
Je suis toujours un peu réticent à chroniquer les œuvres de Carpenter dans la mesure où ma modeste plume me semble incapable d’évoquer correctement la qualité du travail du Maître.Pour retrouver un auteur de best-sellers d'épouvante brusquement disparu, John Trent, détéctive, va pénétrer dans l'univers romanesque et épouvantable de l'écrivain.
Mais bon, comme nous sommes entre amis, je me lance

A mes yeux, L’antre de la folie est l’un des grands films d’horreur des années quatre-vingt-dix.
Peut être même LE grand film d’horreur des nineties (quoique Candyman lui tient la dragée haute).
Voilà un tire que j’ai visionné un nombre incalculable de fois et que je me suis encore revu le week-end dernier pour un plaisir ... intact.
Sa découverte en haute définition (après l’avoir possédé en VHS et DVD, je l’ai racheté en BRD) a été une expérience jubilatoire.
J’ai beau connaître le métrage presque plan par plan, l’expérience reste, à chaque fois, extrêmement grisante.
Le script (Michael de Luca) est tout bonnement excellent

Il serait réducteur de n’y voir qu’un hommage à H.P. Lovecraft (même si L’antre de la folie est le film le plus lovecraftien de l’histoire du cinéma) et à Stephen King.
Ça transcende largement cet aspect (qui n’en est pas moins plaisant).
Pour moi, on tient là un film d’horreur « méta » qui réfléchit avec brio sur le genre dans lequel il s’inscrit.
Une œuvre ultra riche proposant de multiples niveaux de lecture et brassant un max de sujets (la folie, la réalité, la fiction, etc.) dont certains sont chers à Carpenter.
Je pense particulièrement au côté suspect de l’imagerie catholique, à l’apocalypse et à l’enfermement.
D’ailleurs, In the mouth of madness est un film clos fonctionnant intégralement par répétitions, par allers-retours, par boucles (la fuite impossible de Hobb’s end, les images ressassées maintes fois, le montage « best of » du final, etc., etc.).
Une œuvre en forme de spirale.
Un labyrinthe filmique dont on ne peut s’échapper (mention spéciale au final, mise en abîme étourdissante et couillue).
Au-delà de ce scénario fabuleux, il y a la patte de Big John

Une réalisation formidable (rien que sa façon de filmer les couloirs est absolument remarquable !) en parfaite symbiose avec la bande-originale (Big John too).
Avec une économie de moyens remarquable (rappelons, au passage, que le film n’a coûté que 8 petits millions de dollars), Carpenter nous balance une pure sensation de fin du monde (succédant à The thing et Prince des ténèbres, L’antre de la folie clôt la trilogie de l’apocalypse).
Hallucinant


Un film truffé d’idées barrées (Julie Carmen désarticulée, le « My favourite color is blue », ...) et qui distille une profonde sensation de malaise.
Ajoutons aussi que le casting est impeccable : le duo Sam Neill / Julie Carmen fonctionne du tonnerre et les seconds couteaux (David Warner, Charlton Heston, Jürgen Prochnow) sont excellents.
Et puis KNB a fait des merveilles en termes d’effets spéciaux (en dur !).
Chef d’œuvre ? Fuck yeah
