulaouane de mauvaise qualité, beuglant à tue-tête des chansons d'Enrico Macias, tout en resservant une quatrième plâtrée gargantuesque de couscous-boulette à son fils obèse au prétexte "que tu es tout maigre, mon fils! Ayayaye! Tu dépéris à vue d'oeil depuis que t'as quitté la maison! Ta femme, elle te nourrit pas?".
Et touché du doigt par ladite Muse, Philippe Clair se réveilla un jour, destiné à marquer l'histoire du 7e art par ce qui sera probablement le pire film de sa carrière - ce qui est peu dire - à savoir "Le Führer en Folie". Le pire? Oui, le pire ! Indiscutablement, avec ce film Philippe Clair hurle à la face du monde qu'il n'est pas seulement un potache, mais aussi un anarchiste ! Un révolutionnaire qui méprise toutes les limites de la décence, qui tord le cou à toutes les manifestations du bon goût, qui piétine sauvagement toutes les normes de la pudeur, qui glaviotte violemment à la face des conventions sociales. Il est comme ça, Philippe Clair, la mesure, c'est pas son truc. Philou, c'est le boute-en-train qui chante "la digue du cul" aux enterrements pour mettre l'ambiance, c'est le gai luron qui gueule "Morts aux flics" devant un car de CRS "juste parce que c'est marrant", le joyeux comique qui met du fluide glacial dans le lit des jeunes mariés... bref, c'est exactement le prototype du copain d'enfance avec qui on a fait les 400 coups, toujours disponible pour une bringue à tout casser, mais qu'on refuse obstinément de présenter à sa copine, ses parents, son patron, son notaire et son curé, parce qu'au fond, il nous fout un peu la honte.
Des acteurs si drôles qu’ils se font rire eux-mêmes !
Parce que traiter du Troisième Reich sur un mode comique, c'est déjà complexe lorsqu'on est talentueux, mais quand on s'appelle Philippe Clair... ça devient carrément casse-gueule. Ici, Philippe Clair, toujours aussi à côté de la plaque, nous fait son "jour le plus long" à lui, remplace les plages de Normandie par un terrain de football, Jean Moulin, Pierre Messmer et Charles de Gaulle par Maurice Risch, Luis Rego et Patrick Topaloff et commande à ce dernier l'écriture et l'interprétation de la chanson de générique. Après avoir bien mangé et bien bu, s'être souvenu que tous les allemands sont musiciens et avoir retrouvé sa chemise grise, Topaloff put exhiber fièrement ce qui sera son "chant des partisans", l'inoubliable "Ballon! Ballon!" Rien qu'avec ça, le projet sentait déjà le Sidi-Brahim pas frais et n'aurait jamais pu (ou du?) dépasser le stade de la blague entre potes, mais ce serait négliger le scénario que Philippe Clair pondit pour justifier sa volonté de porter la Seconde Guerre Mondiale à l'écran.
Du suspense !
Des nazis terrifiants !
Un Hitler magistral !
Hitler, ulcéré par la victoire de la France au Mondial 1936, décide que la coupe du monde doit légitimement revenir à l'Allemagne et défie les nations européennes dans une grande compétition sportive dont l'enjeu ne sera rien de moins que la paix ou la guerre. Face à la menace teutonne, la France entraîne durement ses soldats à devenir des as du ballon rond à proximité de la Ligne Maginot, et ce malgré les raids incessants des bombardiers nazis qui pilonnent (de la belle façon...) les entraînements français. Le Colonel commandant les troupes se décide à envoyer trois de ses soldats en reconnaissance chez l'ennemi. Et, comme de bien entendu dans tout bon nanar militaire qui se respecte, ce sont évidemment les trois pires buses de la caserne que le Haut Commandement envoie. Et quelles buses! Rien de moins que Patrick Topaloff, Maurice Risch et Luis Rego, dotés d'une coupe de douilles typiquement "70's style", tout à fait crédible avec leurs rôles de pioupious français de 1940.
Dès lors, (nous n'en sommes qu'à quelques minutes de film) la machine à écrire de Philippe Clair tombe en panne. Interprétant ceci comme un signe du destin, ce dernier décide qu'il n'a plus besoin de scénario et que son film reposera désormais uniquement sur le talent d'improvisation de ses acteurs. De toutes façons, tout film contenant le suffixe "en folie" dans son titre ne peut être qu'une comédie de qualité, synonyme de succès au box-office et d'humour sain, pour tout a famille comme l'ont prouvé "La Brigade en Folie", "Les Bidasses en Folie" ou "Le Plumard en Folie"!
