Un film très fort,mis en scène avec grâce,élégance,et une grande pertinence .
Comment a't on pu reprocher à Eastwood son classicisme ,alors qu'à plus de 70 ans,il vivifie le genre,l'enrichit,le transfigure,en l'humanisant, un peu comme jadis avec
Impitoyable,western crépusculaire,bourré d'amertume et d'actes manqués;
Mystic River plonge ses racines dans une société malade de sa violence,un univers dominé par la foi extrème,temperé par un sectarisme,extrème,un égoisme certain,la haine,l'indifference ,l'attraction extrème de la norme ,etc,et éclabousse les figures mythiques du cinéma ricain,et de l'amérique par extension:son fier flic intègre, son truand,juste patriarche,la digne mère au foyer ...
Trame classique certes au départ,on craint un temps le larmoyant,le politiquement inattaquable mais pas toujours très intelligent,passionnant (ouh le méchant pédophile,ouh les pauv gamins,et hop on va se taper un autre
Sleepers),on s'exaspère d'une musique pontifiante,on en vient même à trouver les première(dernières) larmes plus crispantes qu'émouvantes,et puis tout se floue,les repères ,moraux,narratifs perdent en évidence,l'enquête (de toute façon pas le point le plus réussi du film mais qu'importe) passe au second plan,on cherche les héros,on les retrouve pas,plus...et tout la grandeur du film est là .
Sous les couverts du policier,c'est un drame humain que Eastwood signe,dessine,et le moins qu'on puisse dire dire c'est que c'est follement attirant,intriguant .
C'est plus la quête du coupable qui intéresse le cinéaste mais la quête de l'innocence et un final à tomber par terre (la scène irrespirable,bouche-béesque de la parade) n'a pas des accents de happy end,loin s'en faut.
Plus qu'un triomphe du classicisme,bien plus que ça,c'est le triomphe de la maturité,la faculté de s'éloigner des contingences de la mode ,du genre ,de ce que veut le spectateur conditionné au schémas traditionnels.
Du lourd donc ,et un casting en or massif pour porter l'ensemble .
Les femmes d'abord,particulièrement importantes dans le récit,corrompues,perdues à souhait ;et puis les hommes et quels acteurs,Bacon ambigu comme il sait toujours l'être ,Robbins étrange,fragile,composition tout en toucher auquel une vf neuneu rend sans doute peu hommage,un Fishburn classe et implacable,et Sean Penn:
ok il verse trop facilement dans la grimaçe façon Nicholson débridé,ok,ok ,il aspire l'écran ok,ok sa vf de catcheur ne radoucit pas le trait,mais putain qu'est ce qu'il en impose
Tourné vers une fenêtre,une croix tatoué sur le dos,avançant dans la nuit portant un long manteau de cuir,en quelques plans étudiés Eastwood,fait de Penn une sorte de demi-dieu,un monstre absolu de charisme et de séduction près à tout écraser,tout broyer,lois,famille,patrie etc ....
Nan c'est grand .
Un film remarquable .