
Laissez-moi vous conter une trajectoire ô combien cahoteuse ...
D’abord stagnante, peu reluisante.
Puis furieusement ascendante et ... éblouissante.
Un parcours hors norme, singulier dans un paysage Hollywoodien pourtant coutumier des hauts et des bas

Ben Affleck, ce fut d’abord l’endive agaçante, le jeune bellâtre irritant.
L’acteur fade, sans panache.
Le tiède.
Une enfilade de prestations sans saveur dans des titres peu glorieux (Armageddon, Pearl Harbor and Co.).
Et pourtant, dans cet océan de médiocrité luisaient déjà quelques signes encourageants.
Ses rôles d’acteur-pote chez Kevin Smith. Son apport indéniable à l’édifice Will Hunting.
Mais bon, sorti de là, c’était quand même un peu la honte.
Pas folichon

Et puis, progressivement, contre toute attente, Ben Affleck a changé. En bien

En ce qui me concerne, le déclic s’est opéré lors du premier visionnage de Smoking Aces (Mi$e à prix).
Un rôle très bref mais ... bon !
Une petite révélation.
Fugace, cette impression positive m’est restée et s’est plus que confirmée par la suite.
Gone baby gone, The town, Jersey Girl (que j’ai découvert tardivement), The company men (dans lequel le père Affleck joue joliment avec sa propre image), Argo, A la merveille (ou l’art d’exister à l’écran sans presque prononcer un mot).
Je suis tenté d’ajouter Gone girl mais, ne l’ayant vu, je réserve mon jugement (même si le film augure du meilleur).
Désormais, l’évidence est là : Ben Affleck est bon

Talentueux devant et derrière la caméra.
On pourrait comparer la carrière d’Affleck à celle de Tom Cruise, Brad Pitt ou Leonardo DiCaprio.
Pour caricaturer à mort : des minets énervants qui, en prenant de la bouteille, ont révélé une densité inattendue, une épaisseur impensable à leurs débuts.
Le parallèle resterait cependant inapproprié.
La trajectoire de Ben Affleck a quelque chose de plus fulgurant.
Affleck, lui, (re)vient de nettement plus loin.
Les trois compères cités plus haut ne se traînaient pas un Daredevil. Lui si.
Les trois compères précités ne sont pas passés à la réalisation avec brio. Lui si.
En seulement quelques petites années, on est donc passé d’un acteur risible à un type qui en impose.
Un créateur reconnu (oscar du meilleur film pour Argo).
Un nom qui sonne dorénavant comme un gage de qualité, n’en déplaise à ceux qui ont crié scandale en l’imaginant revêtir le costume de Batman (ils s’en mordront très probablement les doigts).
A quarante-deux balais, Benjamin Geza Affleck est devenu un acteur qui compte, un réalisateur qui compte, un scénariste qui compte.
Bref, un artiste qui compte

Putain, Ben Affleck !