Et là, c'est de nouveau le drame !
Mou ha ha, Hitler a perdu son pantalon !
Décidément, au niveau de l’humour, ça gaze !
Car, même si l'on peut prêter une certaine jovialité plutôt à la plupart d'entre eux, les laisser agir à leur guise voire même les encourager en ce sens est incontestablement une tragique erreur!
S'ils restent constants dans un domaine, c'est leur incapacité totale à se lancer dans une scène comique sans en rajouter des tonnes et se livrer au jeu de "Qui c'est qui jouera le plus mal" (grosse difficulté pour départager). Que ce soit Henri Tisot en Hitler, lauréat du "Jeu en Plomb 1974", Alice Sapritch en Eva Braun, encore une fois uniquement exploitée pour sa capacité à simuler l'hystérie (rappelons que la "vraie" Eva Braun n'avait guère plus d'une trentaine d'années à la fin de la Guerre alors qu'Alice en a presque 60 lors du tournage), Venantino Venantini en loufiat rital, Pierre Doris en Colonel Français, Michel Galabru en arbitre suisse, ou encore Philippe Clair lui-même en "curé de Baden l'Oued" (un film de Philippe Clair sans pied noir cabotinant à l'extrême n'est pas un film de Philippe Clair!), il n'y en pas un pour rattraper l'autre.
Henri Tisot au top du maximum !
Gag ! Michel Galabru essaie de séduire Alice Sapritch ! Mou ha ha !
Hitler raconte une histoire pour faire dormir nos héros. (Mou ha ha ! Il est sympa, cet Adolf, en fait !)
Ach, mais vos chaussettes sont ridicules, mes chers franzouses !
Hé ho, t’as vu les tiennes ?
Autre marque du génie de Philippe Clair, c'est la constance dans le gag qui ne fonctionne pas. Enfin, pour être plus exact, "qui ne fonctionne pas au premier degré. AUCUNE des scènes comiques n'est drôle telle quelle. Toutes sont au choix: consternantes, pitoyables ou lamentables (rayer les mentions inutiles). Et pourtant, le visionnage du "Führer en Folie" n'en reste pas moins douloureux pour les côtes de bout en bout. Comment expliquer ce phénomène? Dans l'état actuel de la science et de la compréhension du fonctionnement du cerveau humain, il faut bien admettre que nous sommes encore dans le domaine de l'inexplicable. Nul doute que les scientifiques des siècles futurs qui se pencheront sur la question en sauront plus que nous, et en profiterons par ailleurs pour porter au pinacle le génie visionnaire de Philippe Clair, le Léonard de Vinci de Bab-El-Oued.
Reste qu'il y aura un "avant" et un "après" "Führer en Folie" dans l'histoire du cinéma. Aucune comédie ne pourra jamais égaler le niveau de folie furieuse atteint ici par cette oeuvre magistrale du Maître. 1974, une date, un cinéaste! Rien à ajouter.
« Et là, tu vois, Philippe m’a dit qu’on allait faire mieux que Charlie Chaplin… »
« Détends-toi, Henri, c’est pas grave ! »
LE FÜHRER EN FOLIE
Réalisation : Philippe Clair
Genre : Gags au stalag
Catégorie : Comique
Année : 1974
Durée : 1h30
Avec : Henri Tisot, Alice Sapritch, Luis Rego, Patrick Topaloff, Maurice Risch, Michel Galabru, Pierre Doris, Venantino Venantini
Nikita : 5
Zord : 5
Après son visionnage lors d’une mémorable soirée nanars, ce film ne pouvait manquer d’être mis à l'honneur en ces lieux. Pour ne pas avoir à départager les auteurs désireux de s’atteler à la tâche, il vous sera présenté une double chronique de ce monument de l’humour sain, de l’humour frais, de l’humour FRANÇAIS !
