Blockbuster : la fin d'un modèle ?

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Blockbuster : la fin d'un modèle ?

Message par dino VELVET »

Cow-boys, fantômes et Schtroumpfs, l'été des flops

LE MONDE | 10.08.2013 | Par Thomas Sotinel

Le 6 août, à l'occasion de la communication de ses résultats trimestriels, Disney a annoncé que la société prévoyait une perte de "160 à 190 millions de dollars" à la suite de l'échec commercial de Lone Ranger, naissance d'un héros. Le western avec Johnny Depp, produit et réalisé par l'équipe de Pirates des Caraïbes, n'a rapporté pour l'instant que 186 millions de dollars (139,2 millions d'euros), alors que sa production en a coûté 215 millions.

L'échec de Lone Ranger est le dernier en date d'une série qui a conduit les observateurs de l'une des industries les plus scrutées au monde – le cinéma commercial américain – à se demander si le mode de production apparu à la fin des années 1970, avec les succès estivaux des Dents de la mer ou de La Guerre des étoiles, n'était pas en voie d'obsolescence.

Presque tous les studios sont concernés : Sony, le plus touché, a d'abord vu échouer After Earth, malgré la présence de Will Smith au générique, avant d'assister à la mort clinique de White House Down et de constater que Les Schtroumpfs 2 rapportait moitié moins que son prédécesseur ; la Warner doit se contenter des résultats médiocres de Pacific Rim sur le marché nord-américain, alors que le film de Guillermo del Toro était précédé d'une agitation intense sur les réseaux sociaux ; Universal a dû s'accommoder de 30 millions de dollars de recettes pour R.I.P.D., brigade fantôme, alors que le film avait coûté 180 millions de dollars.

200 MILLIONS DE DOLLARS POUR PRODUIRE UN BLOCKBUSTER

Les coûts de production ne cessent en effet de gonfler. En 2009, les 237 millions de dollars de budget d'Avatar semblaient exorbitants. Cet été, c'est une somme voisine – aux alentours de 200 millions de dollars – qu'ont dépensée les studios pour produire chacun de leurs blockbusters (le mot, qui désigne aujourd'hui un film à grand spectacle et fort potentiel commercial, est apparu pendant la seconde guerre mondiale pour évoquer les bombes capables de détruire tout un pâté de maisons).

Aux coûts de production, il faut ajouter ceux de la promotion du film, qui sont à peu près équivalents. Pour amener une superproduction dans toutes les salles de la planète, il faut compter environ 400 millions de dollars. La répartition des recettes entre exploitants, distributeurs et producteurs implique qu'il faut accumuler au moins 800 millions de dollars dans les caisses des cinémas pour qu'un studio rentre dans ses frais.

En 2013, cette inflation des coûts a coïncidé avec l'inflation du nombre de films à grand spectacle. Jusqu'ici, les studios préféraient éviter les affrontements autour des dates de sorties jugées les plus intéressantes. Cette année, Man of Steel (nouvel avatar de Superman), World War Z (dans lequel Brad Pitt combat des zombies) et White House Down sont sortis entre le 14 et le 28 juin.

Cette concurrence exacerbée devait faire des victimes. Dès le 17 mai, dans le New York Times, le chroniqueur économique James B. Stewart écrivait : "Les studios semblent se diriger vers le bord de la falaise des blockbusters." Le 12 juin, s'exprimant à l'Université de Californie du Sud, Steven Spielberg s'alarmait des conséquences de l'échec simultané de plusieurs films : "Il va y avoir une implosion ; trois, quatre, voire une demi-douzaine de films à mégabudget vont se ramasser, et ça va changer le paradigme", prédisait le réalisateur d'Indiana Jones.

La première partie de la prédiction s'est réalisée. Mais il n'est pas sûr que le paradigme ait été changé. Certes, les résultats de Disney seront légèrement affectés par l'échec de Lone Ranger. Mais, en 2012, la firme aux grandes oreilles rondes a dû absorber 200 millions de dollars de pertes consécutives à l'échec de John Carter, ce qui ne l'a pas empêchée de réaliser une excellente année, grâce au succès d'Avengers, le film de superhéros qui a rapporté 1,5 milliard de dollars dans les salles du monde entier. Le prochain épisode des aventures de cette confédération d'adultes en pyjama une-pièce est attendu pour 2015, tout comme un autre film de la série Pirates des Caraïbes. Les investisseurs en sont bien conscients, qui n'ont pas fait chuter le cours de Disney.

LES "SEQUELS" SORTENT DE LA MÊLÉE

Il est loin le temps où l'échec d'une grosse production pouvait mettre en péril l'existence d'un studio, comme ce fut le cas pour United Artists, qui disparut après la catastrophe de La Porte du paradis, de Michael Cimino, en 1980. Aujourd'hui, Sony peut encaisser les échecs d'After Earth et de White House Down sans trop de difficultés. Bien sûr, le dirigeant de fonds spéculatifs Daniel Loeb, qui détient 57 % des actions de la multinationale japonaise, a récemment demandé à ce que le conglomérat se défasse de sa branche entertainment (cinéma, musique et télévision). Mais cette proposition a été rejetée par la direction de Sony, confortée par l'intervention publique de George Clooney qui, sur le site deadline.com, a sévèrement condamné le spéculateur en lui reprochant "de vouloir collectionner des scalps chez Sony parce que deux films de suite ont été des fours".

