A l’occasion de son cinquième anniversaire de mariage, Nick Dunne signale la disparition de sa femme, Amy. Sous la pression de la police et l’affolement des médias, l’image du couple modèle commence à s’effriter. Très vite, les mensonges de Nick et son étrange comportement amènent tout le monde à se poser la même question : a-t-il tué sa femme ?
Attention SPOILERS !!!
Sans aller jusqu’à crier au chef-d’œuvre, j’ai bien aimé
Un objet curieux mais passionnant.
Une œuvre hybride qui mêle thriller vénéneux, comédie (très) noire, giallo revisité et relecture du mythe de la femme fatale.
Un côté polymorphe qui induit de radicales ruptures de ton.
C’est désarçonnant mais ça fait tout le charme du film
Un titre qui tourne beaucoup autour de la notion de jeu.
Jeu de société : Nick ramène un Mastermind au bar en disant ne jamais trop avoir apprécié ce jeu (dont le nom, en anglais, désigne aussi un individu génial), Margo et Nick jouent à Destins (pour changer de vie ?), on aperçoit le jeu Dominion dans l’abri à bois, etc.
Jeu de piste : les indices disséminés par Amy pour les cinq ans de mariage.
Jeu vidéo : Nick glandouillant en jouant à la console.
Jeu de rôle : prenant exemple sur l’œuvre de ses parents, Amy s’invente une espèce de « vie uchronique » via un journal intime mi-figue mi-raisin. Au fil du métrage, elle se fait passer pour morte, pour une femme battue et désargentée, pour une victime de viol et de séquestration.
Jeu avec le spectateur : comme les personnages du film, on s’échine à décrypter les faits.
J’ai aussi tendance à considérer que le film dans son entier est, pour Fincher (jadis réalisateur de The game, tiens tiens ...), un exercice ludique, un projet récréatif
En tout cas, à partir d’un scénario malin (rhaaa, ce changement de point de vue !) et racé (vision ultra-pessimiste du couple et du mariage), David Fincher explore à nouveau son thème de prédilection : la manipulation (une forme de « jeu » pervers ?).
Visuellement, c’est filmé avec une classe folle (cette scène de meurtre les amis ! ).
Fincher, c’est vraiment un metteur en scène qui signe des œuvres ultra-léchées mais jamais « froides » (entendez émotionnellement pauvres) pour autant. C’est pas Nolan quoi ...
Pour finir, mention spéciale à Monsieur Ben Affleck ... bon dans un rôle pas facile.
Ici, on peut presque parler d’une prestation « méta ».
Des moments d’autodérision : le « sourire à la Affleck » devant l’affiche de la disparue, la scène où Nick Dunne est coaché pour ne pas en faire trop devant la caméra, ...
Et puis l’on passe du type dépassé par les évènements, manipulé, presque un peu benêt à un homme qui sait finalement se montrer actif et malin (voir, notamment, comment il réussit haut la main l’interview cruciale).
Il n’est donc pas interdit, loin s’en faut, d’y voir un parallèle avec la carrière de Ben Affleck et son image dans l’opinion publique (d’ailleurs, Gone girl est aussi une œuvre sur la notion d’image médiatique).
A mes yeux, la symbolique est là. Le rôle est important, lourd de sens.
Un bon film, pour plein de raisons