LE FÜHRER EN FOLIE, par Nikita
On a les madeleines de Proust qu’on peut. Ce film, vu jadis sur la 5 entre les brumes d’une nuit d’insomnie, m’avait laissé un souvenir si traumatisant que, lorsque le sieur Mr Klaus m’a annoncé qu’il avait mis la main dessus, mon sang n’a fait qu’un tour. Le chef-d’œuvre de Philippe Clair allait-il se révéler à la hauteur de mes souvenirs ? Dès le générique, accompagné d’une chanson inédite de Patrick Topaloff, l’évidence se fit jour : non seulement le film était digne de sa réputation, mais il était pire encore. Les mots manquent au chroniqueur nanar pour décrire la véritable apocalypse hilaro-bidonnante qui nous est infligée à chaque millimètre de pellicule par un Philippe Clair totalement déchaîné. Gargantuesque, titanesque, hénaurmissime, consternantabrantesque, on pourrait épuiser tous les adjectifs possibles pour qualifier ce film, ce serait en pure perte : il est tout bonnement «autre », digne de la conception Lovecraftienne de l’épouvante indicible et cyclopéenne.
L’histoire, donc…Il y en a une, bien que ce soit parfois difficile à concevoir durant la vision de l’œuvre. La première scène nous montre Georges de Caunes, recevant sur un plateau de télévision un ancien arbitre suisse, auteur du livre «Hitler footballeur », et qui désire nous démontrer le rôle du foot dans le déroulement de la seconde guerre mondiale. D’emblée, nous sommes dans le ton de la catastrophe qui va suivre, car l’auteur en question est joué par Michel Galabru qui, visiblement peu concerné, nous offre sur un plateau ce qui est sans doute la pire prestation de sa glorieuse carrière ! L’arbitre est en effet censé être suisse-allemand, or, s’il y a un accent que Galabru est bien incapable d’imiter, c’est l’accent germanique ! Apparemment consciente de cette difficulté, l’acteur trouve la parade en faisant absolument n’importe quoi. On franchit déjà un palier dans l’épouvante…
Warning ! Extreme Galabru inside !
Le douanier polonais : “Vous n’avez rien à déclarer?”
Hitler : ‘’Ja ! La guerre !’’
Retour ensuite à l’époque de la seconde guerre mondiale, durant laquelle se situe l’action. Un mot pour prévenir d’emblée le lecteur que la logique et la continuité historique ne jouent qu’un rôle très secondaire dans la conception PhilippeClairesque du récit : on ne sait pas quand se situe l’histoire ! Durant la drôle de guerre ? Après la Libération ? Toujours est-il que les armées françaises et allemandes sont en guerre. Hitler a défié les Alliés pour jouer le sort de la guerre…au cours d’un match de foot ! Les troupes françaises s’entraînent ferme, sous la direction du commandant Pierre Doris (à peu près aussi crédible en footballeur, ou même en ancien footballeur, que Raymond Poulidor en petit rat de l’Opéra). Agacé par la présence dans son équipe de trois footballeurs tire-au-flanc, joués par Patrick Topaloff, Luis Rego et Maurice Risch, Doris décide de les envoyer en mission derrière les lignes allemandes pour se débarrasser d’eux.
Pierre Doris en capitaine d’équipe de foot : on y croit !
Les z’héros qui vont sauver la France. (faut plus s’étonner de la défaite de 1940 !)
L’apparition de nos trois héros ne fait que renforcer la stupéfiante crédibilité du film : Rego, Risch et Topaloff portent magnifiques chevelures ondoyantes typiquement années 70, qui devaient certainement faire fureur dans l’armée française durant les années 40 !
On n’énumèrera pas ici les défauts de vraisemblance, qui risqueraient de faire ressembler cette chronique à un catalogue : concentrons-nous plutôt sur la fabuleuse poésie du film, qui en fait un véritable joyau nanar à réhabiliter d’urgence. L’Opus Magnum de Philippe Clair se caractérise en effet par une dose massive de l’ingrédient qui fait la différence : l’hystérie maximale ! Pas une scène qui ne jette le spectateur dans des convulsions d’incrédulité, tant le sens de la mesure est visiblement une notion totalement étrangère à l’auteur ! Cabotinage poussé aux limites de l’endurance humaine, gags usés jusqu’à la corde, jeux de mots indignes de l’Almanach Vermot, grivoiserie ahurissante, on est dans la quatrième dimension du nanar, à vous faire douter de ce que vous êtes en train de voir, tel un «Robo vampire » du cinéma comique ! A chaque gag, la stupéfaction gagne le spectateur : ils ne vont pas oser ? Hé si !
Ho hé, on cherche Hitler, vous ne l’auriez pas vu ?
SURPRISE !
Ha-haaaa, vous l’saviez pas, hein qu’Hitler se baladait dans son tank avec la première patrouille venue ?
