Outch !
Une œuvre qui se ressent, qui se vit mais qui s’analyse peu (ou difficilement). On va quand même essayer …
Sensoriel, sensuel, sexuel.
Métaphysique, fascinant, hypnotique.
Un maelstrom d’images et de sensations.
Après un générique électrisant qui permet de vérifier si l’on a des tendances à l’épilepsie (arf), on embarque pour 2H35 de vue subjective. PUTAIN 2H35 EN VUE SUBJECTIVE !!!
Jusqu’au-boutiste
Du coup, on est toujours dans la peau (et dans l’âme) du personnage principal (Oscar, que je trouve hyper attachant). On voit à travers lui, de son vivant (pure vue subjective) puis, une fois mort, on alterne entre réminiscences de toute sa vie (là, la caméra est toujours derrière sa tête … c’est bizarre mais ça le fait bien finalement) et vagabondage éthéré (on plane dans des pièces ou dans le ciel de Tokyo, on traverse la matière).
C’est marrant car le tout début d’
Irréversible (l’ouverture du film, lorsque la caméra voltige, virevolte) préfigurait déjà vachement ces plans de « déambulation astrale » (je ne sais trop comment appeler ça).
Des tonnes d’idées de mise en scène : les différentes vues subjectives, l’utilisation cinématographique de l’effet maquette / miniaturisation (connu en photographie), les plans psychédéliques du trip sous DMT, les images d’enfance tour à tour atroces (accident des parents, séparation des enfants) et sublimes (les moments de complicité entre le frère et la sœur … des passages d’une douceur ultime qui comptent parmi les plus beaux du métrage
).
Et puis il y a quand même un plan de fou qui mérite d’être mentionné pour bien cerner le degré de bargitude inventive et jubilatoire de la chose. On est à l’intérieur d’un vagin, en plein coït, on voit un gland se rapprocher, éjaculation puis on part dans le flot de sperme, on passe au niveau microscopique, suivant les spermatozoïdes jusqu’à l’arrivée à l’ovule et la fécondation de celui-ci. Y’a que Gaspar pour faire ça !
Un trip (d’ailleurs, c’est intéressant de voir qu’il y a une génération de « cinéastes du trip » en France : Jan Kounen, Gaspar Noe, Fabrice Du Welz, Marc Caro).
Si l’on part du postulat que chaque œuvre cinématographique est peu ou prou une expérience de vie par procuration, je trouve que Noe pousse ici le truc très loin, transcende son médium
A voir