copier coller de l'ami mongoloid ferox de nanarland :
Tais-toi quand tu parles
France, 1981
Genre : Humour gras-double
Catégorie : Comique
Réalisation : Philippe Clair
Avec : Aldo Maccione, Edwige Fenech, Philippe Clair, Jacques François, Tarak Harbi, Philippe Nicaud
Philippe Clair est un cas particulier : réalisateur de quelques-unes des pires comédies françaises jamais vues sur grand écran, il a cependant un style bien à lui. On peut en effet lui attribuer l’invention – involontaire - de la comédie nanarde à vertus hypnotiques. Essayez de regarder d’un bout à l’autre un Philippe Clair bonne cuvée. «Le Führer en folie », «Par où t’es rentré, on t’a pas vu sortir », ou bien «Comment se faire réformer », par exemple. Observez les symptômes. Au bout d’un quart d’heure, vous êtes groggy par tant de stupidité, vous bavez sur votre plastron. Au bout d’une demi-heure, vous entrez dans une autre dimension, où tous les critères esthétiques sont dénués de sens. Vous commencez à avoir des hallucinations auditives et visuelles. Trois quart d’heures de Philippe Clair, et vous avez perdu trente points de QI : vous vous abonnez au mensuel «Les Secrets de la vie parisienne». Une heure et demie de Philippe Clair, et vous ne bougez plus. Mort cérébrale.
L’univers de Philippe Clair est bien particulier : nourri de références méditerranéennes (et plus précisément du folklore juif pied-noir), il brasse les clichés les plus moisis et la beauferie la plus bornée. Joyeux et décomplexé, il est parsemé de gags du niveau pétomane, amant dans le placard, travestis sortis de la cage aux folles, filles à poil, quand ce n’est pas tout à la fois : un travesti pétomane enfermé dans le placard avec l’amant d’une fille à poil.
«Tais-toi quand tu parles» représente quelque chose comme le dessus du panier (ou plutôt de la poubelle !) de la production de Philippe Clair. Tout d’abord, il a un début, un milieu et une fin, soit quelque chose qui ressemble à un scénario. Ensuite, il fait montre d’une certaine invention dans les gags, c’est-à-dire qu’il est souvent drôle sur le papier, à défaut de l’être à l’écran. Enfin, il a pour intérêt historique d’être la première collaboration de Philippe Clair avec en vedette celui qui est considéré comme son acteur fétiche : Aldo Maccione ! A dire vrai, les deux hommes avaient déjà collaboré dix ans plus tôt dans «La Grande Maffia ». Mais avec «Tais-toi quand tu parles» s’ouvrait la grande tétralogie des années 80, qui allait inaugurer la période de Maccione en vedette comique, la poursuivre avec «Plus beau que moi tu meurs », l’entraîner vers le déclin avec «Si tu vas à Rio…tu meurs », et enfin l’enterrer avec «L’Aventure extraordinaire d’un papa peu ordinaire». Acteur comique de complément en Italie, Aldo Maccione était peu à peu devenu une vedette en France. Partenaire de Pierre Richard, présent jusque-là dans des films d'assez bonne qualité, il allait devenir dans les années 80 le symbole du comique ringard français. Ce film est précisément celui qui inaugura son règne infernal...
L’histoire est une espèce de variation sur le thème de «Walter Mitty », le rêveur éveillé. Aldo joue le rôle de Giacomo, un chômeur professionnel couvé par une mère abusive, qui imagine, pour s’évader de sa vie médiocre, qu’il est James Bond. Une grande part de son temps se passe dans ses songes, où il incarne 007, fait tomber toutes les femmes à ses pieds, et courtise une créature de rêve jouée par Edwige Fenech.