Achtung ! Gross cabotinage en vue !
Le film ne serait évidemment rien sans ses acteurs, qui se lancent tous, premiers et seconds rôles, dans un véritable concours de cabotinage et de grimaces jamais vu depuis les films muets les plus grand-guignolesques. Luis Rego, Maurice Risch et Patrick Topaloff, dignes héros du film, sont au diapason de cette symphonie de l’outrance, et semblent vouloir pousser leurs muscles faciaux à la limite de leur résistance.
« J’ai bien mangé, j’ai bien bu, et maintenant je paie mes impôts ! »
Mais arrêtez-euuuuuh, de dire que je ressemble à Jacques Villeret !
Gag !
« Brigade spéciale, nous sommes les amazones ! »
Sieg-Aïe !
Luis Rego s’entraîne pour son rôle dans « Les Hommes préfèrent les grosses »
Mais le concours est gagné haut la main par Henri Tisot dans le rôle d’Hitler, qui nous offre une prestation tout simplement UNIQUE ! Devenu célèbre dans les années 60 grâce à ses imitations de la voix du Général de Gaulle, Tisot récidive dans la maltraitance de figures historiques, sa prestation pouvant être résumée en trois mots d’anglais : total free style !
Henri Tisot ne parle pas, il hurle, semblant incapable de dire «passe-moi le sel » sans pousser des glapissements avec un accent allemand qui semblerait exagéré dans «Papy fait de la résistance». Piqué par la mouche tsé-tsé du cabotinage abracadabrantesque, Henri Tisot fait ressembler Louis de Funès à un acteur bressonien en provocant de véritables secousses sismiques sur l’échelle du cabotinage !
FESTIVAL HENRI TISOT !!!!
Il trouve une compagne à la hauteur en la personne d’Alice Sapritch, qui interprète le rôle d’Eva Braun, alias «la Fuhrine » (sic !), comme si elle jouait «Ma Femme a la frite, une fois ! », la nouvelle pièce bidonnante de Marc Camoletti. Obsédée sexuelle, hystérique, se baladant à bord d’un tank rose bonbon, Eva Braun, vue par Alice Sapritch, est un personnage de vieille peau grimacière et hystérique digne de «La Pension des surdoués».
Alice, ça glisse !
Un dernier mot sur Venantino Ventantini, acteur italien vu notamment dans «Le Corniaud » et «La Cage aux folles », qui interprète le majordome d’Hitler, offert gracieusement par Mussolini : ce brave Venantino, vêtu d’un chatoyant uniforme rose bonbon, gesticulant à chaque réplique comme un chef d’orchestre parkinsonien, semble avoir été poussé par Philippe Clair à interpréter la pire caricature d’italien jamais vue à l’écran, au point que même Aldo Maccione aurait refusé d’en rajouter autant ! Cataclysmique !
Venantino Venantini : si mauvais qu'il n'est pas du tout crédible en italien.
On regrettera seulement la brièveté de l’apparition de Philippe Clair lui-même qui, signant son film de sa présence tel un Hitchcock du nanar, joue le rôle du curé de Baben-L’Oued, subtile mixture du folkore allemand et de la culture pied-noir (Baden-Baden…Bab el Oued…Mou ha ha ! Hem, bon…).
Ayayaye, ma parole, purée d’ma mère, qu’il est trop bien mon film, sur la Torah que je l’jure !
Ha-haaaa, nos héros ont capturé Hitler !
Mais la führine arrive à la rescousse sur son char d’assaut rose bonbon !
GAG !!!!!
Scoop : Hitler était trisexuel !
Les footballeurs SS à l’entraînement !
Et le scénario dans tout ça ? Il n’y en a pas vraiment, le film se résumant à une suite de scènes plus aberrantes les unes que les autres, le scénario semblant avoir été improvisé au rythme du tournage par un Philippe Clair ayant abusé du Sidi-Brahim : disons pour résumer qu’Hitler prend Luis Rego, Patrick Topaloff et Maurice Risch pour des footballeurs de haut niveau (!?) et les engage pour jouer dans son équipe contre la France.
La foule des stock-shots est en délire !
Les dix figurants du film aussi !
Nos trois héros vont évidemment tout faire pour faire perdre l’Allemagne au milieu d’un déluge de gags tous plus navrants et cartoonesques les uns que les autres. Michel Galabru, arbitre du match, réapparaît au passage pour nous confirmer 1) qu’il ne sait décidément pas imiter l’accent allemand 2) qu’il n’en a décidément rien à foutre de son rôle.
