Max Mosley veut que les Français ne puissent pas accéder au site de "News of the World"
Max Mosley veut interdire l'accès depuis la France au site Internet du tabloïd "The News of the World": le juge des référés a examiné vendredi matin à Paris la requête du président de la FIA qui souhaite empêcher que les internautes français puissent accéder à une vidéo le montrant avec des prostituées.
La décision sera rendue le 29 avril.
Le tabloïd britannique a mis en ligne fin mars une vidéo qui contient des images du patron de la FIA prenant part à des activités sexuelles en compagnie de cinq prostituées en costume nazi.
Cette vidéo a déclenché un scandale autour de Max Mosley, pressé depuis par certains de démissionner de son poste à la Fédération internationale automobile. Une assemblée générale extraordinaire de l'organisation doit se réunir le 3 juin à Paris pour décider de son maintien éventuel.
Le fils du fondateur du parti fasciste britannique Oswald Mosley a admis fréquenter des prostituées mais nié le caractère nazi de ces rencontres. Il a porté plainte contre le journal.
Considérant que la diffusion de la vidéo constitue une violation de son droit à la vie privée, l'avocat de Max Mosley, Me Philippe Ouakrat, a demandé au juge des référés, Joël Boyer, de rendre impossible tout accès depuis la France au site.
"Cette affaire est passée du domaine de l'atteinte à la vie privée à un dossier dans lequel on essaie de détruire professionnellement la carrière de Max Mosley", avait déclaré Me Ouakrat avant l'audience. "Les photos de quelqu'un en acte sexuel ne relèvent pas d'un impératif d'information générale".
L'avocat a par ailleurs dénoncé l'envoi d'une lettre des avocats de l'hebdomadaire aux instances dirigeantes de la Fédération internationale de l'automobile, lettre dans laquelle est proposé le visionnage de la bande intégrale, d'une durée de deux heures.
De son côté, le conseil de la société éditrice du tabloïd, Me Jean-Frédéric Gaultier, a rappelé que la Haute cour britannique s'était déjà prononcée sur cette question le 9 avril, considérant qu'une suppression de la vidéo serait "futile" car elle avait déjà été multi-diffusée.
Il a souligné qu'une procédure au fond était en outre en cours en Grande-Bretagne, avec une décision attendue en juillet. "On vous représente exactement la même demande", a-t-il lancé, tout en affirmant que son client était prêt à accéder aux demandes du patron de la FIA en bloquant l'accès au site depuis la France.
Jean-Frédéric Gaultier a en outre précisé que cette vidéo ne constituait "pas une affaire de moeurs", Max Mosley étant présenté dans un contexte "carcéral, concentrationnaire". De fait, il a insisté sur la "légitimité" d'en informer le public.
"Je trouve totalement scandaleux qu'on prétende se réfugier derrière la lutte antinazie", a répliqué Me Ouakrat. "Il n'y a rien de nazi dans les éléments concernés". "Le caractère nazi de la scène ne m'apparaît pas une évidence", a renchéri le juge des référés, Joël Boyer. "Je trouve que ce n'est pas manifeste".
Alors que Me Ouakrat faisait remarquer que la vidéo avait certainement été revendue au tabloïd par les prostituées, le magistrat a enfoncé le clou: "c'est ça la contribution à l'information du public, c'est que M. Mosley est un abruti"...