Adaptation réussie
On peut d’abord saluer la qualité du script, un scénario fidèle à l’esprit et à l’histoire du matériau original.
Un travail d’adaptation qui esquive bien des écueils : l’origine de cette « apocalypse » n’est jamais expliquée, le rythme reste lent (ce qui colle bien au côté laborieux du périple sur la route), aucune péripétie n’est rajoutée, le pathos n’est jamais lourdement souligné (imaginez un peu le traitement hollywoodien auquel on a échappé !).
J’avais peur que les flashbacks fassent un peu pièces rapportées (dans le bouquin, c’est plus des réminiscences mentales) mais finalement non. Au contraire, leur côté coloré, chaud, rend encore plus terrible la morne situation post-apocalyptique.
La voix of de Viggo, utilisée avec parcimonie, passe aussi très bien.
Même constat au niveau visuel : une sobriété bienvenue qui renforce l’aspect intimiste de l’histoire.
Si l’on sent moins l’omniprésence de la cendre (le seul micro reproche que je ferai au film), la photographie grisâtre est une pure merveille et les décors (qui ont peu recours aux CGI, ça mérite d’être souligné) sont superbes.
Carré, le filmage dégage un joli côté old school.
Les pointes de tension sont super bien gérées (mentions spéciales à la rencontre avec le convoi de brigands dans leur camion et à la maison des cannibales

).
Bref, on est vite pris dans ce voyage sans fin (reprendre encore et toujours la route … mais pourquoi ?) ponctué de rencontres marquantes qui permettent à des acteurs de livrer de courtes mais très bonnes prestations : Garret Dillahunt en brigand anthropophage teigneux (flippant !

), Robert Duvall en étrange vieillard philosophe, Mickael K. Williams (le Omar Little de
The wire !) en voleur désespéré, Guy Pearce et Molly Parker en bienfaiteurs ambigus (la fin laisse vraiment planer un doute terrible).
Tout du long, une grosse sensation d’acceptation face à la situation de fin du monde, à la mort qui peut survenir à tout moment.
A l’arrivée, j’ai préféré l’histoire version film car on redécouvre l’intrigue dans une version épurée, débarrassée de toutes les agaçantes affèteries stylistiques de Cormac McCarthy (phrases à rallonge notamment)