Fin du match ! L’Allemagne a perdu la guerre !
La foule des années 1940 est de nouveau en délire !
Ach ! Sabotage !!!
Hitler réfugié en Amérique du sud : mou ha ha!!!
Quant à la chanson de Patrick Topaloff, ce tube méconnu est à redécouvrir d’urgence ! "Je t'envoie le ballon, et tu reçois le ballon! Ballon, c'est rond ! La Terre, c'est rond ! L'argent, c'est rond ! C'est rond, c'est rond comme le ballon !!!"
Film cataclysmiquement nanar du début à la fin, plus navrant qu’une dizaine de films des Charlots collés bout à bout, le «Führer » de Philippe Clair constitue sans nul doute le point le plus extrême de la filmographie du psychopathe de la comédie franchouillarde. La plupart des grands humoristes juifs (Mel Brooks, Jerry Lewis) ont voulu un jour ou l’autre régler leurs comptes avec Hitler, Clair l’a fait aussi…mais avec son style inimitable ! Et dire que des associations d’anciens résistants ont protesté à l’époque contre le film…Y’en a qu’ont pas d’humour ! SUR LA VIE D’MA MERE, PHILIPPE CLAIR IS GOD !
- - - -
LE FÜHRER EN FOLIE, par Zord
La vie fait parfois des pied-de-nez incongrus. Adolf Hitler, qui disait péremptoirement de lui-même qu'il était l'un des plus talentueux peintres de son temps, n'a pas directement réussi à marquer l'histoire de l'art par ses petits crobards. Et pourtant, nul ne conteste que sa représentation sur une infinité de supports artistiques (films, livres, photographies, peintures, bande dessinées...) dépasse, et de très loin, celle de tous les membres du jury des Beaux Arts de Vienne qui refusèrent sa candidature en 1907. Ce qui, admettons le sans prendre trop de risques, fut probablement une des décisions administratives les plus anodines en apparence, et pourtant l'une des plus chargées de conséquences de toute l'histoire du monde. Paradoxalement, beaucoup d'artistes le choisirent comme sujet principal de leurs oeuvres, le plus souvent à charge évidemment.
Et parmi les artistes, touchés par leur Muse, qui se penchèrent sur le cas du petit brun moustachu, il y a... Philippe Clair.
Et là, c'est le drame.
Ha ha ha, sacré Adolf !
Car, si l'image traditionnelle d'une Muse est celle d'une jeune, svelte et accorte jouvencelle en robe grecque, celle de Philippe Clair doit plutôt ressembler à une bonne grosse Mama Méditerranéenne, régulièrement torchée au Boulaouane de mauvaise qualité, beuglant à tue-tête des chansons d'Enrico Macias, tout en resservant une quatrième plâtrée gargantuesque de couscous-boulette à son fils obèse au prétexte "que tu es tout maigre, mon fils! Ayayaye! Tu dépéris à vue d'oeil depuis que t'as quitté la maison! Ta femme, elle te nourrit pas?".
Et touché du doigt par ladite Muse, Philippe Clair se réveilla un jour, destiné à marquer l'histoire du 7e art par ce qui sera probablement le pire film de sa carrière - ce qui est peu dire - à savoir "Le Führer en Folie". Le pire? Oui, le pire ! Indiscutablement, avec ce film Philippe Clair hurle à la face du monde qu'il n'est pas seulement un potache, mais aussi un anarchiste ! Un révolutionnaire qui méprise toutes les limites de la décence, qui tord le cou à toutes les manifestations du bon goût, qui piétine sauvagement toutes les normes de la pudeur, qui glaviotte violemment à la face des conventions sociales. Il est comme ça, Philippe Clair, la mesure, c'est pas son truc. Philou, c'est le boute-en-train qui chante "la digue du cul" aux enterrements pour mettre l'ambiance, c'est le gai luron qui gueule "Morts aux flics" devant un car de CRS "juste parce que c'est marrant", le joyeux comique qui met du fluide glacial dans le lit des jeunes mariés... bref, c'est exactement le prototype du copain d'enfance avec qui on a fait les 400 coups, toujours disponible pour une bringue à tout casser, mais qu'on refuse obstinément de présenter à sa copine, ses parents, son patron, son notaire et son curé, parce qu'au fond, il nous fout un peu la honte.