Or, notre héros ignore qu’il était justement le sosie d’un grand agent secret français, James, qui vient d’être tué en mission en Tunisie. Persuadé qu’il est réellement leur agent qui se serait fait passer pour mort afin de disparaître, les services secrets mettent la main sur Giacomo et l’envoient terminer la mission de James. Mais, source de gags inépuisables, Giacomo est persuadé qu’il est toujours en train de rêver ! Les agents : «Tu dois terminer ta mission ! » Giacomo : «Ma, quelle mission, Goldfinger ? Attention, pas Moonraker, parce que celle-là, j’aime pas du tout !». Une bonne partie des gags vont donc découler du fait que le héros croit rêver, alors que ce qu’il vit est bien réel. Un exemple : Aldo se casse la gueule, et s’écrie « Oh là là, je commence à en avoir marre, de ce rêve !». Bon, c’est limité, mais ça pourrait encore aller; cependant le réalisateur, qui a trouvé une idée vaguement poétique, ne s’arrête pas en si bon chemin, et apporte au film ce qui fait le «Philippe Clair’s touch» : une vulgarité totalement abominable, qui ferait presque passer Max Pécas pour un esthète ! Par exemple, Aldo Maccione, dans ses rêves, tatoue les femmes comme du bétail en leur tamponnant la fesse aux initiales de James Bond. Voir le fier Aldo, sa bedaine comprimée dans un smoking de 007, appuyer son tampon sur le postérieur d’une rangée de filles en maillot de bain qui gémissent de plaisir d’être ainsi marquées est un spectacle tout bonnement à couper le souffle d’émotion. Des siècles de fantasmes masculins synthétisés et illustrés en quelques minutes de film, merci Philippe Clair !
Philippe Clair sait filmer les femmes.
Mais Maître Clair est un homme dont le non-talent recouvre de multiples facettes : non content d’être un réalisateur lamentable, il est aussi l’un des pires acteurs comiques que l’on puisse voir sur un écran, et comme on n’est jamais si bien desservi que par soi-même, il ne manque jamais de le prouver en s’accordant des rôles dans ses films ! Le grand homme joue ici le rôle d’un arabe, contact des services secrets français en Tunisie, et à chacune de ses apparitions à l’écran, c’est le véritable bonheur dans toutes les ANPE-spectacle ! C’est bien simple, à côté de Philippe Clair, le dernier des acteurs ringards se met à se prendre pour un comédien de génie ! On devrait le prescrire comme antidépresseur aux intermittents recalculés…
Un film de Philippe Clair ne serait cependant pas ce qu’il est sans des ingrédients dont le dosage fait toujours le succès de la recette :
De la fesse, tout d’abord, le quota charme étant assuré par Edwige Fenech, dans l’un de ses rares films français : Aldo Maccione va en effet rencontrer lors de sa mission tunisienne l’héroïne de ses rêves, en chair et en os, d’où galipettes et entrechats. On notera que Miss Fenech a fait preuve de goût dans sa filmo : abonnée aux comédies ringardes en Italie, elle réussit l’exploit, lors de son escapade dans le cinéma français, de trouver encore pire !
Aldo et Edwige, un couple qui a la classe!
Des bonnes blagues bien grasses sur une catégorie déterminée de la population : ici, ce sont les homosexuels qui prennent, puisque l’agent James, dont Aldo Maccione est le sosie, était un inverti notoire, d’où une cascade de quiproquos hilaro-poilants fins comme du gros lard.
Evidemment, les méchants qui ont tué le vrai James vont se mettre à la poursuite du faux, mais Aldo va tous les feinter sans même faire exprès. Vous vous en doutiez, hein ?
Bref, vous l’aurez compris, «Tais-toi quand tu parles ! » est un film à voir de toute urgence. Chargé des clichés nazes du cinéma comique français comme le Christ était chargé des péchés du monde, ce chef-d’œuvre de Philippe Clair incarne en quelque sorte la décadence de notre cinéma populaire. Absence totale de direction d’acteurs, scénario tenant sur une seule idée drôle de loin mais loin d’être drôle, mise en scène atroce, dialogues archi-vulgos…Tout pour faire un navet, alors ? Oui, mais il y a Aldo Maccione, totalement délirant, qui fait rire par le n’importe quoi assumé de son jeu ; il y a un côté bon enfant, pas sérieux, qui empêche de détester le film ; il y a Edwige Fenech et ses rondeurs ; et puis il y a enfin une absence de prétention qui fait ressembler le film à une sorte de vacance au soleil de la nanardise, où l’on aurait finalement pris du bon temps en mettant son cerveau sur «off» (mais alors, totalement sur off, parce que c'est extrême!). Mystère du nanar…
Finalement, Philippe Clair est un peu comme les blagueurs de fin de banquet : il est gras, lourd, mais sans lui, une fête ne serait pas vraiment complète !
Mongoloïd Ferox
Note : 2
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TAIS TOI QUAND TU PARLES
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