Contrairement à ce qu'annonçait Steven Spielberg, le paradigme de la production de films à grand spectacle n'a pas été bouleversé par cette accumulation d'échecs. Ce qui ne veut pas pour autant dire que cette dernière restera sans conséquences. On peut penser que les studios reviendront à une gestion plus prudente du calendrier des sorties. Et surtout qu'ils tireront plus de leçons des succès de cet été 2013 que des échecs.

Dans l'ensemble, les films qui se sont le mieux sortis de la mêlée sont des sequels – de nouveaux épisodes d'une série en cours (Star Trek into Darkness, Monstres Academy, Wolverine : le combat de l'immortel) – ou des reboots – la remise à zéro des compteurs pour un personnage déjà connu (Superman dans Man of Steel).

Importé de la grande distribution, il est un terme qui obsède les dirigeants de Hollywood : "franchise". Soit la détention d'une marque commerciale capable d'attirer le chaland. En ressuscitant un cow-boy masqué dont les derniers exploits remontaient à Eisenhower, Disney a tenté de créer une nouvelle franchise. Si le coup avait réussi, on aurait sans doute fini par voir le Lone Ranger chevaucher en Extrême-Orient. Ce ne sera pas le cas, mais la firme de Burbank peut se consoler en consultant son magnifique catalogue de personnages et de titres déjà connus : on y trouve pêle-mêle Mickey, Buzz l'éclair, Hulk ou Han Solo, grâce aux rachats successifs de Pixar, Marvel Comics et Lucasfilm.

En rejetant des projets originaux, le public américain a donc offert une prime au conservatisme, se promettant des étés peuplés de héros familiers. Mais si elle reste prépondérante, la voix du peuple du pop-corn n'est plus la seule qu'écoutent les dirigeants de studios. A cet égard, le sort de Pacific Rim retient l'attention. Cette énorme production met en scène la lutte d'une poignée d'humains (dont deux Chinois et une Japonaise) contre des monstres qui ont choisi le port de Hongkong pour livrer le combat décisif contre l'humanité.

Aux Etats-Unis, le film n'a pas encore passé la barre des 100 millions de dollars de recettes, alors qu'il en a coûté bien plus du double. Mais en Chine son démarrage a été fulgurant, avec 45,28 millions de dollars pour son premier week-end d'exploitation (le film sort le 9 août au Japon). Alors que l'éventualité d'une suite semblait écartée, ce succès asiatique a relancé les spéculations sur l'avenir des jaegers (les robots) et des kaiju (les monstres) de Guillermo del Toro. A Hollywood comme dans le port de Hongkong, le cataclysme annoncé a été écarté.

Thomas Sotinel

http://www.lemonde.fr/culture/article/2 ... _3246.html
:idea:
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Re: Blockbuster : la fin d'un modèle ?

Message par Nono-Binks »

J'ajouterais que d'un autre côté ils cherchent les coups, qui aurait voulu un schtroumpf 2 ? :mrgreen:

Pour le reste si ils réduisaient un peu les coups exorbitants ils s'en sortiraient aussi peut être mieux...
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peter wonkley
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Re: Blockbuster : la fin d'un modèle ?

Message par peter wonkley »

http://www.ecranlarge.com/article-details-26571.php


"Comment interpréter que dans la population disparate de Pacific Rim (du japonais au russe en passant par le black) il n'y ait aucun visage arabe ? Comment interpréter les destructions systématiques de tout ce qui ressemble de près ou de loin à un immeuble sans penser aux attentats new-yorkais d'il y a une douzaine d'années ? "
faut vraiment qu'ils arretent la drogue.....
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Re: Blockbuster : la fin d'un modèle ?

Message par Nono-Binks »

Putain l'article est vraiment très très chiant à lire...

Maintenant y'a quelque remarque fondée mais 80% est :mrgreen:
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dino VELVET
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Re: Blockbuster : la fin d'un modèle ?

Message par dino VELVET »

Rhooo, la vilaine branlette :o
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Re: Blockbuster : la fin d'un modèle ?

Message par Pp79 »

J'aime bien le passage où il a découvert les trois axes de développement narratif d'un film. Sacrée théorie.
Encore un pseudo art-ocrate en recherche de reconnaissance.

A mon avis au-delà de toute considération artistique :
-Les gens consomment différemment : problème de temps, de budget etc.
-Les gens sont blasés ?
-Une nouvelle génération élevée à la télé poubelle arrive et ne sait pas ce qu'est le cinéma ?

Et dans la considération artistique :
-Pas de renouvellement ?
-Trop de remake ?
-Trop de franchise ?

Perso, gamin, y a des trucs que j'ai toujours voulu voir (visuellement parlant et claquant). En bon fan d'animation et de SF, principalement des gros vaisseaux, des gros robots.
Cette année, j'ai eu mon quota et je n'ai pas encore été voir Elysium. :mrgreen:
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