Des acteurs si drôles qu’ils se font rire eux-mêmes !
Parce que traiter du Troisième Reich sur un mode comique, c'est déjà complexe lorsqu'on est talentueux, mais quand on s'appelle Philippe Clair... ça devient carrément casse-gueule. Ici, Philippe Clair, toujours aussi à côté de la plaque, nous fait son "jour le plus long" à lui, remplace les plages de Normandie par un terrain de football, Jean Moulin, Pierre Messmer et Charles de Gaulle par Maurice Risch, Luis Rego et Patrick Topaloff et commande à ce dernier l'écriture et l'interprétation de la chanson de générique. Après avoir bien mangé et bien bu, s'être souvenu que tous les allemands sont musiciens et avoir retrouvé sa chemise grise, Topaloff put exhiber fièrement ce qui sera son "chant des partisans", l'inoubliable "Ballon! Ballon!" Rien qu'avec ça, le projet sentait déjà le Sidi-Brahim pas frais et n'aurait jamais pu (ou du?) dépasser le stade de la blague entre potes, mais ce serait négliger le scénario que Philippe Clair pondit pour justifier sa volonté de porter la Seconde Guerre Mondiale à l'écran.
Du suspense !
Des nazis terrifiants !
Un Hitler magistral !
Hitler, ulcéré par la victoire de la France au Mondial 1936, décide que la coupe du monde doit légitimement revenir à l'Allemagne et défie les nations européennes dans une grande compétition sportive dont l'enjeu ne sera rien de moins que la paix ou la guerre. Face à la menace teutonne, la France entraîne durement ses soldats à devenir des as du ballon rond à proximité de la Ligne Maginot, et ce malgré les raids incessants des bombardiers nazis qui pilonnent (de la belle façon...) les entraînements français. Le Colonel commandant les troupes se décide à envoyer trois de ses soldats en reconnaissance chez l'ennemi. Et, comme de bien entendu dans tout bon nanar militaire qui se respecte, ce sont évidemment les trois pires buses de la caserne que le Haut Commandement envoie. Et quelles buses! Rien de moins que Patrick Topaloff, Maurice Risch et Luis Rego, dotés d'une coupe de douilles typiquement "70's style", tout à fait crédible avec leurs rôles de pioupious français de 1940.
Dès lors, (nous n'en sommes qu'à quelques minutes de film) la machine à écrire de Philippe Clair tombe en panne. Interprétant ceci comme un signe du destin, ce dernier décide qu'il n'a plus besoin de scénario et que son film reposera désormais uniquement sur le talent d'improvisation de ses acteurs. De toutes façons, tout film contenant le suffixe "en folie" dans son titre ne peut être qu'une comédie de qualité, synonyme de succès au box-office et d'humour sain, pour tout a famille comme l'ont prouvé "La Brigade en Folie", "Les Bidasses en Folie" ou "Le Plumard en Folie"!
Et là, c'est de nouveau le drame !
Mou ha ha, Hitler a perdu son pantalon !
Décidément, au niveau de l’humour, ça gaze !
Car, même si l'on peut prêter une certaine jovialité plutôt à la plupart d'entre eux, les laisser agir à leur guise voire même les encourager en ce sens est incontestablement une tragique erreur!
S'ils restent constants dans un domaine, c'est leur incapacité totale à se lancer dans une scène comique sans en rajouter des tonnes et se livrer au jeu de "Qui c'est qui jouera le plus mal" (grosse difficulté pour départager). Que ce soit Henri Tisot en Hitler, lauréat du "Jeu en Plomb 1974", Alice Sapritch en Eva Braun, encore une fois uniquement exploitée pour sa capacité à simuler l'hystérie (rappelons que la "vraie" Eva Braun n'avait guère plus d'une trentaine d'années à la fin de la Guerre alors qu'Alice en a presque 60 lors du tournage), Venantino Venantini en loufiat rital, Pierre Doris en Colonel Français, Michel Galabru en arbitre suisse, ou encore Philippe Clair lui-même en "curé de Baden l'Oued" (un film de Philippe Clair sans pied noir cabotinant à l'extrême n'est pas un film de Philippe Clair!), il n'y en pas un pour rattraper l'autre.
Henri Tisot au top du maximum !
Gag ! Michel Galabru essaie de séduire Alice Sapritch ! Mou ha ha !
Hitler raconte une histoire pour faire dormir nos héros. (Mou ha ha ! Il est sympa, cet Adolf, en fait !)
Ach, mais vos chaussettes sont ridicules, mes chers franzouses !
Hé ho, t’as vu les tiennes ?
Autre marque du génie de Philippe Clair, c'est la constance dans le gag qui ne fonctionne pas. Enfin, pour être plus exact, "qui ne fonctionne pas au premier degré. AUCUNE des scènes comiques n'est drôle telle quelle. Toutes sont au choix: consternantes, pitoyables ou lamentables (rayer les mentions inutiles). Et pourtant, le visionnage du "Führer en Folie" n'en reste pas moins douloureux pour les côtes de bout en bout. Comment expliquer ce phénomène? Dans l'état actuel de la science et de la compréhension du fonctionnement du cerveau humain, il faut bien admettre que nous sommes encore dans le domaine de l'inexplicable. Nul doute que les scientifiques des siècles futurs qui se pencheront sur la question en sauront plus que nous, et en profiterons par ailleurs pour porter au pinacle le génie visionnaire de Philippe Clair, le Léonard de Vinci de Bab-El-Oued.
Reste qu'il y aura un "avant" et un "après" "Führer en Folie" dans l'histoire du cinéma. Aucune comédie ne pourra jamais égaler le niveau de folie furieuse atteint ici par cette oeuvre magistrale du Maître. 1974, une date, un cinéaste! Rien à ajouter.
« Et là, tu vois, Philippe m’a dit qu’on allait faire mieux que Charlie Chaplin… »
« Détends-toi, Henri, c’est pas grave ! »
LE FÜHRER EN FOLIE
Réalisation : Philippe Clair
Genre : Gags au stalag
Catégorie : Comique
Année : 1974
Durée : 1h30
Avec : Henri Tisot, Alice Sapritch, Luis Rego, Patrick Topaloff, Maurice Risch, Michel Galabru, Pierre Doris, Venantino Venantini
Nikita : 5
Zord : 5
Modifié en dernier par peter wonkley le 31.05.2006 - 21:59, modifié 1 fois.
- peter wonkley
- ROCCO
- Messages : 20542
- Enregistré le : 21.12.2002 - 21:13
- Localisation : ajaccio
- The DeathScythe
- Hollywood Master
- Messages : 8428
- Enregistré le : 14.10.2002 - 21:46
- Localisation : Palais Doré des Burritos Volants
- Contact :
- peter wonkley
- ROCCO
- Messages : 20542
- Enregistré le : 21.12.2002 - 21:13
- Localisation : ajaccio
- peter wonkley
- ROCCO
- Messages : 20542
- Enregistré le : 21.12.2002 - 21:13
- Localisation : ajaccio
- peter wonkley
- ROCCO
- Messages : 20542
- Enregistré le : 21.12.2002 - 21:13
- Localisation : ajaccio
critique d'époque de charlie hebdo :
Le Führer en folie,
film de Philippe Clair
« Le Führer en folie » ! Avec Henri Tisot et Alice Sapritch ! On se dit qu’on a vraiment atteint le fond. On va voir ça avec une espèce de sadisme. Viens, chérie, allons voir une connerie. Allons sur les Champs pour nous marrer au second degré. « Le Führer en folie », apparemment, ne relève même pas de la critique, même la plus attentive à ne pas louper le moindre produit de l'industrie cinématographique puisque, après tout, elle est payée pour ça. Le film de ringards dans toute sa splendeur. Tisot et Sapritch, les deux plus nullisssimes vedettes « comiques » de notre cher et vieux pays. On va donc voir « Le Führer en folie » pour le mettre à mort.
Surprise ! Divine surprise ! « Le Führer en folie » n'est pas le navet supposé. « Le Führer en folie » vient juste à son heure. « Le Führer en folie », en ces temps de réhabilitation, de compréhension des SS et des gestapistes, en ces temps où les victimes des nazis sont présentées comme les complices de leurs bourreaux, « Le Führer en folie » c'est exactement le film qu'il fallait faire. Tisot, le minable Tisot, lui donner le rôle d'Hitler, c'est exactement ce qui convenait à Hitler. Transformer Eva Braun en Alice Sapritch, c'est exactement ce qu'Eva Braun méritait. On est loin du beau SS de « Portier de nuit » regardant danser sa belle prisonnière aux seins nus. Quel plaisir, dans « Le Führer en folie », de voir ce qu'étaient exactement les SS, vous savez, ces fins mélomanes, ces artistes, qui s'offraient des matinées musicales pour se récréer. Dans « Le Führer en folie », ces pantins grotesques et sanglants chialent comme des veaux en écoutant du Rossini, jusqu'au moment où trois loustics parigots lâchent de la poudre à éternuer. Ah, putain, quel plaisir ça fait ! La néo-propagande pour les corps d'extermination d'élite le prend en plein dans son citron pourri. Il est bien moins con, bien plus drôle que l'affiche ne le laisse présager, le film de Philippe Clair. D'abord, rareté, ça cause presque pas. Presque tous les gags sont visuels. Il en est de fameux : Eva Braun sur le champ de bataille dans son char d'assaut rose bonbon. Eva Braun et Hitler réfugiés en Amérique du Sud. C'est elle qui porte la culotte. Il est devenu Eva Braun, elle est devenue Hitler. Il y a des images baroques, dans ce film, qui valent leur pesant de savon à la graisse humaine. On sort de ce film, on n'a pas mal à la rate, mais on a bien rigolé.
A moins qu'on ne soit allergique au comique non-fin, ce qui n'est pas défendu. A moins qu'on ne préfère, au portrait-charge du fanatisme et de la volonté de puissance, les délicieux frissons du penchement sur les états d'âme de fumiers comme, certes, il y en a toujours eu beaucoup et partout, mais jamais des pires.
Le Führer en folie,
film de Philippe Clair
« Le Führer en folie » ! Avec Henri Tisot et Alice Sapritch ! On se dit qu’on a vraiment atteint le fond. On va voir ça avec une espèce de sadisme. Viens, chérie, allons voir une connerie. Allons sur les Champs pour nous marrer au second degré. « Le Führer en folie », apparemment, ne relève même pas de la critique, même la plus attentive à ne pas louper le moindre produit de l'industrie cinématographique puisque, après tout, elle est payée pour ça. Le film de ringards dans toute sa splendeur. Tisot et Sapritch, les deux plus nullisssimes vedettes « comiques » de notre cher et vieux pays. On va donc voir « Le Führer en folie » pour le mettre à mort.
Surprise ! Divine surprise ! « Le Führer en folie » n'est pas le navet supposé. « Le Führer en folie » vient juste à son heure. « Le Führer en folie », en ces temps de réhabilitation, de compréhension des SS et des gestapistes, en ces temps où les victimes des nazis sont présentées comme les complices de leurs bourreaux, « Le Führer en folie » c'est exactement le film qu'il fallait faire. Tisot, le minable Tisot, lui donner le rôle d'Hitler, c'est exactement ce qui convenait à Hitler. Transformer Eva Braun en Alice Sapritch, c'est exactement ce qu'Eva Braun méritait. On est loin du beau SS de « Portier de nuit » regardant danser sa belle prisonnière aux seins nus. Quel plaisir, dans « Le Führer en folie », de voir ce qu'étaient exactement les SS, vous savez, ces fins mélomanes, ces artistes, qui s'offraient des matinées musicales pour se récréer. Dans « Le Führer en folie », ces pantins grotesques et sanglants chialent comme des veaux en écoutant du Rossini, jusqu'au moment où trois loustics parigots lâchent de la poudre à éternuer. Ah, putain, quel plaisir ça fait ! La néo-propagande pour les corps d'extermination d'élite le prend en plein dans son citron pourri. Il est bien moins con, bien plus drôle que l'affiche ne le laisse présager, le film de Philippe Clair. D'abord, rareté, ça cause presque pas. Presque tous les gags sont visuels. Il en est de fameux : Eva Braun sur le champ de bataille dans son char d'assaut rose bonbon. Eva Braun et Hitler réfugiés en Amérique du Sud. C'est elle qui porte la culotte. Il est devenu Eva Braun, elle est devenue Hitler. Il y a des images baroques, dans ce film, qui valent leur pesant de savon à la graisse humaine. On sort de ce film, on n'a pas mal à la rate, mais on a bien rigolé.
A moins qu'on ne soit allergique au comique non-fin, ce qui n'est pas défendu. A moins qu'on ne préfère, au portrait-charge du fanatisme et de la volonté de puissance, les délicieux frissons du penchement sur les états d'âme de fumiers comme, certes, il y en a toujours eu beaucoup et partout, mais jamais des pires.